Le président américain, Donald Trump, a tempéré à la dernière minute les attentes d'une concrétisation d'un accord avec le Canada, à la veille de la date limite pour l'imposition des droits de douane.
Pourtant, le chef de la Maison-Blanche a accordé un délai de 90 jours au Mexique.
Dans une publication sur les réseaux sociaux jeudi matin, le président a déclaré qu'il serait très difficile de conclure un accord avec le Canada après l'annonce mercredi par le premier ministre Mark Carney de l'intention d'Ottawa de reconnaître un État palestinien.
Il écrit que la reconnaissance d'un État palestinien «compliquera grandement» la conclusion d'un accord commercial entre les États-Unis et son voisin du nord.
Trump avait précédemment envoyé une lettre à M. Carney menaçant d'imposer des droits de douane de 35 % si le Canada ne concluait pas d'accord commercial d'ici vendredi. La Maison-Blanche a déclaré que ces droits ne s'appliqueraient pas aux marchandises conformes à l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique, plus connu sous le nom d'ACEUM.
Dans une publication distincte sur les réseaux sociaux, M. Trump a dit s'être entretenu avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum et avoir accepté de reporter l'échéance de l'accord commercial avec le Mexique, car «la complexité d'un accord avec le Mexique est quelque peu différente de celle d'autres pays en raison des problèmes et des atouts de la frontière».
La précédente lettre du président américain à son homologue mexicaine menaçait d'imposer des droits de douane de 30 %. La publication de jeudi indiquait que les droits de douane actuels de 25 % sur le fentanyl, ainsi que les droits de douane sectoriels sur l'acier, l'aluminium, le cuivre et l'automobile, resteraient en vigueur.
«De plus, le Mexique a accepté de supprimer immédiatement ses nombreuses barrières commerciales non tarifaires, a ajouté M. Trump. Nous discuterons avec le Mexique au cours des 90 prochains jours dans le but de signer un accord commercial dans ce délai, voire plus tard.»
Changement de position global
L'annonce de M. Carney, mercredi, selon laquelle le Canada reconnaîtrait un État palestinien en septembre, s'inscrit dans un contexte de changement global de position face à la politique israélienne à Gaza.
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Avec cette menace, publiée jeudi matin sur ses réseaux sociaux, Donald Trump tranche avec l'ambivalence qu'il affichait à l'égard d'autres pays qui ont annoncé des démarches similaires.
Le président républicain a déclaré cette semaine qu'il n'était pas opposé à ce que le premier ministre britannique Keir Starmer prenne position sur la question de la reconnaissance officielle de l'État palestinien. Et la semaine dernière, il a affirmé qu'une décision semblable du président français Emmanuel Macron «ne changerait rien».
Le chef d'État américain avait assuré, plus tôt dans la semaine, qu'il ne prendrait pas position sur la reconnaissance d'un État palestinien, il a ensuite affirmé qu'une telle décision récompenserait le Hamas, dont l'attaque-surprise du 7 octobre 2023 contre Israël a provoqué une déclaration de guerre et des représailles militaires massives du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.
Donald Trump, qui a chahuté le Canada pendant des mois et suggéré qu'il devienne le 51e État américain, a indiqué jeudi qu'une reconnaissance similaire à celle de la France et du Royaume-Uni par le Canada servirait de levier avant l'échéance du 1er août qu'il a fixée dans les négociations commerciales.
«Wow! Le Canada vient d'annoncer son soutien à l'accession au statut d'État pour la Palestine», a déclaré le président américain dans sa publication sur Truth Social. «Cela va nous compliquer grandement la conclusion d'un accord commercial avec eux. Oh! Canada!»
La nouvelle attaque de Donald Trump contre le Canada survient après qu'il eut tenté cette semaine d'imposer des droits de douane élevés au Brésil, après que ce dernier eut inculpé son ancien président Jair Bolsonaro, un allié de M. Trump qui, comme le président américain, a été poursuivi au criminel pour avoir tenté d'annuler les résultats de sa défaite électorale.
L'évocation d'un grief personnel dans les négociations commerciales avec le Brésil et, maintenant, l'annonce symbolique du Canada sur la création d'un État palestinien s'ajoutent aux nombreuses raisons invoquées par M. Trump pour justifier sa guerre commerciale, comme la lutte contre la traite des êtres humains, l'arrêt du flux de fentanyl, la balance commerciale et la protection de l'industrie manufacturière américaine.
Remise en question
Alors que M. Trump continuait d'affirmer jeudi matin sur les réseaux sociaux que les droits de douane «rendaient l'Amérique grande et riche à nouveau», le principal outil du président pour réorienter le commerce mondial se heurte à un obstacle judiciaire.
La Cour d'appel fédérale des États-Unis entendra jeudi les entreprises et les États qui estiment que l'utilisation par Trump d'une loi de sécurité nationale pour mettre en œuvre ces droits de douane outrepasse ses pouvoirs présidentiels.
«À tous mes excellents avocats qui se sont battus avec acharnement pour sauver notre pays, bonne chance dans cette affaire majeure qui touche les États-Unis aujourd'hui, a indiqué le locataire de la Maison-Blanche dans un message sur les réseaux sociaux. Si notre pays n'était pas capable de se protéger en utilisant des droits de douane contre des droits de douane, nous serions morts, sans aucune chance de survie ni de succès. Merci de votre attention à cette affaire!»
Le Tribunal de commerce international des États-Unis a statué en mai que Donald Trump n'avait pas le pouvoir d'imposer des droits de douane à la quasi-totalité des pays en vertu de la loi de 1977 sur les pouvoirs d'urgence économique internationale.
Cette loi, généralement désignée par l'acronyme IEEPA, confère au président américain le pouvoir de contrôler les transactions économiques après la déclaration d'un état d'urgence. Aucun président précédent ne l'avait jamais utilisée pour imposer des droits de douane. La Constitution américaine réserve au Congrès le pouvoir de les appliquer.
L'administration Trump a rapidement fait appel de la décision du tribunal de première instance concernant le «Jour de la Libération», comme l'a baptisé M. Trump, et les droits de douane liés au fentanyl.
L'avocat représentant l'administration Trump a fait valoir devant la cour d'appel jeudi matin que les pouvoirs du président étaient toujours soumis à un certain contrôle et qu'il avait le pouvoir d'utiliser cette loi pour imposer des droits de douane, malgré l'absence du terme «droit de douane» dans l'IEEPA.
— Avec des informations de l'Associated Press
