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Le patron d'Hydro a laissé entendre que le gouvernement favorisait les nouvelles entreprises au détriment des industries d'ici.
Le gouvernement caquiste a désavoué mercredi les propos du grand patron d'Hydro-Québec, Michael Sabia, qui réclame un «rééquilibrage» en faveur des entreprises d'ici dans l'attribution de l'approvisionnement en électricité.
Néanmoins, la nouvelle ministre de l'Économie et de l'Énergie, Christine Fréchette, qui a succédé à Pierre Fitzgibbon, a dit vouloir quand même retrouver un «point d'équilibre» entre la demande des entreprises québécoises et des entreprises étrangères.
Le Parti libéral (PLQ) a présenté une motion à l'Assemblée nationale mercredi en appui aux propos du président-directeur général d'Hydro-Québec, avec l'accord de Québec solidaire et du Parti québécois, mais la Coalition avenir Québec (CAQ) a bloqué le dépôt de la motion.
À la période de questions, Mme Fréchette a toutefois reconnu qu'elle veut assurer «un bon équilibre entre les entreprises à la fois québécoises et étrangères (....) sur la base de nos critères rigoureux».
Elle a en outre fait savoir aux grandes entreprises industrielles québécoises qu'elles allaient devoir encaisser l'indexation de leur tarif, même si elles réclamaient le maintien du gel actuel.
Tout ce débat fait suite à la sortie très remarquée de M. Sabia la veille, qui avait critiqué le gouvernement durant l'étude en commission parlementaire du projet de loi 69, qui réforme le secteur de l'énergie.
Le patron d'Hydro a laissé entendre que le gouvernement favorisait les nouvelles entreprises au détriment des industries d'ici qui ont des besoins supplémentaires en électricité pour entamer la décarbonation.
«Que l'Assemblée nationale appuie les propos du président-directeur général d'Hydro-Québec, Michael Sabia, à l'effet qu'il est nécessaire de procéder à un rééquilibrage en faveur de nos entreprises par rapport aux entreprises étrangères dans l'octroi des mégawatts d'énergie disponibles pour les projets industriels», affirmait la motion qui a été déposée mercredi matin par la députée libérale Marwah Rizqy.
Tout au long de la période de questions qui a précédé, les libéraux n'ont pas cessé de demander aux caquistes s'ils étaient d'accord avec les déclarations de M. Sabia.
Le premier ministre François Legault «réalise-t-il que les trois quarts de nos entreprises manufacturiers exportateurs devront retarder des projets de développement ou des investissements déjà prévus?» a formulé le chef libéral Marc Tanguay.
«Je viens de lui lister les avantages à avoir des sièges sociaux au Québec, de s'occuper de notre banque, de nos entrepreneurs. Se rappelle-t-il du premier ministre qui, à l'époque, en 2016, disait: Est-ce que le Québec devient une économie de succursales? Est-ce que c'est ça, dans le fond, passer d'une économie de conquérant à une économie de conquis?»
En commission parlementaire, l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité a plaidé pour le maintien du gel de son tarif qui dure depuis 10 ans, alors que le projet de loi prévoit l'indexation.
Son président, Jocelyn B. Allard, a fait valoir que les concurrents américains bénéficient pour leur part d'une baisse du prix de l'énergie et que dans le contexte du monopole d'Hydro au Québec, les entreprises d'ici sont «captives» et comptent donc sur le gel pour demeurer concurrentielles.
«Ça m'inquiète un peu», a répliqué Mme Fréchette en doutant que leur modèle d'affaires repose sur le gel des tarifs.
«Est-ce vraiment la seule façon (de faire) pour que vos membres puissent poursuivre leurs activités?»
En outre, le vice-président de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, François Vincent, a souhaité que «les entreprises arrêtent d'être les vaches à lait» d'Hydro-Québec, alors que les consommateurs résidentiels bénéficient d'une hausse de tarif limitée à 3 %.
De même, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a exigé des modifications au projet de loi, notamment pour que la Régie de l'énergie recommence à fixer les tarifs et pour déplafonner ainsi le tarif de la clientèle résidentielle fixé à un maximum de 3 % de hausse.
«Le bouclier ne protège donc personne: il ne fait que masquer à la clientèle domestique la hausse de coûts qu'elle subit, tandis que la clientèle d'affaires la subit de plein fouet», peut-on lire dans le mémoire de la FCCQ.
Plus tôt en matinée mercredi, le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, avait accusé l'ex-ministre de l'Économie et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, d'avoir ainsi «foutu le bordel» dans la planification énergétique du Québec.
Manque d’électricité:
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) September 11, 2024
«La raison pourquoi on est dans le trouble: c’est Pierre Fitzgibbon!» @GNadeauDubois
«Il a vendu à rabais l’équivalent de deux fois la Romaine! C’est un bordel!»@NoovoInfo #polqc #assnat pic.twitter.com/stsexB1UYq
Il a rappelé que lorsque la CAQ est arrivée au pouvoir, le Québec avait des surplus d'électricité, alors qu'aujourd'hui, il est en déficit énergétique.
La successeure de M. Fitzgibbon, Christine Fréchette, a maintenant «l'odieux de faire le ménage (...) dans ce bordel», a conclu M. Nadeau-Dubois.
«Qui a foutu le bordel? Qui a vendu en quelques mois à rabais l'équivalent de deux fois La Romaine? C'est Pierre Fitzgibbon, a-t-il fustigé. La raison pourquoi on est dans le trouble, c'est Pierre Fitzgibbon. (Il) a foutu le bordel dans notre planification énergétique.»
C'est M. Fitzgibbon qui avait déposé ce projet de loi à la toute fin de la session parlementaire en juin, mais il a démissionné la semaine dernière et c'est sa successeure, Christine Fréchette, qui pilote donc maintenant l'étude de cette pièce législative en commission parlementaire.