La fin de l'exemption de droits de douane pour les colis de faible valeur entrant aux États-Unis pousse de nombreux services postaux européens à suspendre leurs envois en attendant des éclaircissements sur cette règle.
Cette exemption, dite «de minimis», permet aux colis d'une valeur inférieure à 800 $ US d'entrer aux États-Unis en franchise de droits.
Selon les données de l'Agence américaine des douanes et de la protection des frontières, 1,36 milliard de colis ont été expédiés en 2024 sous ce régime, pour des marchandises d'une valeur de 64,6 milliards $ US.
L'exemption expire le 29 août. Les services postaux européens ont annoncé samedi la suspension de nombreux envois vers les États-Unis, en raison de la confusion suscitée par les nouveaux droits d'importation.
Les services postaux d'Allemagne, du Danemark, de Suède et d'Italie ont fait savoir qu'ils cesseraient d'expédier la plupart des marchandises vers les États-Unis avec effet immédiat. La France et l'Autriche suivront lundi.
La Royal Mail britannique a annoncé mardi l'interruption des envois vers les États-Unis afin de permettre l'arrivée des colis avant l'entrée en vigueur des droits de douane.
Les articles en provenance du Royaume-Uni d'une valeur supérieure à 100 $ US, y compris les cadeaux destinés aux proches, seront soumis à des droits de douane de 10 %, a-t-elle précisé.
«Des questions clés restent en suspens, notamment concernant les modalités de perception des droits de douane à l'avenir, les données supplémentaires requises et les modalités de transmission des données au Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis», a indiqué par communiqué DHL, le plus grand transporteur européen.
L'entreprise a annoncé qu'à compter de samedi, elle «ne serait plus en mesure d'accepter et de transporter des colis et des envois postaux contenant des marchandises de clients professionnels à destination des États-Unis».
Un accord-cadre commercial conclu le mois dernier entre les États-Unis et l'Union européenne (UE) a instauré un droit de douane de 15 % sur la grande majorité des produits expédiés depuis l'UE. Les colis de moins de 800 $ US seront désormais également soumis à ce droit.
L'exonération de droits de douane aux États-Unis pour les marchandises en provenance de Chine a pris fin en mai, dans le cadre des mesures prises par l'administration Donald Trump pour dissuader les consommateurs américains de commander des produits chinois de faible valeur. Cette exonération est étendue aux envois en provenance du monde entier.
De nombreux services postaux européens vont suspendre leurs livraisons, ne pouvant garantir l'entrée des marchandises aux États-Unis avant le 29 août. Ils invoquent l'ambiguïté quant au type de marchandise concernées par les nouvelles règles et le manque de temps pour en traiter les implications.
«En l'absence d'instructions différentes de la part des autorités américaines (…) Poste Italiane sera contrainte, comme les autres opérateurs postaux européens, de suspendre temporairement l'acceptation de tous les envois contenant des marchandises destinées aux États-Unis, à compter du 23 août. Les envois postaux ne contenant pas des marchandises continueront d'être acceptés», a expliqué Poste Italiane vendredi.
Les envois par des services tels que DHL Express restent possibles, a-t-elle ajouté.
Björn Bergman, directeur de la marque et de la communication du groupe PostNord, a mentionné que cette suspension était «regrettable, mais nécessaire pour garantir le plein respect des nouvelles règles».
Aux Pays-Bas, Wout Witteveen, porte-parole de PostNL, a déclaré que l'administration Trump maintenait les nouvelles taxes malgré l'absence de système de collecte des autorités américaines.
Il a ajouté que PostNL travaillait en étroite collaboration avec ses homologues américains pour trouver une solution.
Austrian Post, principal prestataire de services logistiques et postaux d'Autriche, a précisé que la dernière réception d'envois commerciaux à destination des États-Unis, y compris de Porto Rico, aurait lieu mardi.
La Poste française a déclaré que les États-Unis n'avaient pas fourni d'informations complètes ni accordé suffisamment de temps pour se préparer aux nouvelles procédures douanières.
«Malgré des discussions avec les services de la douane américaine, aucun délai n’a été accordé aux opérateurs postaux pour s’organiser et assurer les développements informatiques nécessaires à la mise en conformité avec les nouvelles règles fixées», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
PostEurop, association regroupant 51 opérateurs postaux publics européens, a avancé que si aucune solution n'était trouvée d'ici le 29 août, tous ses membres suivraient probablement son exemple.
