Société

L'IA pourrait-elle favoriser la prolifération des escroqueries par SMS?

Les escrocs utilisent désormais des outils tels que ChatGPT.

Publié

«L'une de mes plus grandes peurs, c'est que nous, cette industrie, cette technologie, causions des dommages significatifs à la société.» Le logo OpenAI apparaît sur un téléphone portable devant un écran d'ordinateur affichant les résultats de ChatGPT, mardi 21 mars 2023, à Boston. (Michael Dwyer/Associated Press)

Lorsque Janean Compton a reçu deux textos cette semaine lui annonçant qu'elle avait reçu une contravention pour excès de vitesse, sa première réaction a été de se demander s'ils étaient authentiques.

Les SMS indiquaient qu'elle pouvait éviter de se présenter au tribunal en cliquant sur un lien pour payer l'amende. Un scénario plausible, a-t-elle pensé, étant donné qu'il y a des radars dans sa région et qu'elle avait déjà reçu une contravention plus tôt cette année.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

Mais quelque chose clochait.

« Je me suis dit : "Tu sais quoi? Je vais chercher sur Google pour voir si c'est une arnaque"», a dit Mme Compton à CTV News depuis son domicile à Oshawa, en Ontario.

Une recherche rapide a confirmé ses soupçons. Les messages étaient une arnaque. Elle a publié un avertissement sur Facebook.

«J'ai failli me faire avoir, mais je n'ai pas cliqué sur le lien», a-t-elle indiqué. «Je ne sais pas ce qui se serait passé si j'avais cliqué sur le lien. J'ai simplement bloqué le numéro.»

Le Bureau de la concurrence du Canada indique que les escroqueries de ce type sont de plus en plus courantes et met en garde les Canadiens contre les attaques dites de « smishing ».

Le smishing, qui est un mélange des termes SMS et phishing, consiste à envoyer des SMS frauduleux qui semblent provenir d'une agence gouvernementale, d'une banque ou d'une entreprise légitime. Ils contiennent souvent des liens qui, si vous cliquez dessus, peuvent installer des logiciels malveillants ou vous rediriger vers de faux sites web qui volent vos informations personnelles ou financières.

«Nous constatons une augmentation de ce phénomène depuis plusieurs années», a affirmé Josephine Palumbo, commissaire adjointe chargée des pratiques commerciales trompeuses au Bureau de la concurrence.

Selon les experts, les faux SMS se distinguaient autrefois par leur mauvaise grammaire ou leurs fautes d'orthographe.

«Les fautes d'orthographe étaient un indice révélateur, en particulier lorsque les gens devaient rédiger eux-mêmes ces messages, et souvent, il s'agissait de personnes dont l'anglais n'était pas nécessairement la langue maternelle», explique Angus Lockhart, analyste politique senior chez The Dais à l'Université métropolitaine de Toronto.

L'une des raisons pour lesquelles ces escroqueries pourraient devenir plus fréquentes ou plus difficiles à détecter est l'intelligence artificielle (IA). Les escrocs utilisent désormais des outils tels que ChatGPT.

«ChatGPT orthographie toujours parfaitement, il ne fait jamais de fautes de frappe. Ainsi, n'importe qui peut désormais écrire en anglais cohérent avec une grammaire parfaite », explique M. Lockhart. « Il faut être beaucoup plus prudent, même si le message semble légitime. »

Jeff Horncastle, du Centre antifraude du Canada, explique que les fraudeurs utilisent également l'IA pour personnaliser les messages frauduleux en recherchant des informations sur leurs victimes potentielles sur Internet, ainsi que pour automatiser leur création en masse.

« Certains messages peuvent contenir des informations personnelles vous concernant afin de vous convaincre davantage qu'il s'agit d'un message légitime », a ajouté M. Horncastle, qui précise que son organisation a en fait reçu moins de signalements de smishing cette année par rapport au premier semestre 2024.

Ces messages véhiculent souvent un sentiment d'urgence, une tactique visant à pousser les destinataires à réagir avant de réfléchir. Les experts invitent les gens à prendre leur temps et à vérifier la source. Ils recommandent également de ne pas cliquer sur les liens suspects et d'ignorer les SMS, même si l'on vous demande de répondre « STOP » ou « NON ».

« Lorsque vous recevez un SMS suspect, n'oubliez pas que la plupart des organisations légitimes ne vous demanderont jamais de divulguer des informations personnelles par e-mail ou par SMS», a expliqué Mme Palumbo à CTV News.

Les escroqueries par smishing courantes comprennent de faux remboursements de l'Agence du revenu du Canada, des mises à jour de livraison de Postes Canada et des notifications de péage routier.

«Hier, j'ai reçu un SMS prétendant provenir d'un service de livraison de colis qui avait besoin de mes informations pour effectuer la livraison, alors que je n'attends aucun colis», a expliqué Mme Compton.

Le smishing a souvent pour but l'usurpation d'identité, en ciblant les numéros de carte de crédit et d'autres informations personnelles sensibles.

Signalez les messages, dit le Bureau de la concurrence

Le Bureau de la concurrence conseille aux gens de transférer les SMS suspects au 7726 (SPAM).

«Cela permettra à votre opérateur téléphonique de bloquer les futurs SMS provenant du même numéro», a précisé Mme Palumbo.

John Horcastle du Centre antifraude du Canada  a souligné que les fraudeurs vont jusqu'à inclure de véritables numéros de téléphone gouvernementaux dans leurs messages.

«La victime cherche le numéro de téléphone et se dit : "Eh bien, vous savez quoi ? C'est le numéro officiel de l'ARC. Ce doit être un message légitime, n'est-ce pas ?"», a soutenu  M. Horcastle.

«C'est juste une autre méthode, une autre tactique utilisée par les fraudeurs pour vous convaincre qu'il s'agit d'un message officiel.»

Quant à Mme Compton, ces faux SMS concernant des contraventions pour excès de vitesse ne sont pas les seules tentatives d'escroquerie dont elle a été victime cette année. Elle a également reçu des appels de fraudeurs se faisant passer pour des employés de RBC et de Telus, dont les numéros semblaient légitimes sur son écran.

«Il est assez facile de se faire avoir», a-t-elle dit..

CTV News

CTV News

Journaliste