Le gouvernement abandonne le controversé projet de loi 97 sur la réforme du régime forestier, porté par l’ancienne ministre Maïté Blanchette Vézina. Le processus repart «à zéro».
Le premier ministre François Legault en a fait l’annonce lors d’un discours devant la Fédération québécoise des municipalités (FQM) jeudi à Québec.
«Le régime forestier, je sais que c'est vital pour les régions. On a un nouveau ministre. Je lui ai donné comme mandat de repartir à zéro. Donc, on repart les consultations avec les nations autochtones, avec les entrepreneurs forestiers et avec vous autres, les préfets et les maires», a affirmé le premier ministre.
L’annonce de cette volte-face a provoqué des applaudissements des maires présents au Centre des congrès de Québec.
«Pour la Fédération québécoise des municipalités, le retrait du projet de loi 97 est la décision à prendre. Le milieu municipal et les régions seront présents pour l’élaboration d’un nouveau projet de loi», a affirmé le président de la FQM, Jacques Demers.
Déposé en avril, le projet de loi 97 visait à donner les coudées franches à l’industrie forestière.
L’élément principal du projet de loi était la création des «zones d’aménagement forestier prioritaire», qui auraient comme objectif «d’offrir de la prévisibilité à l’industrie, en plus de lui confier la responsabilité quant aux travaux de reboisement».
À terme, le gouvernement voulait que ces zones permettent «d’augmenter le rendement par hectare pour éventuellement concentrer l’impact des activités forestières».
Mais la réforme a été vivement critiquée par des groupes écologistes, les autochtones et des scientifiques. Même l’industrie forestière avait demandé au gouvernement de modifier son projet de loi.
Pas facile, mais pas impossible
C’est donc le nouveau ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Jean-François Simard, qui aura la tâche de piloter ce dossier complexe. Il devra agir rapidement car les prochaines élections sont dans un an.
«Mais ce n'est pas parce que ce ne sera pas facile que ça va être impossible», a assuré M. Simard en mêlée de presse jeudi.
La pièce législative a été déposée par l’ancienne ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.
Mme Blanchette Vézina a été exclue du cabinet lors du récent remaniement ministériel. Elle a ensuite claqué la porte de la Coalition avenir Québec (CAQ), laissant entendre que le lien de confiance avec le premier ministre était brisé, notamment en raison du projet de loi 97.
«On m'avait donné des orientations claires. (...) Dans le courant de l'été, j'ai travaillé fort pour arriver à concilier certains éléments, avec, ce qu'on me disait, le soutien du cabinet du premier ministre et de l'équipe rapprochée de M. Legault. J'ai, malheureusement, compris que ce n'étaient pas des orientations qui étaient claires, suite à l'exclusion», a-t-elle expliqué au moment de quitter la CAQ.
Jean-François Simard a dit avoir du respect pour le travail de sa prédécesseure et «qu’elle a fait du mieux qu'elle a pu dans les circonstances qui étaient les siennes».
«Il y a du bon dans l'ancien projet de loi. On va tenter de récupérer ce qu'il y a de bon, mais avant de me commettre, je veux prendre le temps d’écouter le monde», a-t-il affirmé.
Levée des blocus?
Le projet de loi a provoqué l'ire de communautés autochtones qui ont érigé des blocus sur des chemins forestiers dans plusieurs régions du Québec.
Le ministre a dit qu’il souhaitait que le retrait du projet de loi 97 mette fin aux blocus.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Francis Verreault-Paul, a indiqué qu’il ne pouvait pas garantir la levée des blocus.
«Au fil du temps, il y a eu une perte de confiance avec des tonnes de consultations qui ont pu être menées et où les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Donc, on a senti la frustration», a-t-il affirmé jeudi en mêlée de presse à Québec.
Francis Verreault-Paul a aussi affirmé qu’il ne croit pas qu’une partie des forêts devait être réservée à l’industrie forestière. «On est ferme là-dessus», a-t-il dit.
Le chef de l’APNQL a offert sa collaboration au gouvernement pour le nouveau projet de loi.

