La promesse du gouvernement Legault de faire régner la loi et l'ordre au Québec est de la «frime», ont dénoncé en chœur les partis d'opposition mercredi, au lendemain du discours inaugural prononcé par le premier ministre.
François Legault a fait de la sécurité publique l'une de ses quatre priorités d'ici aux prochaines élections générales.
Or, «c'est totalement de la "frime", c'est du n'importe quoi», a dénoncé en point de presse le député libéral André A. Morin, citant la sortie publique de l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales (APPCP).
Mercredi, les procureurs ont dénoncé dans les pages du quotidien «La Presse» les conséquences dramatiques des compressions dans le système de justice québécois.
«Quels crimes devons-nous ne plus poursuivre? Quels dossiers doivent être immédiatement retirés? Quels services ne peuvent plus être offerts aux victimes, aux témoins?», a demandé le président de l'APPCP, Guillaume Michaud.
M. Legault n'est tout simplement pas «cohérent», a réagi en point de presse le co-porte-parole de Québec solidaire par intérim, l'avocat Guillaume Cliche-Rivard. On ne peut pas faire la lutte au crime organisé s'il manque de procureurs, a-t-il souligné.
Dans son discours d'ouverture, le premier ministre a promis que la «répression» serait «au rendez-vous». Il a déclaré vouloir s'attaquer au «crime organisé, aux gangs de rue, aux fraudeurs (...) et aux prédateurs sexuels».
«Pour un parti qui dit que, maintenant, sa priorité c'est la loi et l'ordre, c'est une drôle de décision (de supprimer des postes). (...) Il me semble que la mathématique ne fonctionne pas», a observé la députée péquiste Catherine Gentilcore.
«On va trouver des solutions, a assuré en mêlée de presse le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière. Oui, on fait la lutte au crime organisé, mais la chose que j'aimerais le plus, c'est de faire de la prévention pour ne pas être obligé de me rendre là.»
Plus tard, son collègue à la Justice, Simon Jolin-Barrette, a carrément balayé les critiques des procureurs et des oppositions, affirmant que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a les ressources nécessaires pour réaliser sa mission.
«Depuis notre arrivée en poste en 2018, le budget du DPCP a augmenté de 30 %. On a également augmenté le nombre de procureurs au DPCP de 30 %. On est passé d'environ 173 millions $ à 224 millions $ dans le budget du DPCP», a-t-il fait valoir.

