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Le président Donald Trump a suspendu l'imposition de droits de douane sur les colis de faible valeur en provenance de la Chine, apparemment pour donner aux agences fédérales le temps de déterminer comment traiter des millions de ces envois qui traversent chaque jour la frontière américaine sans payer de taxes.
Le décret, daté de mercredi, ne précise pas quand la pause prendra fin, mais indique qu'elle cessera lorsque le ministère du Commerce pourra mettre en place des «systèmes adéquats» pour «traiter et collecter pleinement et rapidement les recettes douanières».
«Cela montre simplement que nous avançons rapidement, et les implications ne sont pas entièrement comprises lorsque certaines de ces réglementations sont mises en place», a affirmé John Lash, vice-président du groupe chargé de la stratégie des produits à la plateforme de chaîne d'approvisionnement e2open, soulignant que le décret de M. Trump concernait un grand nombre de petits paquets, dont beaucoup sont en transit.
«Les volumes sont absolument incroyables, a déclaré M. Lash. Et tout d'un coup, ils passent de ne pas nécessiter de déclaration (pour les droits de douane) ... à exiger réellement une déclaration complète, ce qui est une tâche compliquée.»
La fin des exemptions de droits de douane sur les colis à bas prix en provenance de la Chine bénéficie d’un large soutien bipartisan à Washington, et M. Trump a mis un terme à cette mesure lorsqu’il a augmenté les droits de douane sur les produits chinois de 10 % plus tôt cette semaine. Les marchandises envoyées par colis hors taxes sont désormais soumises non seulement aux droits de douane existants – 25 % pour de nombreux produits chinois – mais aussi aux nouveaux 10 %.
Cela marque une nouvelle pause dans les politiques de M. Trump quelques semaines après le début de sa deuxième administration, notamment les ordres d’imposer des droits de douane sur le Mexique et le Canada qui ont été suspendus après que les deux alliés ont pris des mesures pour apaiser ses inquiétudes concernant la sécurité des frontières et le trafic de drogues.
Le service postal américain, qui serait chargé de percevoir des droits de douane sur les petits colis, a annoncé mardi qu’il n’accepterait pas les colis en provenance de Chine continentale et de Hong Kong, pour revenir sur sa décision le lendemain. Il a indiqué qu’il travaillerait avec les douanes et la protection des frontières pour mettre en œuvre un processus de collecte des nouveaux droits de douane.
«C’est l’une de ces choses où vous apportez un changement si rapidement que les gens sont pris au dépourvu.»
Introduite en 1938, l'exception dite «de minimis» avait pour but de faciliter la circulation des petits colis d'une valeur maximale de 5 $ US, soit l'équivalent d'environ 106 $ US aujourd'hui. Le seuil est passé à 200 $ US en 1994 et à 800 $ US en 2016. Toutefois, l'essor rapide du commerce électronique transfrontalier, mené par la Chine, a remis en cause l'objectif de cette règle d'exception douanière vieille de plusieurs décennies.
Les exportations chinoises de colis de faible valeur ont grimpé à 66 milliards $ US en 2023, contre 5,3 milliards $ US en 2018, selon un rapport publié la semaine dernière par le Service de recherche du Congrès. Et le marché américain a été une destination majeure.
En 2023, pour la première fois, plus d’un milliard de colis de ce type ont été acheminés par les douanes américaines, contre 134 millions en 2015. À la fin de l’année dernière, les douanes et la protection des frontières ont indiqué qu’elles traitaient environ quatre millions de petits envois par jour, dont beaucoup provenaient de Chine via des plateformes de vente en ligne telles que Shein et Temu.
Les critiques ont déclaré que cette pratique avait permis non seulement l’évasion douanière, mais aussi l’entrée aux États-Unis de produits dangereux tels que des contrefaçons et des drogues illicites. Les partisans ont fait valoir qu’elle contribuait à maintenir les prix abordables pour les consommateurs et les petites entreprises américaines.
Après que M. Trump a rejeté l’exemption, certains analystes ont noté que le changement de politique pourrait entraîner une hausse des prix et des retards de livraison, alors que les douaniers américains doivent faire face à un assaut de colis à examiner.
«Nous parlons de millions de colis chaque semaine qui sont actuellement traités comme des envois nationaux», a expliqué Neil Saunders, directeur général du cabinet d’études GlobalData.
Il a déclaré que Temu s'était déjà adapté en augmentant ses capacités d'entreposage aux États-Unis au cours de l'année écoulée et en expédiant des produits dans des conteneurs.
M. Lash a déclaré que la fin de la règle d'exception «de minimis» modifierait le modèle de commerce électronique transfrontalier lorsque les tarifs et les formalités administratives font grimper les coûts, incitant les vendeurs étrangers à se tourner vers l'expédition en vrac.