Économie

Les pays touchés par de nouveaux tarifs douaniers dénoncent leur imposition

Chez les pays qui ont négocié un accord, on a poussé un soupir de soulagement, mais, chez les autres, on a exprimé déception et frustration.

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f388a7d9aa16e59437d41708c154aaa42ff092b664e761c58c9be09d4d20d550.jpg Des grues et des conteneurs maritimes sont visibles dans un port de Pyeongtaek, en Corée du Sud, le vendredi 1er août 2025. (THE ASSOCIATED PRESS/Ahn Young-joon)

Les nouveaux droits de douane pouvant atteindre 41 % imposés par le président américain Donald Trump sur les importations américaines en provenance de dizaines de pays ont suscité de nombreuses réactions, vendredi.

Chez les pays qui ont négocié un accord avec Washington, on a poussé un soupir de soulagement, mais, chez les autres, on a exprimé déception et frustration face à l'échéance fixée au 1er août par M. Trump.

Regret et déception

Le premier ministre canadien Mark Carney a déclaré que son gouvernement était déçu par la décision de M. Trump de porter à 35 %, à compter de vendredi, les droits de douane américains sur les produits canadiens.

La plupart des exportations canadiennes vers les États-Unis sont couvertes par l'Accord États-Unis-Mexique-Canada et ne sont soumises à aucun droit de douane. Mais l'acier, le bois d'œuvre, l'aluminium et les automobiles ont été soumis à des droits de douane sectoriels encore plus élevés. 

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La Suisse a été secouée après que M. Trump a imposé un droit de douane de 39 % sur les montres de luxe, les produits pharmaceutiques et les services financiers. Ce taux était supérieur à sa proposition initiale, qui était de 31 %.

«Le Conseil fédéral note avec grand regret que, malgré les progrès réalisés dans les discussions bilatérales et la position très constructive adoptée par la Suisse depuis le début, les États-Unis ont l'intention d'imposer des droits de douane supplémentaires unilatéraux», a déclaré le gouvernement dans un communiqué publié sur X.

Il a ajouté qu'il continuerait à rechercher une solution négociée.

Toujours en cours

Les responsables néo-zélandais ont indiqué vendredi qu'ils continueraient à faire pression sur Donald Trump pour qu'il réduise les droits de douane de 15 % qu'il a annoncés pour les exportations de leur pays vers les États-Unis.

«Nous ne pensons pas que ce soit une bonne chose. Nous ne pensons pas que cela soit justifié», a tranché le ministre du Commerce Todd McClay à Radio New Zealand. 

M. McClay a souligné que les exportateurs néo-zélandais avaient indiqué qu'ils pouvaient absorber une taxe de 10 % ou la répercuter sur les consommateurs américains par une augmentation des coûts. Des droits de douane plus importants «changeraient la donne», a-t-il averti. 

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Ni la Nouvelle-Zélande ni son voisin australien n'ont conclu d'accord tarifaire avec l'administration Trump. Les exportations australiennes d'acier et d'aluminium sont soumises à un droit de douane de 50 % depuis juin.

Le ministre australien du Commerce, Don Farrell, a déclaré que le droit de douane global de 10 % sur les exportations australiennes vers les États-Unis confirmait le bien-fondé des «négociations sereines et calmes» menées par son gouvernement.

Il a toutefois ajouté que même ce niveau n'était pas justifié. Les exportations américaines vers l'Australie sont deux fois plus importantes que les importations en provenance de ce partenaire commercial bilatéral, et l'Australie n'impose aucun droit de douane sur les exportations américaines.

Le Japon observe

Le secrétaire général du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, s'est montré prudent dans son accueil de la décision de Donald Trump de fixer les droits de douane sur les produits japonais à 15 % après que les deux parties sont parvenues à un accord, au grand soulagement de Tokyo.

«Nous pensons qu'il est nécessaire d'examiner attentivement les détails de cette mesure», a noté M. Hayashi.

«Le gouvernement japonais continuera d'exhorter les États-Unis à mettre rapidement en œuvre les mesures nécessaires pour appliquer l'accord conclu récemment, notamment la réduction des droits de douane sur les automobiles et les pièces automobiles.»

Le président de Taïwan, Lai Ching-te, a fait savoir que l'île autonome n'avait pas encore entamé les négociations finales avec les États-Unis en raison de difficultés de calendrier. Il espère que le taux final des droits de douane sera encore réduit après un autre cycle de négociations.

L'administration Trump a abaissé ses droits de douane sur les produits taïwanais de 32 % à 20 %. Taïwan est un fournisseur clé de semi-conducteurs de pointe nécessaires à de nombreux produits et technologies. 

«20 % dès le départ n'était pas notre objectif, nous espérons que les négociations ultérieures nous permettront d'obtenir un taux plus avantageux et plus raisonnable», a dit M. Lai aux journalistes à Taipei vendredi.

Soulagement chez certains partenaires

Le vice-premier ministre cambodgien, Sun Chanthol, qui a mené les négociations commerciales de son pays avec les États-Unis, a remercié M. Trump d'avoir fixé le taux de droits de douane sur les produits cambodgiens à 19 %.

Le taux proposé par M. Trump en avril pour le Cambodge était de 49 %, l'un des plus élevés au monde.

Le Cambodge a accepté d'augmenter ses achats de produits américains. M. Sun a annoncé que son pays achèterait 10 avions de ligne à Boeing dans le cadre d'un accord qu'il espère signer en août. Plusieurs autres pays ont déjà annoncé des ententes similaires dans le cadre de leurs accords commerciaux.

M. Trump avait menacé de suspendre les accords commerciaux avec le Cambodge et la Thaïlande s'ils ne mettaient pas fin à un conflit armé concernant un territoire frontalier. Les deux pays ont convenu d'un cessez-le-feu qui a pris effet mardi. 

Pour le Bangladesh, un nouveau droit de douane de 20 % a écarté la menace d'un droit d'importation de 35 % qui pesait sur cet exportateur sud-asiatique de vêtements et d'autres produits manufacturés légers.

«C'est une bonne nouvelle pour notre secteur de l'habillement et les millions de personnes qui en dépendent», a fait valoir Khalilur Rahman, conseiller à la sécurité nationale et négociateur en chef du pays.