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Les ouragans augmentent le risque d'hospitalisation pour un trouble cardiovasculaire

Chaque journée d'exposition à un ouragan a augmenté ce risque de 13 %.

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0557ad44d7ca9139af3a660a8d9bdd543d40dde7e10a98378315beee68a282a9.jpg Le réchauffement planétaire entraînera vraisemblablement une multiplication des événements météorologiques extrêmes comme les ouragans, mais aussi une augmentation de leur intensité. Il importe donc de s'intéresser à leur impact sur la santé, a estimé l'auteur de l'étude. Sur la photo, l'ouragan Fiona avait causé des dommages importants sur l'île Burnt, à Terre-Neuve-et-Labrador, en septembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Frank Gunn (Frank Gunn | La Presse canadienne)

Le risque d'hospitalisation pour une maladie cardiovasculaire est plus élevé pendant la période de six mois qui suit le passage d'un ouragan, a constaté un chercheur canadien.

Chaque journée d'exposition à un ouragan a augmenté ce risque de 13 %, particulièrement en ce qui concerne les maladies cardiaques hypertensives, les maladies vasculaires périphériques et les accidents vasculaires cérébraux hémorragiques.

La hausse atteignait un sommet environ deux mois après le passage de la tempête, puis se dissipait après six mois.

«En faisant cette étude-là, on voulait mieux comprendre les risques, sachant que les ouragans peuvent potentiellement avoir des impacts sur le stress ou au niveau cardiorespiratoire, parce qu'on sait que le stress peut être quelque chose qui va déclencher des impacts au niveau cardiovasculaire», a résumé l’auteur de l’étude, le professeur adjoint Éric Lavigne de l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa.

Les chercheurs ont examiné 6,54 millions d'hospitalisations pour une maladie cardiovasculaire (MCV) dans six pays/territoires (le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, Taïwan, la Thaïlande et le Vietnam) entre 2000 et 2019 afin de quantifier les risques et le fardeau à long terme des hospitalisations pour une MCV à la suite de ce qu'ils appellent, dans leur étude, un «cyclone tropical».

Ils ont constaté que le fardeau attribuable aux ouragans était particulièrement élevé pour les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux, surtout chez les hommes, les personnes âgées de 20 à 59 ans et celles dont le niveau de privation socio-économique est le plus élevé.

L'impact des ouragans sur la santé en général, et sur la santé cardiovasculaire en particulier, ne se limite pas aux quelques journées qui précèdent ou qui suivent le passage de la tempête, rappellent les auteurs.

Ainsi, écrivent-ils, «on s'attend à ce que les cyclones provoquent et exacerbent les maladies par des voies directes et indirectes». Les effets directs sont causés par les impacts physiques directs des cyclones, tels que les traumatismes physiques (par exemple, les blessures et les noyades) pendant l'exposition.

En revanche, poursuivent les chercheurs, «les voies indirectes sont beaucoup plus complexes et restent en grande partie obscures». Il s'agit notamment des risques sanitaires découlant des perturbations, des facteurs de stress ou des événements induits par les cyclones (évacuation, coupure d'électricité, interruption du soutien médical et social, perte de biens, de ressources et de moyens de subsistance), énumèrent-ils.

«Par rapport aux effets directs, les effets indirects des (ouragans) pourraient se manifester à plus long terme et augmenter les risques d'apparition et de détérioration des maladies chroniques telles que les MCV, écrivent les auteurs de l'étude. Par exemple, des personnes peuvent avoir des problèmes de santé, y compris des accidents vasculaires cérébraux, en raison du stress, des traumatismes ou des changements dans les habitudes de vie (comme le régime alimentaire et l'exercice physique) à la suite d'un cyclone.»

Ces effets, préviennent-ils, «peuvent n'apparaître que plusieurs mois après l'événement».

«Ce n'est peut-être pas quelque chose qui va s'observer à très court terme, mais quelque chose qui peut être une accumulation de plusieurs sources de stress qui peuvent survenir au fil des mois suivant l'exposition à l'ouragan, puis évidemment, suivant l'exposition à tout le chambardement que ça peut créer», a expliqué M. Lavigne.

Les chercheurs rappellent que «les hommes et les personnes âgées de 20 à 59 ans sont susceptibles d'être plus mobiles et de participer aux efforts de reconstruction pendant et après une catastrophe naturelle, ce qui les expose potentiellement à des facteurs de stress physique et à des risques environnementaux plus importants qui amplifient le risque d'exacerbation et d'hospitalisation des maladies cardiovasculaires sous-jacentes».

En outre, poursuivent-ils, «la moins bonne qualité des logements, des infrastructures et de l'accès aux soins de santé, ainsi que la moindre sensibilisation à la préparation aux catastrophes des populations vivant dans des zones défavorisées, peuvent aggraver leur vulnérabilité et les conséquences des MCV pendant et après une catastrophe naturelle».

Le réchauffement planétaire entraînera vraisemblablement une multiplication des événements météorologiques extrêmes comme les ouragans, mais aussi une augmentation de leur intensité. Il importe donc de s'intéresser à leur impact sur la santé, a estimé M. Lavigne.

«Il faut essayer de mieux comprendre ces événements-là, a-t-il dit. Au Canada, les Maritimes sont vraiment aux premières loges des ouragans et de leurs effets délétères.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue Science Advances.

Jean-Benoit Legault

Jean-Benoit Legault

Journaliste