Une nouvelle étude a permis de savoir comment les aînés peuvent ralentir le déclin cognitif à travers leur mode de vie. Ces résultats ont été présentés lundi lors de la Conférence internationale de l'Association Alzheimer 2025 à Toronto et publiés dans la revue JAMA, a rapporté le média américain CNN.
Cette étude intitulée Protect Brain Health Through Lifestyle Intervention to Reduce Risk a été mené auprès de 2 111 participants, âgés entre 60 à 79 ans, aux États-Unis pendant deux ans. Elle a été financée par l'Association Alzheimer, avec la somme de 50 millions de dollars.
«Il s'agissait de personnes en bonne santé cognitives, qui pour participer à l'étude, devaient être complètement sédentaires et présenter un risque de démence en raison de problèmes de santé tels que le prédiabète et une hypertension artérielle limite», a expliqué la chercheuse principale Laura Baker, professeure de gérontologie, de gériatrie et de médecine interne à la Wake Forest University School of Medicine de Winston-Salem, en Caroline du Nord à CNN.
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Les participants ont assisté à 38 réunions dans des grandes villes américaines, où on leur donnait des conseils sur leur mode de vie à avoir. Cela impliquait notamment de faire des exercices physiques, d'avoir une bonne alimentation, sur l'importance de la socialisation et de faire des jeux pour stimuler le cerveau. En plus de prendre leur tension artérielle, ils étaient soumis à des examens médicaux physiques et cognitifs tous les six mois.
Au cours de six réunions d'équipe, l'autre moitié des participants à l'étude ont reçu seulement des informations sur la santé cérébrale et ont été encouragés à choisir les changements de mode de vie les mieux adaptés à leur emploi du temps. Ce groupe n'était pas coaché. Les participants ont également subi des examens physiques et cognitifs tous les six mois.
«Nous avons constaté que les personnes participant au programme structuré semblaient retarder le vieillissement cognitif normal d'un à près de deux ans par rapport à l'autre groupe, qui n'avait pas bénéficié du même niveau de soutien», a précisé Mme Baker à CNN. «Cependant, le deuxième groupe a également amélioré ses scores cognitifs au fil du temps.»
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Facteurs importants
L'étude révèle que l'exercice physique est un facteur important face au déclin cognitif. Les participants ont notamment fait 30 minutes d'exercices d'aérobiques par jour, des étirements, en plus d'aller à la salle de sport chaque semaine. Les chercheurs ont pu récolter les données de leur état de santé à travers les bracelets connectés.
De plus, l'alimentation est un autre facteur important dans l'équation. Les participants à l'étude ont été soumis au régime MIND (Mediterranean-DASH Intervention for Neurodegenerative Delay), combinant le régime méditerranéen avec des restrictions alimentaires suivant le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension). Ainsi, ils avaient des restrictions et devaient limiter le sucre, les aliments frits, la viande transformée, les produits laitiers, le fromage et le beurre. Et les résultats ont été très positifs, leur permettant ainsi de ne pas se priver et de profiter tout en restant en bonne santé.
Les chercheurs ont également rapporté dans l'étude que les aînés doivent sociabiliser et surtout stimuler leurs cerveaux à travers de jeux qui font réfléchir. Lors de l'étude rapportée par CNN, les participants devaient, entre autres, parler à des inconnus ou sortir avec des amis. Ils ont aussi stimulé leurs cerveaux avec des jeux via une application en ligne très populaire.
Limites
Bien que l'étude clinique a permis de récolter de nombreuses données, il y a encore du chemin à faire pour les chercheurs. Selon Laura Baker, il faut approfondir l'analyse des données car l'étude présente certaines limites.
«Même si nous utilisons différents stimulis dans les tests, le fait de passer un test à plusieurs reprises vous familiarise avec la situation», a-t-elle expliqué à CNN, en précisant qu'il s'agit du phénomène d'«effet d'entraînement». «Vous n'êtes pas vraiment plus intelligent, vous êtes simplement plus détendu et à l'aise.»
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Le Dr Dean Ornish, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco, rappelle aussi que l’étude POINTER vise les personnes à risque de démence, et non celles atteintes d’Alzheimer à un stade précoce, qui auraient besoin de changements de mode de vie plus importants.
Il affirme toutefois que ces nouvelles données permettent de compléter son étude clinique, qui a démontré que des changements multiples et plus intensifs du mode de vie améliorent souvent les capacités cognitives chez les personnes déjà diagnostiquées avec un début de maladie d'Alzheimer. «Mais l'étude POINTER a montré que des changements plus modérés du mode de vie peuvent suffire à prévenir la maladie», a-t-il ajouté à CNN.
