Société

Plus de 200 ménages montréalais toujours sans logement plusieurs semaines après le 1er juillet

«Je ne veux pas, mais j'ai perdu tout espoir.»

Publié

Kim, rencontrée par CTV News. (CTV News Montreal)

Six semaines après la journée du déménagement du 1er juillet, des centaines de ménages à Montréal n'ont toujours pas trouvé de logement, et selon les défenseurs des droits, les personnes les plus touchées sont les parents célibataires, les nouveaux arrivants et les locataires à faible revenu.

Parmi eux se trouve une mère célibataire de 22 ans, que nous appellerons Kim afin de protéger son identité. Elle vit depuis juillet dans l'appartement d'une amie avec son fils d'un an.

Ce texte est une traduction d'un contenu de CTV News

Kim est arrivée au Canada il y a quatre ans en provenance du Cameroun pour étudier. Elle explique que sa situation a radicalement changé lorsqu'elle a perdu son emploi au début de l'année et qu'elle n'a plus été en mesure de payer le loyer de 1 650 dollars de son ancien appartement.

«Je suis venue ici pour faire des études et, même si j'ai terminé mes études pendant ma grossesse, je ne trouve pas de travail», explique Kim.

«À cause de mon fils, j'ai besoin d'un emploi pendant la journée, mais malgré tous mes efforts, je ne trouve rien.»
- Kim

Elle est devenue mère célibataire avant la naissance de son fils et décrit cette expérience comme «effrayante à l'époque, et toujours effrayante aujourd'hui».

Elle vit actuellement dans une chambre qu'elle partage avec son bébé et une amie. « Mon amie est très généreuse de m'accueillir, mais même si elle ne dit rien, je sais que cette situation ne peut pas durer », explique-t-elle.

Kim se sent isolée sans sa famille au Canada et perd peu à peu espoir.

«Je ne veux pas, mais j'ai perdu tout espoir», a-t-elle exprimé. «Je tiens bon et je continue d'essayer chaque jour pour mon enfant.»

Les défenseurs tirent la sonnette d'alarme

Selon l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM), 216 familles sont toujours sans logement depuis le 1er juillet. Dans toute la province, plus de 1 700 ménages se retrouvent sans logement après le déménagement.

Margaret van Nooten, intervenante communautaire au sein du projet Genesis, affirme que la crise n'a fait qu'empirer ces dernières années.

«Si vous êtes à la recherche d'un logement aujourd'hui, vous devrez payer beaucoup plus cher qu'il y a dix ans, voire cinq ans », explique-t-elle. « Même avec l'aide d'organisations à travers la ville, les gens ne trouvent pas de logement convenable à long terme.»

Mme Van Nooten a indiqué à CTV News que beaucoup de ces personnes se retrouvent dans des chambres à louer, dans des maisons où elles doivent abandonner leurs meubles ou leurs animaux de compagnie, et « dans des situations où elles ne peuvent pas avoir le minimum nécessaire pour mener une vie digne, comme tout le monde le mérite ».

Elle a ajouté que les personnes les plus susceptibles d'être refusées dans les appartements sont celles qui n'ont pas d'emploi stable, d'antécédents de crédit ou de références, ainsi que les nouveaux arrivants et les locataires issus de minorités ethniques. Les familles avec de jeunes enfants, en particulier les mères célibataires, sont confrontées à des obstacles supplémentaires.

«Nous pouvons faire beaucoup mieux que cela en tant que société», a soutenu Mme van Nooten.

«Nous devons fournir les éléments essentiels, et cela doit toujours inclure un toit au-dessus de la tête des gens, en particulier pour les familles, les mères célibataires et les personnes défavorisées.»
- Margaret van Nooten, intervenante communautaire au sein du projet Genesis

Elle a ajouté que les propriétaires recourent de plus en plus à des tactiques telles que les rénovations abusives, les reprises de possession et les hausses de loyer exorbitantes pour forcer les locataires à partir et augmenter les prix. « La solution est simple », a déclaré Mme van Nooten. « Nous avons besoin de plus de logements sociaux, et rapidement. »

Réaction des responsables municipaux et du logement

Dans une déclaration à CTV News, Philippe Massé, porte-parole de la Ville de Montréal, a reconnu que la crise du logement s'était intensifiée malgré ce qu'il a qualifié d'«efforts sans précédent» de la part de l'administration.

«C'est pourquoi notre administration a multiplié les mesures visant à protéger les locataires à faible revenu, notamment l'achat de maisons de chambres et notre investissement historique de 100 millions de dollars pour protéger plus de 700 ménages de Côte-des-Neiges contre d'éventuelles rénovictions», a affirmé M. Massé, qualifiant cette mesure de première dans une ville du Québec.

Isabelle Girard-Fortier, directrice des services d'orientation de l'OMHM, a déclaré que son équipe soutenait plus de 200 familles toujours à la recherche d'un logement.

Elle a souligné que la demande avait augmenté au cours des trois ou quatre dernières années et ne se limitait plus à la période des déménagements. «Nous avons reçu beaucoup d'appels de ménages en février et mars, lorsqu'ils ont reçu un avis de leur propriétaire concernant l'augmentation du loyer», a-t-elle dit. «Nous voyons à quel point il est difficile aujourd'hui pour les Montréalais, en particulier ceux qui ont des enfants, de trouver un loyer abordable. C'est une situation difficile pour les familles.»

Pour Kim, ces difficultés sont accablantes. Sans famille à proximité, sans emploi et sans logement permanent, elle dit qu'elle est à court d'options.

«C'est vraiment difficile d'être ici sans ma famille et sans le soutien dont j'ai besoin», dit-elle. « J'aimerais qu'il y ait plus d'aide pour que les gens comme moi ne tombent pas entre les mailles du filet.»

Malgré les obstacles, Kim dit qu'elle continue d'aller de l'avant chaque jour, déterminée à offrir à son fils la stabilité qu'elle est venue chercher au Canada.