Environnement

Les objectifs d'émissions du Canada dorénavant inatteignables, selon Guilbeault

«Avec les annonces qu'il y a eu récemment», a expliqué Steven Guilbeault.

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da449813015499f1cf4c68ebb19a29759c6510237c6141d9ef5ec8b45537aec3.jpg Le député libéral Steven Guilbeault se lève pendant la période de questions au Parlement à Ottawa, le mercredi 26 novembre 2025. (Adrian Wyld/Adrian Wyld / La Presse Canadienne)

Le député libéral Steven Guilbeault a affirmé que le Canada ne pourra pas atteindre ses objectifs de 2030 de réduction des émissions de gaz à effet de serre «avec les annonces qu'il y a eu récemment» de la part du gouvernement fédéral. 

Lors de sa première sortie publique depuis sa démission du cabinet du premier ministre Mark Carney, dimanche soir à l'émission Tout le monde en parle de Radio-Canada, l'ex-ministre de l'Environnement a dit qu'il est nécessaire que des règlements soient en place pour que le Canada atteigne ses objectifs. 

«Puis là, en abandonnant plusieurs de ces mesures-là, ça devient impossible. Je veux dire, si on est honnête avec les Canadiens et les Canadiennes, on ne peut plus atteindre nos objectifs de 2030 avec les annonces qu'il y a eu récemment. Ce n'est pas possible», a déclaré celui qui était le ministre de l'Identité et de la Culture canadienne lorsqu'il a claqué la porte du conseil des ministres. 

Le député s'était auparavant fait connaître comme militant écologiste notoire pour Greenpeace et Équiterre.

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M. Guilbeault a démissionné cette semaine de son poste de ministre, se disant en désaccord avec le protocole d'entente signé avec l'Alberta pour favoriser la construction d'un oléoduc vers la côte Pacifique. 

Sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle, il a affirmé que cette entente a été «la goutte de trop». M. Guilbeault a dit avoir fait des compromis lors de ses années en politique, mais qu'il n'aurait pas été capable de défendre cette décision. 

«Dans un pays de 40 millions de personnes, tu sais que tu vas en perdre (des batailles), c'est normal. Mais oui, c'était la goutte de trop», a-t-il dit. 

«Cette décision-là, c'est un désaccord que j'ai avec le premier ministre sur la façon d'aborder la lutte aux changements climatiques. Mais, s'il y avait une élection demain matin, moi je vote pour Mark Carney», a déclaré M. Guilbeault, expliquant que c'est pour cela qu'il continue de siéger comme député libéral, dans la circonscription de Laurier—Sainte-Marie.

La feuille de route de l'entente avec l'Alberta, dévoilée jeudi par M. Carney et la première ministre albertaine, Danielle Smith, ouvre la porte à des changements concernant l'interdiction de la circulation de navires pétroliers sur la côte Pacifique.

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Elle prévoit aussi une exemption de l'Alberta au plafond fédéral des émissions de gaz à effet de serre pour les secteurs pétrolier et gazier.

Le protocole d'entente stipule également que la province n'aura pas à respecter le Règlement sur l’électricité propre visant à accroître la vente de véhicules électriques.

Dans une lettre diffusée sur les réseaux sociaux au moment de sa démission, M. Guilbeault a déploré que «plusieurs éléments du plan de lutte aux changements climatiques» sur lesquels il a travaillé «ont été, ou sont sur le point, d'être démantelés». 

Pour M. Guilbeault, la première ministre Smith n'est pas une partenaire fiable dans ces négociations. Il estime que l'entente de cette semaine a été faite pour faire «plaisir à cette dame-là qui ne sera jamais contente», et qui va revenir dans quelques mois pour en demander davantage. 

Défendre l'environnement et la culture

M. Guilbeault a affirmé que s'il n'a pas les mêmes outils comme député que comme ministre, il souhaite continuer d'être un allié pour l'environnement et la culture. 

Questionné par le coanimateur de la semaine, Jean-Sébastien Girard, à savoir s'il avait le sentiment d'abandonner le milieu de la culture en démissionnant de ses fonctions de ministre, M. Guilbeault a répondu avec un trémolo dans la voix. 

«Il y a tellement de choses que j'aurais voulu pouvoir faire avec eux autres encore. Mais, le sacrifice de faire ça, le prix était (trop cher) payé. Mais comme député libéral, je vais continuer d'être là et de travailleur pour eux», a-t-il soutenu. 

Il a aussi indiqué que comme député, il a une «plus grande marge de manoeuvre» pour ce qu'il peut dire. 

Avec des informations d'Émilie Bergeron à Ottawa

Coralie Laplante

Coralie Laplante

Journaliste