Le chef conservateur Pierre Poilievre met le gouvernement de Mark Carney au défi de permettre, d'ici au 14 mars, le début de la construction de deux oléoducs, d'une autoroute et d'un projet de gaz naturel liquéfié.
La date butoir évoquée par M. Poilievre est celle qui marquera le premier anniversaire de M. Carney en tant que premier ministre du Canada.
Plus précisément, les conservateurs souhaitent voir une autoroute construite dans le Cercle de feu, une région de l'Ontario connue pour ses ressources minières.
M. Poilievre estime que M. Carney peut respecter cette échéance tout en honorant son obligation de consulter adéquatement les communautés autochtones.
À son avis, le premier ministre se traîne les pieds puisqu'aucun projet d'intérêt national n'a encore été approuvé avec la nouvelle loi C-5 visant à accélérer la réalisation de telles initiatives.
«(Il a eu) assez de réunions, assez de paroles. Maintenant il faut passer aux actes», a dit jeudi M. Poilievre en point de presse à Calgary.
Le bureau du ministre des Ressources naturelles, Tim Hodgson, réfute l'accusation du chef conservateur voulant que les libéraux soient lents à agir.
«Nous avons le regard tourné vers la compétitivité de notre économie et nous avançons rapidement pour faire du Canada une superpuissance énergétique», a déclaré Greg Frame, porte-parole pour le ministre.
Jeudi, le premier ministre rencontrait des leaders métis pour discuter de C-5. La loi adoptée sous bâillon en juin, avec l'appui des conservateurs, s'est attiré une foule de critiques de la part de représentants autochtones mécontents de ne pas avoir été consultés par le gouvernement durant l'élaboration de la pièce législative.
Pour l'heure, aucun projet n'a encore été sélectionné par le gouvernement comme étant d'intérêt national. Cette désignation permettra à chaque projet de voir le jour sans avoir à être conforme à de multiples lois, dont la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.
Le chef conservateur, même s'il estime que C-5 est un pas dans la bonne direction, croit que des lois adoptées par les libéraux sous le leadership de Justin Trudeau au cours des dernières années sont «anti-développement» économique. Il a ainsi signalé l'intention de son parti de proposer sa propre législation à l'automne afin de reléguer aux oubliettes ces lois honnies par les troupes de M. Poilievre.
Du lot, on retrouve C-69, qui établit des normes environnementales pour des projets d'exploitation de ressources naturelles. Les conservateurs veulent aussi annuler l'interdiction d'objets de plastique à usage unique.
Le futur projet de loi conservateur visera à promouvoir «la souveraineté canadienne» puisqu'il a pour but de «légaliser le développement accéléré», a fait valoir M. Poilievre.
«Nous sommes dans une position où notre souveraineté est menacée par Donald Trump et les tarifs qu'il nous impose. Notre économie est faible et trop dépendante (envers) les Américains», a-t-il dit.
Questionné sur le fait que le gouvernement de la Colombie-Britannique s'oppose à ce qu'un nouvel oléoduc passe sur son territoire, M. Poilievre a répondu qu'il était impossible d'avoir un appui unanime à tout projet.
«C'est la vie. On ne peut pas plaire à tout le monde. Il faut bâtir des choses même s'il y a certains politiciens qui ne veulent pas. C'est une décision fédérale», a-t-il conclu.
De leur côté, les libéraux de Mark Carney ont déploré que M. Poilievre cherche à «démanteler les protections et réglementations environnementales canadiennes, sapant ainsi la certitude dont les entreprises ont besoin pour investir au pays».
«Nous avons adopté la Loi visant à bâtir le Canada (C-5) pour réaliser des projets majeurs qui renforceront notre économie en offrant une plus grande certitude aux investissements dans les projets d’intérêt national, tout en continuant à protéger l’environnement et à atteindre nos objectifs climatiques», a soutenu Greg Frame.
Or, C-5 permet notamment à de contourner des lois visant à protéger l'environnement.

