À la suite de la signature historique d'un protocole d'entente entre Ottawa et l'Alberta visant à jeter les bases d'un nouvel oléoduc — et de la démission du ministre de longue date Steven Guilbeault à ce sujet —, la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Julie Dabrusin, insiste sur le fait que le gouvernement fédéral ne revient pas sur sa politique climatique.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Jeudi, le premier ministre Mark Carney et la première ministre de l'Alberta Danielle Smith se sont engagés à prendre une série de mesures visant à renforcer la coopération sur les grands projets et à définir les conditions à remplir avant la construction d'un nouvel oléoduc vers le Pacifique.
Quelques heures plus tard, M. Guilbeault, qui a occupé le poste de ministre de l'Environnement pendant près de quatre ans sous l'ancien premier ministre Justin Trudeau, a démissionné du cabinet du premier ministre, déclarant sa forte opposition au protocole d'accord.
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«Au cours des derniers mois, plusieurs éléments du plan de lutte aux changements climatiques d’action climatique sur lequel j’ai travaillé comme ministre de l’Environnement ont été, ou sont sur le point d’être, démantelés», a ajouté M. Guilbeault, qui occupait les fonctions de ministre de l'Identité canadienne et de la Culture et de lieutenant de M. Carney au Québec au moment de sa démission.
Depuis l'élection de Carney, son gouvernement a supprimé la taxe carbone pour les consommateurs, suspendu l'objectif de 2026 pour les véhicules électriques et préparé le terrain pour ne pas procéder à la mise en œuvre du plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier.
Le protocole d'accord avec l'Alberta est allé encore plus loin, incluant des dispositions qui permettraient aux libéraux fédéraux de suspendre la réglementation sur l'électricité propre dans la province et, si nécessaire, d'accorder une exemption à l'interdiction fédérale des pétroliers.
Si Carney et son cabinet affirment leur engagement envers l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050, ils se montrent moins catégoriques quant aux étapes intermédiaires de 2030 et 2035.
Dans une entrevue qui sera diffusée dimanche à l'émission Question Period sur CTV, l'animatrice Vassy Kapelos a interrogé Mme Dabrusin sur les critiques de M. Guilbeault, a souligné l'abandon des politiques climatiques de l'ère Trudeau et a cité l'analyse du Canadian Climate Institute (CCI) qui a pris en compte chaque politique et les réductions d'émissions correspondantes, demandant comment les objectifs de 2030 et 2035 étaient mathématiquement possibles.
«Je ne suis pas d'accord avec l'idée que nous faisons marche arrière alors que nous nous sommes engagés à renforcer le prix du carbone industriel, à renforcer la réglementation sur le méthane, à étendre cette réglementation aux décharges et à construire des infrastructures qui, à long terme, nous aideront à évoluer vers un réseau électrique plus propre», a soutenu Mme Dabrusin.
Pressé par Mme Kapelos de savoir si le gouvernement allait admettre qu'il n'atteindrait pas les objectifs de 2030, citant à nouveau le CCI qui a déclaré cette semaine que le protocole d'accord risquait de compromettre la politique climatique du Canada, M. Dabrusin a répondu que les libéraux étaient «déterminés» à atteindre leurs objectifs.
«Le fait est que nous avons toujours su que ces objectifs étaient vraiment très ambitieux», a affirmé Mme Dabrusin.
«Nous aurions pu fixer des objectifs moins élevés, qui auraient été plus faciles à atteindre.»
«Nous savions que ces objectifs seraient plus difficiles à atteindre, mais nous devons faire ce travail», a-t-elle également déclaré, ajoutant que le gouvernement fédéral «a besoin que les provinces nous aident également à y parvenir».
Lorsqu'on lui a demandé à nouveau pourquoi les ministres fédéraux continuaient à dire aux Canadiens qu'ils atteindraient leurs objectifs climatiques sans preuve que ce serait le cas, Mme Dabrusin a évoqué la stratégie de compétitivité climatique, qui n'a pas encore été dévoilée, et les plans visant à renforcer le prix du carbone industriel et la réglementation sur le méthane.
«Mais dans tout ce que nous faisons, nous devons continuer à aller de l'avant et à réduire les émissions, à lutter contre le changement climatique», a-t-elle dit. «Cet engagement est toujours d'actualité, et il se manifeste à deux niveaux: d'une part, sur le plan réglementaire, mais d'autre part, en veillant à construire le réseau électrique dont nous avons besoin pour l'avenir.»


