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Le Canada prévoit d'acquérir jusqu'à 12 nouveaux sous-marins pour remplacer sa flotte vieillissante de sous-marins de classe Victoria.
Le premier ministre Mark Carney a visité un sous-marin sud-coréen jeudi, lors d'une visite aux chantiers navals de Hanwha Ocean, l'une des deux entreprises en lice pour la construction de la prochaine flotte de sous-marins du Canada.
Le jour même où le Canada et la Corée du Sud ont conclu un nouveau partenariat de défense, M. Carney était accompagné du ministre de la Défense, David McGuinty, du vice-amiral Angus Topshee, commandant de la Marine royale canadienne, et du premier ministre sud-coréen, Kim Min-seok.
«C'est un magnifique sous-marin», a déclaré le vice-amiral Topshee, commandant de la Marine royale canadienne.
Les représentants de Hanwha ont également présenté leur usine de production, dotée d'un système de soudage automatisé par des robots.
Le Canada prévoit d'acquérir jusqu'à 12 nouveaux sous-marins pour remplacer sa flotte vieillissante de sous-marins de classe Victoria, dans le cadre d'un effort visant à renforcer la présence militaire dans l'Arctique.
M. Carney avait visité un chantier naval concurrent à Kiel, en Allemagne, le 26 août, jour où il a annoncé les deux entreprises finalistes: Hanwha et l'allemande ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS).
Les quatre sous-marins de classe Victoria de la Marine royale canadienne seront retirés du service d'ici une dizaine d'années, et un seul est actuellement opérationnel, ce qui oblige le gouvernement à choisir rapidement l'entreprise gagnante.
Le vice-amiral Topshee a indiqué qu'une décision dans l'année à venir «serait fantastique», ajoutant que les deux sous-marins sont excellents et répondent aux exigences de la Marine.
David McGuinty a assuré que Hanwha est «une entreprise très sérieuse».
Il n'a fixé aucun délai pour la prise de décision, mais a précisé que les facteurs déterminants incluent le calendrier de livraison, l'utilisation éventuelle de matières premières canadiennes, comme l'acier et l'aluminium par les soumissionnaires, et l'importance des retombées industrielles promises.
David Perry, président de l'Institut canadien des affaires mondiales, a affirmé que l'acquisition de sous-marins progresse à une vitesse fulgurante comparativement à la plupart des acquisitions de défense, et que la concurrence pour ce contrat lucratif de plusieurs milliards de dollars est féroce.
Le choix du lauréat sera une décision cruciale pour les stratégies industrielles et commerciales du Canada, car les soumissionnaires et leurs pays d'origine rivalisent d'efforts en coulisses pour obtenir des retombées économiques positives pour le Canada.
Selon M. Perry, l'attribution de ce contrat serait «l'une des mesures les plus concrètes que le premier ministre puisse prendre pour concrétiser la diversification commerciale dont il parle depuis longtemps».
«Le gouvernement du Canada peut négocier des accords commerciaux et faciliter l'accès au marché en faisant en sorte que le Service des délégués commerciaux appuie les activités des entreprises, mais il ne commerce pas directement. Le pouvoir de négociation de M. Carney à cet égard est donc limité, a-t-il expliqué. L'achat d'un nouveau sous-marin, en revanche, est un levier qu'il peut actionner lui-même.»
Hanwha a évoqué des investissements dans la production canadienne de batteries lithium-ion, de gaz naturel liquéfié, du domaine de l'aérospatiale, de l'acier et des minéraux critiques. Elle propose la construction de deux installations d'entretien de sous-marins sur les deux côtes.
Hanwha est un conglomérat intégré verticalement qui se présente comme le septième groupe d'entreprises de Corée du Sud et poursuit une stratégie d'expansion mondiale dynamique.
L'entreprise affirme que, si le Canada signe un contrat l'année prochaine, elle pourra tirer parti de l'immense capacité de ses chantiers navals pour devancer les délais de livraison de ses concurrents.
Elle indique pouvoir construire quatre sous-marins KSS-III d'ici 2035, le premier devant être livré en 2032. Après la livraison des quatre premiers, elle affirme pouvoir en livrer un nouveau au Canada chaque année.
Steve Jeong, responsable du développement commercial international des navires de guerre chez Hanwha, a déclaré que l'entreprise pourrait construire des sous-marins au Canada, mais que cela prendrait encore 10 à 12 ans.
«Je préférerais les construire ici, car nous pouvons fournir des sous-marins plus rapidement à la Marine royale canadienne», a-t-il expliqué.
L'entreprise prétend que cela permettrait au Canada d'économiser un milliard de dollars en réparations en retirant prématurément les sous-marins de classe Victoria. Hanwha estime le coût des douze sous-marins entre 20 milliards $ et 24 milliards $, sans compter les infrastructures nécessaires à leur entretien.
Le KSS-III de Hanwha, plus imposant que son concurrent allemand, utilise des batteries lithium-ion et est équipé de tubes de lancement verticaux permettant aux sous-marins de tirer des missiles balistiques vers le haut. La marine coréenne dispose actuellement de ce sous-marin en service, mais il n'a pas encore été exporté.
La Corée du Sud souhaite développer son industrie de défense nationale et s'efforce d'accroître ses exportations et de réduire sa dépendance aux États-Unis. Huitième exportatrice d'armes au monde en 2023, la Corée ambitionne de devenir la quatrième d'ici 2027, selon un document interne du ministère de la Défense nationale.
Mark Carney, et le président sud-coréen, Lee Jae-myung, ont signé l'accord de partenariat de défense jeudi matin. Cet accord prévoit des exercices et des entraînements conjoints plus fréquents. Il engage également les deux pays à améliorer l'interopérabilité et à échanger du personnel, du matériel et des fournitures militaires.
«À terme, nous devons nous assurer d'un engagement plus complet dans cette région et nous avons choisi la Corée pour une raison bien précise», a déclaré le ministre de la Défense McGuinty.
Les Sud-Coréens présentent le contrat de sous-marins comme le point de départ d'un partenariat industriel plus vaste entre les deux pays. Des représentants de l'ambassade à Ottawa ont souligné, lors d'un événement la semaine dernière, que la Corée du Sud est désormais le deuxième fournisseur d'équipements militaires des pays de l'OTAN, derrière les États-Unis.
L'Allemagne et la Norvège ont commandé ensemble une douzaine de sous-marins 212CD de TKMS, un modèle suffisamment récent pour ne pas encore être en service dans une marine.
TKMS affirme pouvoir respecter l'échéance serrée de 2035 fixée par le Canada pour la livraison de son premier sous-marin, mais son calendrier de livraison ne peut rivaliser avec celui proposé par Hanwha.
La semaine dernière, les dirigeants de TKMS et les ministres de la Défense allemand et norvégien se sont rendus à Ottawa pour une opération de charme, en amont du voyage de M. Carney en Corée du Sud. Leur objectif: convaincre le gouvernement canadien de rejoindre un groupe de nations exploitant les mêmes sous-marins, ce qui permettrait la mise en commun des ressources et des pièces détachées.
L’entreprise allemande de défense met également en avant le caractère moins risqué de son projet, soulignant son expérience en tant que l’un des plus anciens constructeurs de sous-marins au monde et sa contribution à hauteur d’environ 70 % à la flotte de sous-marins conventionnels de l’OTAN.
Avec la collaboration de Kyle Duggan.