Santé

L'UdeM ouvrira un campus dans les Laurentides pour la médecine et la pharmacie

La population des Laurentides connaît la plus importante hausse de population parmi toutes les régions du Québec.

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60d4c778f14bded96dc205cc28ed0ea541e87cbbd8d3c4f55c3b1892b733805e.jpg Un technicien compte des comprimés dans un laboratoire pharmaceutique, le mercredi 5 février 2025. (Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

L'Université de Montréal ouvrira un campus dans les Laurentides, une région où les besoins pour recruter du personnel en santé sont criants. Il sera destiné spécifiquement aux étudiants en médecine et en pharmacie. 

Le campus délocalisé des Laurentides devrait accueillir les premiers étudiants en médecine à l'automne 2026, et ceux en pharmacie en 2027. Cela permettra de bonifier le recrutement et de contribuer à la rétention des professionnels de la santé dans cette région du Québec. 

La population des Laurentides connaît l'une des plus importantes hausses de population parmi toutes les régions du Québec. Jusqu'en 2026, la population devrait croître de 6,1 %, soit plus que la moyenne québécoise qui est de 4,2 %. 

«On espère premièrement que ça va nous permettre d'augmenter le nombre de pharmaciens qui vont diplômer chaque année, et aussi de former des pharmaciens principalement en région avec le souhait qu'ils retournent en région puisque présentement, il y a une pénurie assez importante de pharmaciens au Québec, mais particulièrement dans les régions éloignées», commente en entrevue Simon de Denus, doyen de la Faculté de pharmacie de l’UdeM. 

C'est la première fois au Canada qu'une faculté de pharmacie est délocalisée du campus principal. L'Université de Montréal rappelle qu'il y a 21 ans, elle a été «une pionnière en inaugurant un premier campus délocalisé de médecine au Québec et au Canada». Ce campus, situé en Mauricie, a été «un succès sur toute la ligne», selon l'université. 

Les besoins en pharmacie sont de plus en plus importants pour répondre à la demande. En se basant sur une enquête sur les effectifs en pharmacie qui date de 2024, l'Université de Montréal soutient que pour la région des Laurentides, 74 % des besoins en pharmacie dans les services des urgences ne sont pas comblés. 

Il manque de pharmaciens «un peu partout», et les besoins varient d'un hôpital à l'autre, précise M. de Denus. En plus des urgences, il constate une pénurie importante dans plusieurs secteurs du milieu hospitalier, comme les soins intensifs et même les soins en cardiologie. 

Plus de pharmaciens, mais pas de médecins

Le nouveau campus de l'UdeM sera situé à Saint-Jérôme, mais on ne connaît pas encore l'emplacement exact des locaux. Au départ, 24 étudiants en médecine pourront fréquenter le nouveau campus, et 30 étudiants en pharmacie. À terme, les deux facultés accueilleront des cohortes de 50 étudiants chacune. 

Pour la pharmacie, cela aura un impact directement sur la grosseur des cohortes. Le souhait est d'avoir éventuellement 50 nouvelles inscriptions en pharmacie par année. Cet objectif a un lien avec le projet de loi 67, adopté en 2024, qui a élargi les pouvoirs des pharmaciens. 

«Il y a eu beaucoup de changements législatifs dans les dernières années qui ont agrandi le nombre d'activités que les pharmaciennes et les pharmaciens peuvent faire. Et donc évidemment, pour que la population puisse vraiment bénéficier de ces activités accrues, ça prend suffisamment de pharmaciens pour pouvoir effectuer ces activités. On a parlé beaucoup de vaccination, mais il y en a beaucoup d'autres», mentionne M. de Denus. 

En médecine toutefois, on ne parle pas d'un plus grand nombre d'étudiants, mais plutôt d'un déplacement des étudiants du campus de Montréal vers celui de Saint-Jérôme. «Ce n'est pas un projet dans le but d'accueillir plus d'étudiants. C'est vraiment un projet pour favoriser l'attraction et la rétention des médecins dans les régions, explique en entrevue le doyen de la Faculté de médecine de l’UdeM, le Dr Patrick Cossette. C'est certain que ça nous donne une capacité d'accueil plus grande, c'est vrai, mais ce n'est pas l'objectif à court terme, c'est vraiment pour les régions que nous faisons ce geste.»

Un nombre record de résidents choisissent la médecine familiale au Québec, selon les plus récentes données du Service canadien de jumelage des résidents (CaRMS) publiées le printemps dernier. Mais la médecine de famille reste celle qui comporte le plus de postes vacants.

Selon Dr Cossette, le campus des Laurentides pourrait attirer plus de relève. Il fait savoir que 55 % des finissants de son université se tournent vers la médecine de famille actuellement. 

«C'est vrai que les places ne sont pas toutes comblées, reconnaît-il, mais en termes de nombre absolu, on n'a jamais formé autant de médecins de famille au Québec. Le campus délocalisé est un des outils pour intéresser les étudiants à une pratique plus générale. En médecine de famille oui, mais aussi une pratique plus générale en médecine interne ou en chirurgie, par exemple.»

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste