L'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kristen Hillman affirme que d'importants progrès ont été réalisés avec ses homologues américains en matière de commerce, malgré la décision du président Donald Trump d'augmenter les droits de douane imposés au Canada à 35 % vendredi.
Mme Hillman, qui est également la négociatrice en chef du Canada avec les États-Unis, affirme que des échanges professionnels et constructifs ont eu lieu avec l'équipe du président américain tout au long de la semaine.
En fin de compte, a-t-elle ajouté, l'accord qui convenait au Canada n'était pas sur la table.
«Nous n'y sommes tout simplement pas encore, a confié Mme Hillman à La Presse Canadienne. Nous avons fait des progrès, mais nous n'y sommes pas encore.»
Bien que les derniers droits de douane imposés par Donald Trump semblent ahurissants, Mme Hillman souligne qu'il est important de rappeler qu'il existe une exception pour les marchandises conformes à l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
Elle a ajouté que tous les pays — à l'exception peut-être du Mexique — seraient prêts à échanger de place avec le Canada si cela était possible.
Jeudi, Donald Trump a accordé au Mexique une prolongation de 90 jours pour les négociations commerciales, repoussant ainsi l'échéance pour l'imposition de droits de douane de 30 % sur les marchandises mexicaines non conformes à l'ACEUM
Les responsables canadiens et américains sont restés largement muets sur l'état des négociations.
Mme Hillman a expliqué que ces discussions ont notamment porté sur des secteurs économiques vitaux, essentiels à la sécurité économique et nationale des deux pays, ainsi que sur la manière dont un Canada fort peut aider M. Trump à atteindre certains de ses objectifs nationaux.
«Nous avons, je pense, des positions uniques pour collaborer avec les États-Unis de manière tout à fait compatible afin de nous protéger contre les menaces posées par des produits commercialisés de manière déloyale, peut-être subventionnés, voire vendus à bas prix, qui compromettent la survie de nos secteurs en créant des conditions de concurrence inéquitables», a souligné la diplomate.
Les responsables canadiens et américains ont également évoqué des irritants des deux côtés de la frontière liés aux politiques réglementaires, a ajouté Mme Hillman.
M. Trump se plaint depuis longtemps du Canada, dénaturant les secteurs agricole et laitier et critiquant ses dépenses en matière de défense. Interrogé jeudi sur le blocage des négociations canadiennes, le président américain soutenu que le Canada devait «payer un prix équitable».
Un responsable de la Maison-Blanche, en marge de la réunion, a confié que le Canada avait fait preuve d'un manque de sérieux dans les discussions commerciales concernant la suppression des barrières commerciales.
L'ambassadrice, qui n'est pas découragée par l'augmentation des droits de douane, a affirmé qu'il restait encore du travail à faire, notamment sur les droits de douane sectoriels imposés par M. Trump sur l'acier, l'aluminium et l'automobile.
«Il s'agit maintenant de poursuivre ces discussions», a-t-elle soutenu.
Les responsables canadiens ont fait pression pour que ces droits de douane sectoriels soient supprimés de tout accord, et le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a laissé entendre jeudi qu'il existait une marge de négociation sur les droits de douane sur l'aluminium.
M. Bessent a déclaré à CNBC que les camions Ford utilisent beaucoup d'aluminium, il compte ainsi «négocier avec le Canada à ce sujet».
Les États-Unis dépendent fortement des importations d'aluminium et n'ont pas la capacité nationale de compenser ce qu'ils achètent au Canada.
L'ambassadrice Hillman a déclaré que les prix de l'aluminium aux États-Unis sont désormais 50 % plus élevés que dans le reste du monde en raison des droits de douane imposés par Donald Trump.
«Des discussions très animées ont lieu aux États-Unis entre les consommateurs d'aluminium américains, c'est-à-dire les entreprises qui utilisent ce produit, et leur propre gouvernement», a-t-elle raconté.
MM. Carney et Trump sont en contact assez régulier, a ajouté Mme Hillman, mais le premier ministre a clairement indiqué qu'il n'accepterait que l'accord le plus avantageux pour le Canada.
«Nous ferons de notre mieux pour faire avancer les choses et parvenir à une situation stable le plus tôt possible, mais en fin de compte, l'essentiel est d'obtenir le meilleur accord pour le Canada», a-t-elle conclu.

