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L'ONU identifie 158 entreprises liées au développement des colonies israéliennes

Booking.com, Motorola Solutions et Trip Advisor continuent d'y figurer.

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Le symbole des Nations Unies est affiché à l'extérieur du bâtiment du Secrétariat, le 28 février 2022, au siège des Nations Unies. Le symbole des Nations Unies est affiché à l'extérieur du bâtiment du Secrétariat, le 28 février 2022, au siège des Nations Unies. (John Minchillo | AP Photo)

L’ONU a publié vendredi une mise à jour de la liste des sociétés liées au développement des colonies israéliennes, considérées comme illégales par le droit international, comptant au total 158 entreprises, la plupart israéliennes.

Depuis la dernière parution il y a deux ans de cette liste établie par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, sept entreprises — dont le constructeur ferroviaire français Alstom — en ont été retirées.

Booking.com, Motorola Solutions et Trip Advisor continuent en revanche d’y figurer. Interrogées par l’AFP, ces trois entreprises n’avaient pas répondu dans l’immédiat.

Israël «rejette catégoriquement la publication de cette base de données, un document dénué de fondement juridique et dépassant largement la compétence» du Haut-Commissariat, a indiqué la représentation israélienne auprès de l’ONU, sur X.

La plupart des entreprises qui sont répertoriées par l’ONU sont basées en Israël. D’autres ont leur siège au Canada, en Chine, en France, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

«Ce rapport souligne la responsabilité qu’ont les entreprises travaillant dans des contextes de conflit de veiller à ce que leurs activités ne contribuent pas à des violations des droits humains», a commenté le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, dans un communiqué.

Selon lui, les entreprises constatant avoir «causé ou contribué à des atteintes aux droits humains» doivent s’assurer de la mise en place de mesure de «réparation».

Construction, immobilier et mines

L’ONU a publié pour la première fois cette liste en 2020.

Cela faisait suite à une résolution du Conseil des droits de l’homme, votée en mars 2016, demandant l’établissement d’«une base de données de toutes les entreprises impliquées dans les activités» liées notamment à la construction et au développement des colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

La liste n’est pas exhaustive : en raison du manque de ressources, le Haut-Commissariat n’a pu se pencher jusqu’à présent que sur 215 entreprises.

L’occupation des Territoires palestiniens par Israël est considérée comme illégale par les Nations unies.

Lors de la publication de la première liste en 2020, le Haut-Commissariat avait précisé qu’elle «ne constitue pas, et n’entend pas constituer, un processus judiciaire ou quasi-judiciaire», en référence implicite aux craintes israéliennes de la voir servir de base à des campagnes de boycottage.

La liste doit en principe être actualisée tous les ans, mais dans les faits, l’ONU n’y est pas parvenue. En 2023, une liste actualisée a été publiée et réduite à 97 entreprises, mais l’ONU n’avait pas étudié si de nouvelles sociétés devaient être ajoutées.

Les entreprises qui figurent sur la mise à jour publiée vendredi travaillent principalement dans les secteurs de la construction, de l’immobilier, des mines et dans l’industrie des carrières, indique le Haut-Commissariat.

 «Liste noire»

En 2020, Israël et les États-Unis avaient fermement condamné l’existence de cette liste onusienne.

«Cette base de données est destinée à servir de liste noire contre des entreprises n’ayant commis aucune faute», a indiqué la représentation israélienne sur X, qui accuse le Haut-Commissariat d’«utiliser les ressources de l’ONU (...) pour ternir la réputation d’Israël».

La publication de la nouvelle base de données intervient alors qu’Israël, accusé par certains de génocide à Gaza, fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre qui ravage le territoire palestinien.

Les violences en Cisjordanie ont flambé depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Depuis le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son gouvernement allait étendre la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Et les ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, vont plus loin, appelant à son annexion.