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Allemagne: après une défaite inédite au premier tour, Merz finalement élu chancelier

M. Merz a obtenu 325 voix au second tour.

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08dcb6c79a3d6513cf9b6e0e16a8c497c4504e0bbfc9213532ce798a31362596.jpg Friedrich Merz est pris de stupeur alors qu'il n'a pas été élu chancelier lors du premier tour au Bundestag, à Berlin, le mardi 6 mai 2025. THE ASSOCIATED PRESS/Markus Schreiber (THE ASSOCIATED PRESS/Markus Schreiber)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré mardi qu'il souhaitait un leadership européen et transatlantique accru de la part de l'Allemagne, après la victoire de Friedrich Merz au poste de 10e chancelier du pays.

M. Merz a perdu le premier tour de scrutin mardi matin, une défaite historique, mais a finalement prévalu quelques heures plus tard au second tour.

L'Allemagne est le deuxième plus grand fournisseur d'aide militaire à l'Ukraine, après les États-Unis.

Friedrich Merz a réussi mardi à devenir le prochain chancelier allemand lors d'un second vote au Parlement, quelques heures après sa défaite historique au premier tour.

Le dirigeant conservateur était pressenti pour remporter haut la main le scrutin et devenir le 10e chancelier allemand depuis la Seconde Guerre mondiale. Aucun autre candidat à la chancellerie d'après-guerre n'a échoué au premier tour.

M. Merz a obtenu 325 voix au second tour.

Il lui fallait une majorité de 316 voix sur 630, mais n'en a obtenu que 310 au premier tour, soit bien moins que les 328 sièges détenus par sa coalition.

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Le scrutin étant secret, il était difficile de savoir immédiatement – et on ne le saura peut-être jamais – qui avait fait défection dans le camp de M. Merz.

La coalition du chancelier nouvellement élu est dirigée par son parti de centre-droit, l'Union chrétienne-démocrate (UCD), et son parti frère bavarois, l'Union chrétienne-sociale (UCS). Ils sont rejoints par les sociaux-démocrates de centre-gauche, menés par le chancelier sortant Olaf Scholz, qui a perdu les élections nationales de février.

À l'annonce du second tour, le chef du bloc de l'Union au Parlement, Jens Spahn, a déclaré: «L'Europe entière, et peut-être même le monde entier, suit ce second tour des élections.»

L'Allemagne, État le plus peuplé des 27 membres de l'Union européenne, possède la plus grande économie du continent et constitue un poids lourd diplomatique. Les dossiers du nouveau chancelier incluraient la guerre en Ukraine et la politique commerciale conflictuelle de l'administration Trump, en plus de questions intérieures, comme la montée en puissance d'un parti d'extrême droite anti-immigration.

Si Merz avait de nouveau perdu

Si Friedrich Merz n'avait pas remporté les élections au second tour, la chambre basse du Parlement – le Bundestag – aurait eu 14 jours pour élire un candidat disposant de la majorité absolue. M. Merz aurait pu se présenter à plusieurs reprises, mais d'autres législateurs auraient également pu se présenter. Il n'y a pas de limite au nombre de votes pouvant être organisés pendant cette période de deux semaines.

Si M. Merz ou tout autre candidat n'avait pas réussi à obtenir la majorité dans ces 14 jours, la Constitution autorise le président à nommer chancelier le candidat ayant recueilli le plus de voix, ou à dissoudre le Bundestag et à organiser de nouvelles élections nationales.

Le biographe de Friedrich Merz, Volker Resing, a expliqué que, si le chef de l'UCD gagnait au second tour, tout rentrerait dans l'ordre et les gens pourraient bientôt oublier le contretemps du premier tour.

Alice Weidel, co-dirigeante du parti d'extrême droite anti-immigration Alternative pour l'Allemagne (AfD) et candidate à la chancellerie lors des élections de février, a écrit que l'échec de M. Merz au premier tour montrait «la faiblesse des fondations de sa petite coalition, qui a été rejetée par le peuple». Elle a appelé à de nouvelles élections.

L'AfD est le principal parti d'opposition au sein du nouveau Parlement allemand, après sa deuxième place aux élections de février. Malgré ses avancées historiques, elle a été exclue des négociations de coalition en raison du «pare-feu» que les principaux partis politiques allemands maintiennent contre toute coopération avec les partis d'extrême droite depuis la fin de la guerre.

L'Allemagne et l'administration Trump

L'ombre de la guerre en Ukraine a plané sur le vote de mardi. L'Allemagne est le deuxième fournisseur d'aide militaire à l'Ukraine, après les États-Unis.

Globalement, l'Allemagne est le quatrième pays au monde à dépenser le plus en matière de défense, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, qui étudie les tendances des dépenses militaires mondiales. Seuls les États-Unis, la Chine et la Russie sont devant.

L'Allemagne a atteint ce rang grâce à un investissement de 100 milliards d'euros (156,3 milliards $ CAN) dans ses forces armées, une mesure votée par les législateurs en 2022.

Les dépenses de défense ont encore augmenté en début d'année, lorsque le Parlement a assoupli les règles strictes en matière d'endettement. Cette décision a été suivie de près par le reste de l'Europe, l'administration Trump ayant menacé de retirer son soutien à la sécurité sur le continent.

L'administration américaine a critiqué l'Allemagne à plusieurs reprises depuis l'investiture du président Donald Trump en janvier. Donald Trump, dont la famille américaine est d'origine allemande, a souvent exprimé son aversion pour l'ancienne chancelière Angela Merkel lors de son premier mandat.

Cette fois, ce sont les lieutenants du président qui sont au premier plan: le milliardaire de la tech et allié de M. Trump, Elon Musk, soutient l'AfD depuis des mois. Il a animé une discussion avec Alice Weidel, diffusée en direct sur X plus tôt cette année, afin de renforcer le message de son parti.

Le vice-président J.D. Vance, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février, a dénoncé le «pare-feu» et a ensuite rencontré Mme Weidel, une démarche vivement critiquée par les autorités allemandes.

La semaine dernière, les services de renseignement intérieurs allemands ont déclaré avoir classé l'AfD comme organisation «d'extrême droite», la soumettant ainsi à une surveillance accrue et plus large.

La décision de l'Office fédéral de la protection de la Constitution a suscité une vive réaction de la part du secrétaire d'État américain Marco Rubio et de M. Vance ce week-end. Le ministère allemand des Affaires étrangères a riposté contre M. Rubio après qu'il a appelé le pays à abandonner cette classification.

Friedrich Merz n'a pas commenté publiquement la décision des services de renseignement.

En collaboration avec Fanny Brodersen et David McHugh.

Stefanie Dazio

Stefanie Dazio

Journaliste

Kirsten Grieshaber

Kirsten Grieshaber

Journaliste