La gérante d'un magasin de vêtements affirme que les petites entreprises sont anxieuses à l'approche de la date limite de grève pour des milliers de travailleurs de Postes Canada.
Erin Primrose se prépare frénétiquement à expédier les colis de sa boutique Thelma & Thistle, à Lethbridge, en Alberta, en utilisant d'autres services de livraison.
«Nous sommes débordés, c'est sûr, a-t-elle admis en entrevue jeudi. C'est stressant. Nous voulons nous assurer de faire les bons choix pour nos clients, de les honorer et de ne pas les arnaquer. Parce que cela ne nous semble pas correct du tout.»
Environ 55 000 membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) devraient déclencher une grève peu après minuit.
Si les facteurs cessent de travailler, il s'agira de la deuxième fois en moins de six mois. L'action de novembre avait entraîné l'arrêt des activités jusqu'à la veille de Noël.
Mme Primrose a indiqué que les frais d'expédition de son magasin avaient légèrement augmenté pendant la grève de 2024, lorsqu'elle est passée à d'autres transporteurs pour ses livraisons.
«C'était frustrant et cela prenait beaucoup de temps de devoir s'adapter et d'apprendre les nouveaux systèmes, a-t-elle avancé. J'ai passé des heures et des heures en attente à retrouver des colis, à faire des réclamations, à déterminer où des articles avaient été perdus et à gérer des clients frustrés.»
Elle espère que, cette fois-ci, l'arrêt de travail sera plus facile à gérer.
«C'est un événement majeur qui touche non seulement les entreprises, mais aussi les êtres humains partout au Canada», a rappelé Mme Primrose.
Dan Kelly, président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), soutient que de nombreux propriétaires d'entreprise, déjà aux prises avec une période d'incertitude, sont inquiets de la possible interruption de travail.
«Un vent violent pourrait souffler sur certaines de ces petites entreprises en ce moment (…) elles sont tellement affaiblies», a-t-il affirmé.
Les entreprises se remettaient encore de la pandémie de COVID-19 lorsque les travailleurs de Postes Canada ont débrayé l'année dernière, a-t-il indiqué.
«La grève de 32 jours a coûté 1 milliard $ en coûts supplémentaires aux propriétaires de petites entreprises au cours de cette période», a-t-il mentionné.
Ils doivent maintenant composer avec l'incertitude engendrée par la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, a ajouté M. Kelly.
«Non seulement cela a entraîné une hausse des coûts et des risques inconnus pour les petites entreprises, mais cela a également entraîné une baisse de la demande des consommateurs», a-t-il précisé.
Le syndicat indique sur son site web que la dernière offre du service postal, soit une augmentation salariale de 13 % sur quatre ans, est inférieure à l'augmentation de 19 % demandée par les travailleurs pour faire face à la hausse du coût de la vie.
Il a également exprimé des inquiétudes quant à la proposition de Postes Canada d'inclure davantage de personnel à temps partiel et d'instaurer un «acheminement dynamique» — un modèle qui permettrait de modifier les itinéraires de livraison du courrier quotidiennement pour s'adapter à diverses conditions — sans préciser son fonctionnement.
Postes Canada a indiqué constater déjà une baisse des volumes de courrier et réclamer une résolution urgente.
«Nous gardons espoir que les négociations puissent reprendre», a expliqué Lisa Liu, porte-parole du service postal.
— Avec des informations de Craig Lord à Ottawa
