Les ingénieurs qui travaillent au gouvernement du Québec vont entamer une grève générale illimitée à compter de 8h vendredi matin.
Ils passeront ainsi d'une grève de soir, de nuit et de fin de semaine à une grève illimitée.
Ces 2100 ingénieurs sont membres de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) — un grand syndicat indépendant des centrales. Ils travaillent principalement au ministère des Transports, ainsi qu'à ceux de l'Environnement, des Affaires municipales et de la Cybersécurité, par exemple.
Cette grève va donc affecter des chantiers de construction à différents degrés, prévient le président de l'association, Marc-André Martin.
«C'est beaucoup plus l'industrie de la construction qui va en pâtir. On va être à l'arrêt, à toutes fins près. Les travaux qui ne sont pas lancés ne se lanceront pas. Ceux qui ont débuté vont devoir arrêter en partie, en fonction de qui surveille quoi. Donc, pour monsieur et madame Tout-le-monde, peut-être que ça va être bénéfique; il va y avoir moins de cônes orange cet été. Mais pour le commun du contribuable, ce n'est pas des bonnes nouvelles, parce qu'on se doit de maintenir les infrastructures; c'est notre job», s'est exclamé M. Martin.
Les services essentiels seront assurés pour veiller à la santé et à la sécurité du public. De 200 à 300 ingénieurs y sont affectés, précise M. Martin.
Négociations
Aucune autre séance de négociation n'est prévue entre les parties, à l'heure actuelle.
«Le gouvernement nous a dit qu'il n'y a aucune perspective de règlement, donc ils ont mis fin à la négociation», a affirmé M. Martin.
«Il est inexact d'affirmer que le gouvernement a quitté la table. Il y a plusieurs mois que le gouvernement propose des rencontres, mais la partie syndicale ne met pas les efforts nécessaires pour faire avancer les négociations. D'ailleurs, nous avons même suggéré l'intervention d'un médiateur spécial, ce que le syndicat a refusé», a répliqué le cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
Les deux parties s'accusent mutuellement de négocier de mauvaise foi.
«Devant ces refus multiples, nous n'avons eu d'autre choix que de déposer une plainte de négociation de mauvaise foi à l'égard du syndicat des ingénieurs», rapporte le cabinet du Conseil du trésor.
Et l'APIGQ a elle aussi déposé une plainte de négociation de mauvaise foi contre Québec devant le Tribunal administratif du travail.
Le litige
À ce stade-ci des négociations, ce ne sont pas les augmentations salariales qui causent le désaccord.
Le gouvernement a offert aux ingénieurs 17,4 % d'augmentations salariales sur cinq ans, soit les mêmes augmentations qui ont été accordées à l'ensemble des employés de l'État. Les deux parties en conviennent.
«Évidemment, ce 17,4 % doit s'accompagner de contreparties en matière d'organisation du travail, ce que 98 % des salariés des secteurs public et parapublic ont accepté jusqu'à maintenant», a souligné le Conseil du trésor.
M. Martin affirme avoir «accepté les contreparties de Mme LeBel (Sonia, présidente du Conseil du trésor), sous certaines réserves».
Il maintient toutefois que «le gouvernement s'entête à nous offrir moins que ce que les 98 % autres ont signé». Il fait référence à une enveloppe sectorielle, donc dédiée à d'autres conditions de travail des ingénieurs. Il fait une comparaison avec les enseignants qui ont obtenu des aides à la classe pour les épauler dans leurs tâches.
Dans le cas des ingénieurs, c'est l'aménagement des lieux de travail qui pose problème. Il affirme que le gouvernement veut réaménager les locaux sous forme d'aires ouvertes, alors que ses membres veulent des aménagements qui favorisent la capacité de se concentrer.
«On tente de négocier le statu quo sur nos aménagements de bureau, c'est-à-dire minimalement conserver des paravents acoustiques, minimalement avoir un espace où on peut se concentrer et travailler et avoir des échanges avec nos confrères», résume M. Martin.
Le Conseil du trésor dit garder espoir pour la négociation. «Une entente est possible, mais pour cela, il faut que chaque partie soit disponible et encline pour échanger.»

