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Stratégie de prévention: Québec veut réduire de 10 % les décès liés aux inégalités

«Il faut agir à la source, il en va de la pérennité de notre réseau de la santé.»

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Le ministre Christian Dubé présente la stratégie québécoise de prévention en santé Le ministre Christian Dubé présente la stratégie québécoise de prévention en santé

Le ministère de la Santé se donne pour objectif de réduire de 10 % d'ici 2035 les mortalités prématurées liées aux inégalités économiques et de diminuer de 10 % «le fardeau des maladies évitables». 

Le ministre en a fait l'annonce jeudi matin alors qu'il lançait la toute nouvelle stratégie nationale de prévention en santé, qui vise à réduire le fardeau des soins de santé en agissant en amont.

«Il faut vraiment agir à la source, il en va de la pérennité de notre réseau de la santé», a déclaré le ministre de la Santé, Christian Dubé, en point de presse à Montréal. Il a parlé d'un «ministère 2.0» en soulignant qu'il s'agit d'«un véritable virage» pour le ministère de passer des soins curatifs à cet accent sur les soins préventifs. 

Le gouvernement a identifié cinq mesures qui seront mises en branle en 2025-2026 avec un financement de 15 millions $ pour la première année. L'une des mesures phares est le dépistage des maladies chroniques, notamment le dépistage pour le VPH, le diabète de type 2 et le risque cardiovasculaire. 

Le tiers du financement sera dédié au volet «activité physique». Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) souhaite favoriser l'offre et l'accessibilité de l'activité physique en soutenant les acteurs du milieu, tels que les fédérations sportives et le milieu communautaire. 

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La ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, a précisé en point de presse que le rôle du gouvernement est de réduire le plus possible les obstacles à la pratique d'activité physique. «Il faudra toujours agir sur le curatif, mais agir en amont, en prévention, c'est super important. Et ça passe bien entendu par de saines habitudes de vie, ça passe par l'activité physique, l'accès à ces activités pour toutes les clientèles: les jeunes, les moins jeunes, ceux qui ont des besoins particuliers, et pour toutes les classes socioéconomiques», a-t-elle déclaré. 

Québec va aussi réserver une partie importante de l'enveloppe (4 millions $) pour soutenir des initiatives de lutte au tabagisme. Les autres mesures sont axées sur la participation citoyenne et la recherche et l'innovation. 

M. Dubé était accompagné de plusieurs ministres qui ont parlé du lien entre leur ministère et la stratégie nationale de prévention. À ses côtés se trouvaient le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, et la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger. Le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, était aussi présent.

«Même avec une hausse continuelle des investissements dans le secteur de la santé et des services sociaux, la demande, elle croît plus vite en raison du vieillissement de la population, la présence de maladies chroniques, la présence des inégalités. Autrement dit, investir en prévention, c'est aussi préserver le système de santé et de services sociaux», a fait valoir le Dr Boileau. 

Les centres de dépistage de la COVID-19 transformés 

De nombreuses organisations qui militaient depuis longtemps en faveur de plus d'investissement dans la prévention se sont réjouies de l'annonce de la nouvelle stratégie nationale. D'ailleurs, le printemps dernier, le gouvernement a fait un appel à la contribution des organismes, experts et citoyens afin qu'ils aident à identifier les actions de prévention qui pourraient améliorer la santé et le bien-être de la population.

La Coalition québécoise pour la réduction de la maladie (ASPQ) a soulevé dans un communiqué que les orientations très attendues qui ont été présentées envoient un message clair. «Miser sur la prévention, c’est investir dans notre avenir, a souligné dans une déclaration écrite Thomas Bastien, directeur général de l'ASPQ. Ce sont les Québécois, notre système public de soins et nos finances publiques qui bénéficieront directement de cette stratégie rassembleuse.» Il s'attend toutefois à voir une mise en œuvre rigoureuse. 

C'est Santé Québec qui sera responsable de l'application des mesures, le ministère s'occupant davantage de définir les orientations. Les deux se sont quand même consultés avant la publication de la stratégie nationale. M. Dubé a donné l'exemple de la cinquantaine de centres de dépistage et de vaccination, qui ont été érigés pendant la pandémie et qui seront transformés en centre de prévention. «C'est une des suggestions de Santé Québec [...] qui va l'administrer et l'opérer», a-t-il précisé. 

Dans les cliniques préventives, les gens pourront se faire dépister pour certaines maladies et des facteurs de risque, les professionnels de la santé pourront aussi prescrire au besoin des médicaments préventifs et des campagnes de vaccination pourraient aussi y prendre place. 

Cœur + AVC, qui a d'ailleurs partagé ses recommandations au gouvernement, est particulièrement heureux de voir que Québec va mettre en place des projets pilotes pour dépister le risque cardiovasculaire. «Au pays, neuf personnes sur dix présentent au moins un facteur de risque relié aux maladies du cœur ou à l'AVC. Dépister ces risques pourrait aider à réduire considérablement le risque cardiovasculaire chez les Québécoises et les Québécois, d'autant plus que les maladies du cœur et l'AVC sont parmi les principales causes de décès», a mentionné par voie de communiqué Michelle Brisebois, vice-présidente principale, Québec, à Cœur + AVC. 

Mme Brisebois se désole cependant que certaines mesures aient été oubliées, notamment une taxe sur les boissons sucrées. «Taxer les produits malsains a maintes fois démontré son efficacité tant dans le cadre d'études scientifiques, que par son application dans plusieurs régions. Les sommes générées par la taxe pourraient également être réinvesties», expose-t-elle. 

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste