Des jeunes femmes rencontrées par Noovo Info déplorent ne pas se sentir en sécurité lors d’événements festifs à Montréal.
«C’est impossible que tu ressortes d’une soirée de club ou de festival sans t’être fait toucher une partie du corps par quelqu’un», dénonce Camille, 18 ans.
Et Camille n’est pas la seule à avoir vécu de telles expériences. Son amie Laurence estime que les événements festifs comme les clubs et les festivals ne sont pas des endroits vraiment sécuritaires pour les femmes.
L’étudiante au cégep admet qu’elle préfère sortir dans ces événements avec des amis masculins.
«Je ne me sens pas en sécurité», confie-t-elle.
«Je veux toujours avoir quelqu’un qui me défend parce que ça va arriver souvent dans des événements publics qui se passent à Montréal de me faire pogner une fesse, de me faire pogner une hanche et on ne se sent pas en sécurité après ça.»
Les agents de sécurité montrés du doigt
Le groupe de jeunes femmes rencontré par Noovo Info estime que les personnes engagées pour assurer la sécurité lors d’événements festifs détournent souvent le regard lorsque surviennent des incidents de violences à caractère sexuelle.
«Je trouve ça vraiment pas le fun parce que même si on va faire des plaintes, on va voir la sécurité, on fait comme "ah, ce gars-là fait quelque chose", ils vont aller le voir, ils vont lui dire deux, trois mots et ils vont partir parce qu'ils ont d'autres affaires à regarder dans le festival», explique Laurence.
Pamela Binette, coordonatrice des services d’intervention en milieu festif au Groupe de recherche et d'intervention psychosociale (GRIP) reconnaît que l’éducation des agents de sécurité est une tâche difficile.
Cette difficulté ne serait pas nécessairement causée par un manque d’ouverture selon elle, mais bien par un manque d’outils. Son organisme offre d’ailleurs des formations au personnel des événements festifs afin de les outiller et de les sensibiliser aux violences à caractère sexuel.
«Ce ne sont jamais les mêmes personnes, donc tout le travail que nous on fait avec une équipe de sécurité, le lendemain ou le surlendemain ça a peut-être complètement changé et c’est à recommencer», explique-t-elle.
Des brigades pour faire changer les choses
Afin de rendre les milieux festifs plus sécuritaires pour tous, le GRIP a mis en place le projet Spotlight qui fait de la prévention et de l’intervention en contexte de violence à caractère sexuel et de harcèlement dans divers événements montréalais.
«L'objectif, avec ce projet-là, c'est vraiment de participer et de contribuer à un changement de culture dans les milieux festifs et d'essayer à quelque part d'enlever le poids sur les victimes de se protéger lorsqu'elles fréquentent les milieux festifs», explique Mme Binette.
Pour le GRIP, ce changement de culture passe notamment par l’éducation et l’information. Leurs équipes sur le terrain distribuent donc une foule de ressource sur le consentement sexuel et expliquent aux festivaliers comment devenir des témoins actifs lors de situations de harcèlement.
Un témoin actif est une personne qui intervient ou prend la parole pour dénoncer une situation inacceptable qu’il observe.
Des initiatives de plus en plus populaire
Pamela Binette se réjouit de l’accueil très positif que reçoivent des initiatives comme son projet Spotlight. Elle indique que de plus en plus d’événements festifs ont recours à leurs services.
«On a vraiment l'impression qu'il y a vraiment un désir de changement du milieu de la culture en ce moment, en lien avec les violences à caractère sexuel, donc j'ai l'impression qu'on va peut-être voir de plus en plus de changements finalement chez les festivaliers et dans les comportements qu'on voit sur le terrain», estime-t-elle.
Les équipes du GRIP seront présentes dans différents festivals montréalais cet été. Le Festival d’été de Québec (FEQ), qui bat son plein ces jours-ci a lui aussi une Brigade «protectrice des femmes d'abord, qui se porte également à la défense de toute personne en situation de vulnérabilité.»
Le PDG de Bleufeu, qui est derrière le FEQ, Nicolas Racine, a rappelé les mesures qui étaient appliquées durant le festival. Voyez son entrevue avec Lisa-Marie Blais au bulletin Noovo Le Fil Québec dans la vidéo ci-dessous.
