Les Ukrainiens ont exprimé samedi leur déception concernant la possibilité que les États-Unis ne fournissent pas à Kyiv de missiles longue portée Tomahawk, tandis que les travaux de réparation de l'alimentation électrique endommagée de la centrale nucléaire de Zaporijia ont apaisé d'autres inquiétudes concernant la plus grande centrale nucléaire d'Europe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré le président Donald Trump à la Maison-Blanche vendredi, après que le dirigeant américain a indiqué que Washington pourrait fournir à l'Ukraine les missiles longue portée qui, selon Kyiv, contribueront à convaincre le président russe Vladimir Poutine de s'asseoir à la table de négociation.
Malgré cela, M. Zelensky est finalement reparti bredouille, un résultat qui a consterné, mais pas surpris, de nombreux habitants de la capitale ukrainienne, déterminés à mettre fin à l'invasion russe de leur pays depuis trois ans et demi.
Un militaire ukrainien, Roman Vynnychenko, a expliqué à l'Associated Press qu'il considérait la perspective de missiles Tomahawk pour l'Ukraine comme un «jeu» politique. «L'Ukraine n'aura pas ces missiles», a-t-il affirmé.
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M. Vynnychenko a expliqué que l'Ukraine devait encore se procurer de nouvelles armes, avec ou sans l'aide des États-Unis, d'autant plus que les drones et les missiles russes continuaient de frapper des infrastructures civiles.
«Chaque jour, des civils et des soldats meurent, des bâtiments s'effondrent, nos rues et nos villes sont détruites», a raconté M. Vynnychenko.
La Russie a envahi l'Ukraine en février 2022, déclenchant un conflit de trois ans et demi, devenu une guerre d'usure acharnée sur une ligne de front de 1250 kilomètres à l'est et au sud de l'Ukraine.
La frustration de Donald Trump face à ce conflit s'est manifestée à plusieurs reprises au cours des neuf mois qui ont suivi son retour au pouvoir. Ces dernières semaines, il avait manifesté une impatience croissante envers Vladimir Poutine et s'était montré plus disposé à aider l'Ukraine à remporter la guerre, notamment par la vente de Tomahawks.
Le ton de Donald Trump a toutefois de nouveau changé après un long entretien téléphonique avec Vladimir Poutine jeudi et l'annonce de son intention de rencontrer le dirigeant russe à Budapest, en Hongrie, dans les semaines à venir.
Les négociations suscitent de nouveaux espoirs de progrès diplomatiques pour mettre fin à la guerre. Après plusieurs tentatives infructueuses, les Ukrainiens hésitent cependant à croire à une avancée significative prochainement.
«À vrai dire, je regarde les informations, mais aujourd'hui, je ne lis que les gros titres. Et même ceux-ci me rendent triste, a déclaré Victoria Khramtsova, psychologue, à l'Associated Press. Nous sommes en guerre depuis plus de trois ans. Nous voulons simplement la paix.»
Pendant ce temps, la Russie a poursuivi ses bombardements aériens sur l'Ukraine, lançant trois missiles et 164 drones dans la nuit, a indiqué samedi l'armée de l'air ukrainienne. Les forces ukrainiennes ont abattu 136 drones.
Deux personnes ont été blessées après que des drones russes ont ciblé une station-service dans le district de Zarichny à Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ont indiqué samedi les autorités locales. Il s'agit de deux femmes âgées de 51 et 53 ans, selon le gouverneur régional Oleh Hryhorov.
«Essentiel pour la sûreté nucléaire»
Par ailleurs, les travaux de réparation de l'alimentation électrique endommagée de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia ont débuté, a indiqué samedi le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Ces réparations devraient mettre fin à une panne précaire de quatre semaines, qui a contraint la centrale à dépendre de générateurs de secours.
Les forces russes et ukrainiennes ont établi des zones de cessez-le-feu spéciales afin que les réparations puissent être effectuées en toute sécurité, a expliqué le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi. Il a salué le rétablissement de l'alimentation électrique hors site, le qualifiant d'«essentiel pour la sûreté et la sécurité nucléaires».
«Les deux parties ont engagé un dialogue constructif avec l'AIEA pour permettre la mise en œuvre du plan de réparation complexe», a déclaré M. Grossi dans un communiqué.
Les travaux doivent être réalisés en deux phases, d'abord sur la ligne électrique de Ferosplavna-1, puis sur celle de Dniprovska, a précisé l'AIEA. Elle a également déclaré que c'était la 42e fois depuis le début de l'invasion russe à grande échelle en février 2022 que les lignes électriques de la centrale devaient être rétablies.
La centrale de Zaporijia, la plus grande centrale nucléaire d'Europe, fonctionne sur des générateurs diesel de secours depuis le 23 septembre, date à laquelle sa dernière ligne électrique externe a été sectionnée lors d'attaques que la Russie et l'Ukraine se sont mutuellement imputées.
La centrale se trouve dans une zone sous contrôle russe depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine et n'est pas en service. Cependant, elle a besoin d'une alimentation électrique fiable pour refroidir ses six réacteurs à l'arrêt et son combustible usé, afin d'éviter tout incident nucléaire catastrophique.
M. Grossi a déclaré samedi que les générateurs diesel de secours étaient conçus pour constituer la «dernière ligne de défense» pour aider les centrales nucléaires à refroidir leurs réacteurs, mais que leur utilisation était désormais «trop courante».
«Tant que ce conflit dévastateur perdure, la sûreté et la sécurité nucléaires demeurent gravement menacées. Aujourd'hui, nous avons quelques rares nouvelles positives à annoncer, mais nous sommes loin d'être tirés d'affaire», a ajouté M. Grossi.
