Économie

Plus d’entreprises déclarent leurs émissions, mais les réductions réelles tardent

«Le Canada doit démontrer que ces enjeux nous tiennent à cœur et qu’ils pourraient être une source d’avantage concurrentiel.»

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fc23a57cb5de8950a4080915dd553a78adbb75216af3fa6f23f7af052530e580.jpg Un rapport souligne les progrès inégaux en matière de divulgation des émissions de carbone au Canada. Une installation d’exploitation des sables bitumineux se reflète dans un bassin de résidus près de Fort McMurray, en Alberta, le 10 juillet 2012. (Jeff McIntosh / La Presse Canadienne)

Un nouveau rapport montre que les entreprises canadiennes améliorent lentement leur communication de l’information sur les émissions de carbone et d’autres données clés sur les changements climatiques, mais que les progrès demeurent inégaux et que les réductions d’émissions nécessaires ne se concrétisent pas.

L’étude de l’Institut pour la finance durable de l’école de commerce Smith de l’Université Queen’s révèle que 79 % des entreprises de l’indice composé S&P/TSX ont déclaré les émissions de leurs propres activités en 2023, contre 72 % en 2021.

Cependant, l’analyse des données selon la capitalisation boursière décèle une baisse de 91 % à 88 % sur la même période, car plusieurs producteurs d’énergie ont supprimé la divulgation de leurs données sur le développement durable après l’adoption par le gouvernement fédéral de règles anti-écoblanchiment l’an dernier.

La divulgation des émissions moins directes, comme celles provenant de la combustion d’essence dans une voiture plutôt que de sa production, en est encore à un stade beaucoup plus précoce, un peu moins de la moitié des entreprises cotées à la Bourse de Toronto déclarant au moins partiellement les données dites de portée 3.

Yrjo Koskinen, directeur de la recherche à l’institut, affirme que l’étude montre des évolutions légèrement positives, mais que la divulgation obligatoire, du moins pour les grandes entreprises, permettrait d’obtenir des données plus cohérentes et comparables.

Il ajoute qu’il est important d’accroître la divulgation des émissions afin que les investisseurs puissent évaluer correctement les risques climatiques auxquels sont confrontées les entreprises et mieux concurrencer les capitaux internationaux.

«Si nous voulons gagner des parts de marché en Asie ou en Europe, nous devons prendre cette question de la durabilité très au sérieux», soutient M. Koskinen.

«Sinon, nous serons facilement mis dans le même panier que les Américains. Le Canada doit démontrer que ces enjeux nous tiennent à cœur et qu’ils pourraient être une source d’avantage concurrentiel.»

En avril, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont interrompu leurs travaux sur la divulgation obligatoire des données climatiques, invoquant des changements aux États-Unis, où le gouvernement a mis fin en mars à ses efforts pour mettre en œuvre des politiques de divulgation.

Les données disponibles montrent que certains secteurs canadiens progressent en matière d’émissions, tandis que d’autres non.

Entre 2019 et 2023, le secteur des services publics a enregistré une baisse de 40 % de ses émissions, tandis que le secteur de l’énergie a connu une augmentation de près de 10 %, selon le rapport.

En matière d’intensité, en mesurant les émissions de carbone par million de dollars de revenus, les secteurs de l’énergie et de l’industrie ont dépeint une dégradation, tandis que ceux des matériaux et, en particulier, des services publics, ont progressé.

Dans l’ensemble, cependant, il y a un manque évident de réduction totale des émissions, constate M. Koskinen.

«Il est bon de savoir combien de carbone les entreprises émettent, mais à terme, la raison est que nous pouvons commencer à mieux gérer ces problèmes», conclut-il.

«Les progrès sont terriblement lents au Canada.»

Ian Bickis

Ian Bickis

Journaliste