Environnement

Équiterre veut une rencontre d'urgence avec le ministre Bernard Drainville

Équiterre tend la main au nouveau ministre de l'Environnement.

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99fd103ea4a56aa84b9df0b623b7df8695f1f0f6a8ed9739e15fd23597c42798.jpg Bernard Drainville est assermenté comme ministre de l'Environnement, le mercredi 10 septembre 2025 à Québec. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

Équiterre tend la main au nouveau ministre de l'Environnement, Bernard Drainville, et demande une rencontre d'urgence.

L'organisme écologiste s'inquiète de l'affaiblissement des règles environnementales demandé par le premier ministre François Legault lors de son remaniement.

«On demande au ministre de préciser ses intentions réelles, on veut que les paroles en l'air cessent», a déclaré le directeur des relations gouvernementales d'Équiterre, Marc-André Viau, dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

«On veut l'aider à mieux comprendre les enjeux environnementaux dans toute leur complexité. On a entendu le premier ministre dire des généralités et c'est le temps de faire le point sur la situation réelle, pas en fonction de la perception du premier ministre», a-t-il poursuivi. 

Dans la lettre transmise au cabinet du ministre, Équiterre appelle à la discussion ainsi qu'à la prudence quant aux résultats escomptés d'un affaiblissement de la législation et de la réglementation environnementale. 

«Revoir les règles c'est une chose, mais contourner les règles, c'est autre chose», s'inquiète M. Viau. 

Équiterre fait remarquer que le Québec est déjà sous un régime d'exception qui allège la réglementation environnementale, depuis l'adoption de la loi sur l'accélération des projets durant la pandémie.

«On ne peut pas déplorer le ralentissement de certains projets quand de l'autre côté, on contourne déjà des règles. (...) Ça ressemble à une stratégie de diversion afin de trouver un coupable pour l'impopularité du gouvernement.»

La Presse Canadienne a demandé à l’équipe du ministre si elle avait reçu la demande d'Équiterre et s’il allait accepter ou non l’offre, mais n’avait toujours pas obtenu de réponse mercredi après-midi.

Délais «interminables»

Au cours de son allocution, M. Legault avait aussi dénoncé les délais d'autorisation qu'il jugeait «interminables».

Le directeur des relations gouvernementales d'Équiterre est d'accord pour raccourcir les délais, «possiblement», mais encore faut-il qu'il y ait suffisamment de professionnels et de techniciens pour procéder aux évaluations nécessaires dans les temps impartis.

«S'il y a un problème d'exécution, la réglementation n'est pas nécessairement le problème. Il faut s'attaquer aux bonnes sources du problème.» 

Dans la lettre, la directrice générale d'Équiterre, Colleen Thorpe, rappelle que le projet avorté d'usine de batteries Northvolt, en Montérégie, a pu bénéficier d'un contournement réglementaire en évitant un BAPE, mais qu'il n'a pas été gage de succès pour autant. 

«Les règles existent pour une raison, encadrer une activité», a argué M. Viau en recourant à une métaphore. 

«Si on réduit la vitesse sur les chantiers, ce n'est pas parce qu'on veut embêter les automobilistes, c'est parce que c'est dangereux pour les travailleurs.»

Mme Thorpe souligne que le premier ministre s'était pourtant engagé lui-même à viser plus haut en environnement.

En effet, en 2019, tout juste élu premier ministre, M. Legault écrivait dans sa lettre à la jeunesse québécoise que le Québec ne pouvait pas se contenter d'être le territoire qui émet le moins de GES par habitant en Amérique du Nord. Il soutenait que le Québec devait viser encore plus haut en misant sur ses atouts. 

Rappelons que dans son discours lors de la cérémonie du remaniement, M. Legault a explicitement demandé à son ministre de faire le ménage dans toutes les règles et les délais d'autorisation.

Il affirmait, selon ses mots, qu'on ne peut plus «bloquer notre développement avec des délais d'autorisation interminables». 

Il a aussi fait savoir que M. Drainville allait revoir complètement le Plan pour une économie verte pour qu'on tienne compte du nouveau contexte nord-américain et des priorités des Québécois. 

Ministre sous surveillance

Rappelons que la nomination de M. Drainville a été accueillie avec un certain scepticisme par des organismes environnementaux, en raison de son appui au projet de troisième lien, le pont-tunnel autoroutier entre Québec et Lévis.

En campagne électorale en 2022, il avait même lancé: «Lâchez moi avec les GES (gaz à effet de serre)», pour ensuite plaider que l’avenir était à la voiture électrique.

Est-il un ministre de l'Environnement crédible? 

«On verra à l'usage», a répondu M. Viau. 

«Ça dépend de ce qu'il met sur la table. Ça dépend s'il rencontre les parties prenantes ou prend une commande politique du premier ministre.»