Environnement

Montréal, une ville de plus en plus sale? Les plaintes pour dépôts illégaux explosent

Les citoyens sont vocaux sur le sujet, mais un entrepreneur les invite à se regarder dans le miroir.

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(Noovo Info | Archives)

Depuis plusieurs années, les citoyens sont de plus en plus nombreux à dénoncer l’état de malpropreté des rues de Montréal, en raison d'une augmentation perçue des dépôts de déchets illégaux dans plusieurs arrondissements.

Des ruelles aux trottoirs, en passant par les terrains vacants, les dépôts sauvages de déchets semblent se banaliser aux yeux de citoyens. Meubles abandonnés, électroménagers, sacs-poubelle éventrés, matériaux de construction...

D’après les chiffres que la Ville de Montréal a partagés à Noovo Info, en 2016, on comptait 11 951 plaintes de dépôt illégaux. En 2021, il y en avait 17 730, et en 2024, le nombre de plaintes a encore bondi de près de 49 % par rapport à 2021, pour atteindre 27 961 requêtes auprès des services de la Ville.

«Déposer des déchets, hors des heures de collectes n’est simplement pas permis», rappelle pourtant Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets. «Lorsqu’on va dans le quartier Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, on voit effectivement un peu de tout; des lampes, des meubles, des matelas qui ne sont pas ramassé le jour des collectes ordinaires.»

Dans certains quartiers comme le Plateau et Ville-Marie, les employés de la Ville sont plus souvent appelés à faire du nettoyage. Mais de nombreux citoyens ont confirmé que, dans d'autres quartiers tels que Saint-Michel ou Villeray, les déchets, les odeurs et la vermine sont monnaie courante.  

 Le propriétaire de la compagnie Les As éboueurs, Yann Charbonneau, qui compte plus de dix ans de carrière, invite par contre les résidents à se regarder dans le miroir.

«Ce n’est pas les compagnies de ramassage le problème, ce sont les citoyens», suggérant un manque d’éducation environnementale.

Karel Ménard en convient mais, s’il semble y avoir effectivement un manque de civisme, la difficulté d’accès aux écocentres serait une des nombreuses raisons de l’insalubrité des rues, d'après le DG du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Un projet pilote controversé dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

Alors que la Ville tente de revoir sa stratégie de gestion des déchets, l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a lancé à l’été 2025 un projet pilote de collecte des déchets aux deux semaines dans certains secteurs résidentiels. L’initiative vise à encourager le tri à la source, la réduction des déchets, et une meilleure utilisation des bacs de recyclage et de compost.

Mais sur le terrain, l’expérience soulève déjà plusieurs critiques. Pourtant l’arrondissement a partagé à Noovo Info ces premières données suite à la mise en place du projet.

«L'espacement de la fréquence de collecte des ordures ménagères a permis une hausse de 28 à 38 % des résidus alimentaires collectés et une réduction entre 8 et 13 % des ordures ménagères ont été observées, ce qui inclut également les matières collectées sur le domaine public», explique Vincent Fortin, chargé de communication pour l’arrondissement.

À travers le Québec, il y a plusieurs municipalités qui font le ramassage une fois par mois, rappelle Karel Ménard. À Montréal, il est temps de se préparer puisque ce sera le cas en 2028.