Les premiers ministres des provinces et territoires du Canada et le premier ministre Mark Carney se rencontreront en personne à Saskatoon le 2 juin.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, M. Carney a déclaré que, face aux «pressions commerciales immédiates», lui et les premiers ministres se concentraient sur le renforcement de la résilience économique du Canada.
«C’est pourquoi nous allons lancer de grands projets d’intérêt national, éliminer les obstacles au commerce intérieur et bâtir une seule économie canadienne», a écrit M. Carney, ajoutant que la réunion de Saskatoon avait pour objectif de «poursuivre ce travail et de bâtir un Canada fort».
Mark Carney s'est entretenu avec les premiers ministres mercredi après-midi pour les informer après sa première rencontre avec M. Trump.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, qui a participé à la conférence téléphonique, a rapporté que les premiers ministres des provinces avaient félicité le premier ministre du Canada pour sa victoire électorale et pour la «retenue» dont il a fait preuve lors de sa rencontre de mardi avec le président américain Donald Trump.
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«Je ne pense pas que j'aurais la même retenue dont il a fait preuve hier (mardi), pour être très honnête, a confié le premier ministre ontarien. Je pense que c'est un bon début pour une nouvelle relation (…) Je pense que tout le monde est relativement satisfait de la rencontre d'hier. C'est donc un bon début.»
«Je crois que le premier ministre (François) Legault travaille sur quelque chose actuellement, mais j'ai vivement encouragé le premier ministre Legault à faire passer ce pipeline à travers le Québec», a également affirmé Doug Ford. «Les gens veulent ce pipeline, ça va aider tout le pays», a aussi soutenu l'élu ontarien, avant d'ajouter: «Nous n'avons pas à être aussi dépendants des États-Unis.»
À l'issue de la conférence, le premier ministre du Québec, François Legault, a écrit sur les réseaux sociaux que tous les premiers ministres convenaient «qu’avec l’incertitude actuelle sur nos exportations vers les États-Unis, la priorité c’est de travailler ensemble pour transformer nos économies».
«Je m’attends à ce que le fédéral prévoie du financement pour nos projets en défense, en minéraux critiques, en infrastructures, en logement et en formation», a ajouté M. Legault.
L'Alberta sur toutes les bouches
Cet entretien téléphonique a également eu lieu après que la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a publiquement évoqué le spectre d'une séparation de sa province avec le Canada.
La semaine dernière, le gouvernement conservateur uni de Mme Smith a présenté un projet de loi qui, s'il était adopté, réduirait considérablement le nombre minimum de pétitionnaires pour déclencher un référendum provincial.
M. Ford a déclaré que Mark Carney avait fait un excellent travail de sensibilisation auprès de l'Ouest et qu'il avait dit au premier ministre canadien qu'il était temps que son gouvernement commence à «témoigner un peu d'affection» à la Saskatchewan et à l'Alberta.
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«Le dernier premier ministre n'a manifesté aucune affection, a pointé M. Ford. C'est donc une bonne chose que nous nous rendions en Saskatchewan pour une réunion des premiers ministres.»
Interrogé sur la loi référendaire de la première ministre Smith lors d'une conférence de presse à Washington mardi, Mark Carney a déclaré que le Canada est plus fort lorsque les provinces travaillent ensemble. «En tant qu'Albertain, j'en suis convaincu», a-t-il ajouté.
Mardi, le premier ministre Ford a critiqué les rumeurs de séparation de l'Alberta et a déclaré que le Canada devait être uni dans sa lutte contre les États-Unis. «C'est le moment d'unir le pays, et non de laisser les gens dire: "Oh, je quitte le pays"», a soutenu M. Ford.
Interrogé mercredi pour savoir si des premiers ministres, lors de la conférence téléphonique, avaient mis en garde Mme Smith quant au moment d'un référendum, compte tenu des rumeurs d'annexion provenant de la Maison-Blanche, M. Ford a répondu que «personne n'en avait parlé», mais que le sujet pourrait être abordé lors d'une «conversation privée».
Il a ajouté que les premiers ministres ont également discuté de l'élimination des barrières commerciales interprovinciales. Alors que Mark Carney a déclaré que son gouvernement déposerait un projet de loi d'ici le 1er juillet pour permettre la libre circulation des marchandises à travers le pays, M. Ford a confié mercredi qu'il souhaitait que les premiers ministres se réunissent et signent des protocoles d'entente.
«Même Danielle (Smith), on s'envoie des textos, et elle aussi veut signer un protocole d'entente», a assuré l'élu ontarien.
Doug Ford a ajouté que M. Carney avait demandé à tous les premiers ministres de transmettre leurs cinq priorités pour les grands projets d'infrastructures nationales.
«Nous luttons contre les droits de douane et nous voulons simplement faire avancer les projets le plus rapidement possible», a assuré M. Ford.
Kinew prône l'«édification nationale»
Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a envoyé une lettre à Mark Carney mercredi pour lui faire part de l'objectif de la province de s'associer à plusieurs projets d'«édification nationale».
Ces projets comprennent la création d'un corridor commercial passant par le port de Churchill, l'établissement de «zones de commerce équitable» autochtones et le développement d'infrastructures pour les minéraux essentiels. M. Kinew a écrit que «le Manitoba est le Costco des minéraux essentiels».
Le premier ministre manitobain a ajouté que sa province est «prête à collaborer» avec le premier ministre canadien ainsi qu'avec toutes les provinces et tous les territoires pour «bâtir un Canada plus fort sur des projets d'intérêt national».
«Nous serons toujours le vrai Nord, fort et libre», a insisté M. Kinew.
Mercredi, lors de la période des questions, le premier ministre Kinew a répondu à une question sur les mesures qu'il prend pour protéger l'industrie cinématographique de la province des droits de douane américains.
«J'ai soulevé cette question précise avec le premier ministre aujourd'hui, aux côtés des premiers ministres de la Colombie-Britannique et du Nouveau-Brunswick», a répondu M. Kinew.
Il a ajouté que Mark Carney et les premiers ministres «doivent protéger l'ensemble des industries, y compris celles qui génèrent de la propriété intellectuelle».
Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a déclaré mercredi, après la réunion, que les premiers ministres étaient tous d'accord pour dire que M. Carney avait réussi à donner le ton à une «nouvelle relation» entre le Canada et les États-Unis. Il a ajouté que les premiers ministres étaient tous «reconnaissants» du bon déroulement de la réunion, compte tenu du déroulement des récentes rencontres avec d'autres dirigeants mondiaux dans le Bureau ovale.
M. Eby a également affirmé que les Britanno-Colombiens étaient «entièrement solidaires» du Canada et que le moment était venu de faire front commun.
«L'idée d'une séparation est vouée à l'échec», a-t-il argué, ajoutant qu'il encourageait les premiers ministres à travailler ensemble pour préserver l'unité du pays et repousser tout mouvement séparatiste.
Une rencontre à Washington satisfaisante
M. Carney et Trump ont passé environ deux heures ensemble à la Maison-Blanche mardi, dont une demi-heure devant les caméras dans le Bureau ovale. Ils ont ensuite pris part à un déjeuner de travail en privé.
Il s'agissait de leur première discussion en face-à-face sur les relations entre les États-Unis et le Canada depuis l'entrée en fonction de M. Carney comme premier ministre, le 14 mars.
Mark Carney et Donald Trump ont semblé satisfaits de la teneur de leurs discussions. M. Trump a indiqué qu'il appréciait M. Carney et qu'il n'y avait eu aucune tension entre eux.
M. Carney, pour sa part, a déclaré que les deux dirigeants étaient désormais «pleinement engagés», mais qu'il restait «beaucoup à faire».
M. Carney a déclaré que M. Trump et lui avaient convenu de poursuivre les discussions dans les semaines à venir et qu'ils se rencontreraient de nouveau en personne lorsque le premier ministre accueillera les dirigeants du G7 lors d'un sommet en Alberta, du 15 au 17 juin.
«En réalité, aujourd'hui marque le début d'un processus de redéfinition de cette relation de collaboration entre les États-Unis et le Canada, a déclaré le premier ministre. La question est de savoir comment nous allons coopérer à l'avenir. Comment pouvons-nous bâtir une relation économique et sécuritaire fondée sur le respect mutuel et des intérêts communs, qui apporte des avantages transformateurs à nos économies.»
M. Carney a soutenu que Donald Trump et lui s'étaient rencontrés en tant que dirigeants de «nations souveraines» et qu'il avait répété au président à plusieurs reprises que les Canadiens ne voudraient jamais devenir Américains.

