Les Montréalais ont opté pour le changement en choisissant de porter au pouvoir Soraya Martinez Ferrada et en tournant le dos à Projet Montréal, dimanche. C'est ce qu'ont annoncé les principales chaînes de télévision du Québec vers 22h.
Ce changement de cap coïncide avec le départ de la vie politique municipale de Valérie Plante, qui dirigeait Montréal depuis 2017. Luc Rabouin, qui lui avait succédé, n’aura donc pas obtenu la faveur des électeurs.
«Ce soir, Montréal a envoyé un message clair: il faut du changement. Un changement fondé sur l'écoute, sur l'action, sur un vivre-ensemble», a lancé la nouvelle mairesse lors de son discours de victoire.
D'après Mme Martinez Ferrada, cette écoute des citoyens avait disparu lors des dernières années. «Ce soir, je vous dis: je vous ai bien entendu.»
L'élue a d'entrée de jeu énuméré les enjeux auxquels elle voulait s'attaquer: logement, propreté, mobilité, sécurité. «Nous irons de l'avant avec de l'écoute, du respect et de l'ambition», a promis la mairesse.
Mme Martinez Ferrada s'est aussi engagée à tendre la main aux Montréalais qui n'ont pas voté pour elle.
«Je vous ai entendu aussi. Je serai votre mairesse à vous aussi. Parce que Montréal appartient à tout le monde. À ceux qui se lèvent tôt pour faire rouler la ville, à ceux qui rêvent d'y bâtir leur famille et un avenir. À ceux qui doutent, hésitent et pensent à quitter Montréal [...] Ne quittez pas, restez là. Parce qu'on va travailler ensemble, très fort, pour que tout le monde soit reconnu dans cette ville.»
À ses adversaires de la campagne électorale aussi, Soraya Martinez Ferrada a dit vouloir collaborer. «Il y a juste Montréal. Il y a juste une équipe. C'est celle de Montréal.»
«Merci à toi Valérie»
La prédécesseure de Mme Martinez Ferrada s'est aussi mérité ses éloges. «Valérie, je veux te remercier pour ton engagement. Je veux te remercier parce que tu as été celle qui a brisé un plafond de verre important pour cette ville, pour nous, les femmes. Merci à toi Valérie, d'avoir fait ça», a exprimé cette dernière.
Peu après minuit, après le dépouillement de 3585 bureaux de vote sur 3918, l’ancienne ministre sous le gouvernement Trudeau avait récolté 43 % des votes contre 35 % pour Luc Rabouin, qui a annoncé qu'il quittait la direction de son parti politique.
Les candidats Gilbert Thibodeau et Craig Sauvé obtenaient respectivement 10 % et 8 % des votes.
Le parti Ensemble Montréal pourrait également détenir une majorité de sièges au conseil de ville, qui est composé de 65 membres. En fin de soirée, 36 candidats de ce parti étaient en avance dans le dépouillement du vote.
Une première mairesse immigrante
«Ce soir, Montréal a élu une première mairesse issue de la diversité, c'est un message puissant» et «ça, c'est le message d'une ville qui croit à la richesse de la diversité», a indiqué la politicienne en remerciant les Montréalais d'avoir «brisé ce plafond de verre».
La femme d’origine chilienne est arrivée à Montréal lorsqu'elle était enfant.
«C’est vraiment extraordinaire, je suis arrivé avec une petite de 7 ans dans un pays où on ne savait rien et on ne connaissait pas la langue, on a travaillé fort» et «d’arriver où elle est présentement, c’est extraordinaire!», a raconté la mère de la nouvelle mairesse, très émue, après avoir appris la victoire de sa fille.
Première mairesse immigrante, la femme d’origine chilienne, qui est arrivée à Montréal à l’âge de 8 ans, n'en est pas à ses premiers pas en politique municipale.
Elle avait été élue conseillère municipale de Saint-Michel en 2005, pour l'Union des citoyens et citoyennes de l'île de Montréal de l’ancien maire Gérald Tremblay.
En 2019, Mme Martinez Ferrada a été élue députée d’Hochelaga sous la bannière libérale.
Dans le gouvernement Trudeau, elle a occupé divers rôles de secrétaire parlementaire avant d’être nommée ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec en 2023.
D’après un récent sondage Pallas Data, Mme Martinez Ferrada détenait une avance de 15 % sur Luc Rabouin dans les intentions de vote. L’ex-ministre fédérale avait été élue cheffe d’Ensemble Montréal en février dernier.
Logement et itinérance
Le logement et la crise de l’itinérance ont été au cœur des promesses électorales de Projet Montréal et d'Ensemble Montréal, les deux principaux partis.
Le chef de Projet Montréal, Luc Rabouin, souhaitait que la ville devienne la métropole la plus abordable du continent. Pour sa part, Soraya Martinez Ferrada se donne quatre ans pour trouver une solution aux campements de sans-abri qui se sont multipliés à travers l'île.
Projet Montréal a présenté une stratégie en habitation, qui comprend une obligation d'inclure 20 % de logements abordables dans tout projet de 200 unités ou plus.
Ce parti, qui est au pouvoir depuis 2017, a également promis de racheter des maisons de chambres, d'offrir un soutien bonifié aux locataires évincés et de créer des logements modulaires et de transition.
Soraya Martinez Ferrada, d’Ensemble Montréal, a pour sa part promis de réduire les délais de permis de construction, en établissant une norme de 90 jours. Elle s'est également engagée à mettre en place une nouvelle stratégie de financement avec la création d’un Fonds pour l’abordabilité, financé par la valorisation du foncier municipal et par des contributions issues de partenariats avec le secteur privé et les organismes à but non lucratif (OBNL).
Les pistes cyclables, trop nombreuses pour certains et insuffisantes pour d’autres ont également suscité beaucoup de discussions pendant la campagne électorale.
Pour Ensemble Montréal, l’ancienne administration est allée trop loin en «développant aveuglément» le réseau cyclable et Soraya Martinez Ferrada s’est engagé à «lancer un audit» sur les pistes cyclables existantes, dans les 100 premiers jours du mandat.
Luc Rabouin, de son côté, est un farouche défenseur des pistes cyclables de la ville.
Celles-ci, notamment la reconfiguration de la rue Saint-Denis avec son Réseau express vélo (REV), ont fait la renommée de Montréal en Amérique du Nord pour ses infrastructures cyclables.
À Montréal, le taux de participation a été de 38 % en 2021, contre 42 % en 2017.
