Des représentants de l'industrie forestière au Québec ont mis de l'avant mercredi une proposition présentée comme «à coût nul» pour le gouvernement fédéral afin de soutenir les entreprises du secteur qui traversent actuellement une «tempête parfaite».
Ils suggèrent à Ottawa de compenser à hauteur de 50 % les futurs droits compensateurs imposés par les États-Unis aux compagnies d'ici sur le bois d'œuvre.
En retournant la moitié de ces droits aux entreprises du pays, cela amène «de l'eau au moulin pour inciter à maintenir les activités de production en fonction et ne pas déstructurer toute la chaîne d'approvisionnement qui conduit à la construction d'une maison», a soutenu le directeur exécutif, développement corporatif chez Chantiers Chibougamau, Frédéric Verreault, en point de presse à Ottawa.
Cette mesure pourrait se faire à coût nul pour le fédéral, selon l'industrie. Elle invite Ottawa à racheter, par l'entremise d'une sorte d'hypothèque, une partie des droits versés dans une réserve, et dont les sommes doivent être redistribuées dans le cas d'un éventuel règlement entre les deux pays dans le conflit du bois d'œuvre.
En 2006, lors du dernier règlement, 80 % des sommes perçues sont revenues dans les poches des entreprises québécoises et canadiennes, a indiqué M. Verreault.
Selon lui, le gouvernement est susceptible de récupérer une partie des droits compensateurs et antidumping déposés dans la réserve au moment d'un nouvel accord.
Cette proposition est appuyée par le Bloc québécois et son chef, Yves-François Blanchet.
«La démarche de rachat des créances futures à partir des droits compensatoires, c'est l'achat d'un actif que le gouvernement fait. Donc, c'est à coût nul», a dit M. Blanchet.
«Le gouvernement récupérera non seulement des sommes parce que c'est un actif reconnu par les institutions financières, mais pourrait même en récupérer davantage», a-t-il poursuivi.
Le bois d'oeuvre est visé par des droits compensateurs de 35 % par l'administration américaine. S'ajoutent à cela des droits de douane de Washington de 10 % depuis le 14 octobre. Le président américain Donald Trump a récemment menacé d'imposer un autre 10 %, ce qui ferait passer la surtaxe américaine de 45 à 55 %.
«Je pense que le terme tempête parfaite est bien choisi pour décrire la situation dans laquelle on est, a témoigné le directeur des affaires corporatives chez Domtar, Guillaume Julien. Bien qu'on soit des entreprises résilientes, qu'on ait des gens parmi les meilleurs dans le monde dans notre secteur, lorsqu'il y a une taxe de 45 % qui est appliquée sur un produit, c'est difficile de pouvoir continuer comme ça sur le long terme.»
Ottawa a annoncé récemment certaines mesures pour aider l'industrie forestière. Interpellée mercredi après-midi en Chambre sur la proposition, la ministre libérale de l'Industrie, Mélanie Joly, a souligné que son gouvernement avait notamment mis en place des garanties de prêts soutenues par la Banque de développement du Canada.
«Nous savons que la situation qui prévaut présentement dans le secteur du bois d'oeuvre est liée aux tarifs complètement injustifiés et injustifiables de la Maison-Blanche. Nous allons être là pour le secteur du bois d'oeuvre. Nous allons travailler avec eux», a-t-elle répondu à une question du bloquiste Mario Simard.
M. Verreault reconnaît les efforts du gouvernement de Mark Carney pour aider l'industrie à traverser la crise. Mais il estime que les entreprises forestières n'ont pas besoin d'augmenter leur marge de crédit, mais plutôt de retrouver «la moitié des revenus qui sont détournés» en droits compensateurs afin de maintenir les emplois et les matériaux dans les cours à bois.
