Santé

Démence au Canada: plus d'un million de cas prévus d'ici 2030

La Société Alzheimer du Canada prévoit que près d'un million de personnes seront atteintes de démence d'ici 2030.

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Un médecin examine des scanners cérébraux TEP au Banner Alzheimers Institute de Phoenix. Un médecin examine des scanners cérébraux TEP au Banner Alzheimers Institute de Phoenix. (Matt York/Associated Press (Archives))

Un nouveau rapport de l'Institut australien de la santé et du bien-être a révélé que la démence est responsable de près d'un décès sur dix dans le pays.

Chez les Australiens âgés de 65 ans et plus, la démence est désormais la première cause de décès chez les femmes et la deuxième chez les hommes, après les maladies cardiaques.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

Au Canada, environ 750 000 personnes vivent actuellement avec la maladie d'Alzheimer, une maladie neurodégénérative chronique qui explique de nombreux diagnostics de démence, selon Statistique Canada. La maladie d'Alzheimer a été identifiée comme la neuvième cause de décès au Canada en 2022.

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) décrit la démence comme un terme générique utilisé pour désigner plusieurs symptômes qui affectent les fonctions cérébrales d'une personne. Il s'agit d'une maladie chronique qui s'aggrave avec le temps et qui peut affecter la mémoire, la planification, le langage, le jugement, la coordination, le contrôle de la vessie, la force musculaire et les mouvements d'une personne.

Entre mars 2023 et avril 2022, près de 487 000 Canadiens âgés de 65 ans ou plus vivaient avec une démence diagnostiquée, selon les données de l'ASPC. Parmi eux, près de 99 000 avaient été «nouvellement» diagnostiqués.

Toutefois, cela n'inclut pas les multiples formes de démence autres que la maladie d'Alzheimer, ce qui peut conduire à une sous-estimation de l'impact global de la maladie.

«Ils ne meurent pas nécessairement de démence»

Le Dr Roger Wong, professeur clinique en médecine gériatrique à l'Université de Colombie-Britannique, a indiqué mardi à CTVNews.ca que malgré le fait que cette maladie soit considérée comme la principale cause de décès en Australie, le nombre de décès attribuables à la démence a diminué au Canada.

«De nombreuses personnes atteintes de démence, y compris d'Alzheimer, meurent souvent avec la démence. Elles ne meurent pas nécessairement de la démence», a affirmé le Dr Wong.

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Il a expliqué que les personnes âgées atteintes de démence et d'Alzheimer sont plus susceptibles de développer des problèmes de santé parallèles, tels que des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des pneumonies et des infections. Vivre avec une maladie neurodégénérative augmente également le risque de chutes accidentelles pouvant entraîner des fractures et d'autres blessures physiques.

«La cause la plus fréquente de décès chez les personnes atteintes de démence et d'Alzheimer est la pneumonie.»
- Dr Roger Wong, professeur clinique en médecine gériatrique à l'Université de Colombie-Britannique

Malgré l'augmentation prévue du nombre de personnes atteintes de démence en raison de la croissance démographique, les données de l'ASPC montrent que le taux de nouveaux diagnostics chez les personnes âgées de 65 ans et plus a diminué de façon constante au cours de la dernière décennie. Entre avril 2022 et mars 2023, on a enregistré une baisse de 1 411 nouveaux cas pour 100 000 personnes, soit 1,4 %.

Cependant, la Société Alzheimer du Canada prévoit que près d'un million de personnes seront atteintes de démence d'ici 2030. Au 1er janvier 2025, elle estime qu'environ 770 000 Canadiens auront reçu un diagnostic.

«Chaque jour, plus de 414 personnes au Canada développent une démence. Cela représente plus de 17 personnes par heure», peut-on lire sur le site web.

En 2020, selon la Société Alzheimer du Canada, environ 61,8 % des Canadiens atteints de démence étaient des femmes et plus de la moitié des aidants étaient également des femmes.

«D'ici 2050, les projections indiquent que plus d'un million de femmes seront atteintes de démence au Canada», indique le site internet.

«Je ne peux pas rédiger d'ordonnance»

Le Dr Howard Chertkow, scientifique principal à Baycrest Health Sciences et professeur à l'Université de Toronto, a expliqué mercredi à CTVNews.ca que le vieillissement de la population canadienne entraînera une augmentation significative du nombre de personnes atteintes de démence.

«Les chiffres exacts dépendent souvent de la manière dont vous effectuez le décompte», a soutenu M. Chertkow. «Que vous comptiez les personnes qui ne sont pas encore atteintes de démence, que vous comptiez strictement les personnes atteintes d'Alzheimer ou celles atteintes d'autres formes de démence.»

Il a ajouté que l'Alzheimer et la démence sont responsables de la plupart des décès prématurés chez les personnes âgées vivant dans des établissements de soins de longue durée.

«La maladie d'Alzheimer et la démence sont les seules catégories pour lesquelles je ne peux pas rédiger d'ordonnance et où une personne peut se rendre à la pharmacie pour obtenir un traitement permettant de les arrêter, de les ralentir ou de les prévenir», a-t-il dit. «Au Canada, nous ne disposons d'aucun médicament capable de ralentir, d'arrêter ou d'inverser la démence.»

Cependant, M. Wong et M. Chertkow estiment tous deux que malgré le fait qu'il s'agisse d'une maladie neurodégénérative accompagnée de complications, la démence peut être évitée grâce à des changements de mode de vie.

Des facteurs liés à la durée de vie, tels que le manque d'éducation, l'exposition à la pollution, une mauvaise alimentation et les traumatismes crâniens, contribuent également à augmenter le risque de démence, a expliqué Chertkow.

«Il existe des facteurs de risque liés à la durée de vie auxquels nous devrons, en tant que société, accorder de plus en plus d'attention», a-t-il déclaré.

«Il reste encore beaucoup à faire»

Wong et Chertkow ont tous deux souligné l'importance de l'exercice physique, ainsi que du traitement approprié de problèmes tels que le diabète, l'hypertension artérielle, la dépression, la qualité du sommeil et l'isolement social. La stimulation cognitive joue également un rôle important dans la prévention des implications neurodégénératives.

Selon les deux experts, une autre cause majeure pourrait être une éventuelle perte auditive.

«Si vous corrigez votre audition, vous pouvez réellement réduire le risque de démence ou sa progression», a indiqué Wong.

«L'important est de s'assurer que ces mesures sont prises simultanément, a-t-il ajouté. Nous ne pouvons pas faire de choix. Nous ne pouvons pas dire que nous choisissons un facteur de risque parmi les 14 et que nous le modifions, puis que tout va bien. Cela ne fonctionne pas ainsi, mais l'accent doit être mis sur la prévention et le maintien de la santé cérébrale.»

Chertkow a ajouté que la réponse du gouvernement fédéral à l'aggravation de ce problème flagrant était insuffisante.

«C'est presque comme si le gouvernement manifestait un certain intérêt, mais pas à la hauteur de ce qui serait nécessaire», a-t-il précisé.

«Il reste encore beaucoup à faire. Je pense qu'il faudrait lancer un projet Manhattan sur la démence, en consacrant d'importantes ressources à la lutte contre cette maladie au cours des 10 ou 15 prochaines années au Canada.»

CTV News

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Journaliste

Aarjavee Raaj

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