Le bloc des BRICS, composé de pays en développement, a condamné dimanche l'augmentation des droits de douane et les attaques contre l'Iran, sans toutefois nommer le président américain Donald Trump. La déclaration du groupe, qui visait également les actions militaires d'Israël au Moyen-Orient, a épargné toute critique à la Russie, qui fait partie du regroupement, et n'a mentionné qu'une seule fois l'Ukraine, déchirée par la guerre.
Ce sommet de deux jours a été marqué par l'absence de deux de ses membres les plus puissants. Le président chinois Xi Jinping a dû manquer le sommet des BRICS pour la première fois depuis son accession à la présidence en 2012. Le président russe Vladimir Poutine, qui s'exprimait par visioconférence, continue pour sa part d'éviter de se rendre à l'étranger en raison d'un mandat d'arrêt international émis après l'invasion russe de l'Ukraine.
Dans une attaque indirecte contre les États-Unis, la déclaration du groupe a soulevé de «sérieuses inquiétudes» concernant la hausse des droits de douane, jugée «incompatible avec les règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)». Les BRICS ont ajouté que ces restrictions «menacent de réduire le commerce mondial, de perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales et de générer de l'incertitude».
Le président Trump, dans une publication sur ses réseaux sociaux dimanche soir, a déclaré que tout pays s'alignant sur la «politique anti-américaine des BRICS» se verrait imposer des droits de douane supplémentaires de 10%.
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Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, hôte du sommet, a critiqué la décision de l'OTAN d'augmenter les d épenses militaires à 5 % du PIB par an d'ici 2035. Ce sentiment a ensuite été repris dans la déclaration du groupe.
«Il est toujours plus facile d'investir dans la guerre que dans la paix», a déclaré M. Lula à l'ouverture du sommet, qui doit se poursuivre lundi.
L'Iran présent
Le président iranien Massoud Pezeshkian, qui devait assister au sommet avant les attaques contre son pays en juin, a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, à la réunion de Rio.
La déclaration du groupe critique les attaques contre l'Iran sans mentionner les États-Unis ni Israël, les deux pays qui les ont menées.
Dans son discours, M. Araghchi a déclaré aux dirigeants qu'il avait fait pression pour que chaque membre des Nations Unies condamne fermement Israël. Il a ajouté qu'Israël et les États-Unis devraient être tenus responsables des violations des droits de la personne. Le ministre iranien des Affaires étrangères a soutenu que les conséquences de la guerre «ne se limiteront pas» à un seul pays.
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«Toute la région et au-delà seront négativement impactés», a prévenu M. Araghchi.
Les dirigeants des BRICS ont exprimé leur «vive inquiétude» face à la situation humanitaire à Gaza, ont appelé à la libération de tous les otages, à un retour à la table des négociations et ont réaffirmé leur engagement en faveur de la solution à deux États.
Plus tard, le ministre iranien des Affaires étrangères, M. Araghchi, a affirmé dans une déclaration distincte que son gouvernement avait exprimé ses réserves concernant la solution à deux États, affirmant qu'elle ne fonctionnerait pas «tout comme elle n'a pas fonctionné par le passé».
Le ministère russe des Affaires étrangères a pour sa part nommé directement les États-Unis et Israël dans sa déclaration distincte, en plus de condamner les « frappes militaires non provoquées » contre l'Iran.
Éviter la colère de Donald Trump
Alors que Lula a plaidé dimanche en faveur d'une réforme des institutions mondiales dirigées par l'Occident, le Brésil souhaitait éviter d'être la cible de droits de douane plus élevés.
Le président Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 100 % au bloc s'il prenait des mesures visant à affaiblir le dollar. L'année dernière, lors du sommet organisé par la Russie à Kazan, le Kremlin a cherché à développer des alternatives aux systèmes de paiement dominés par les États-Unis, ce qui lui permettrait d'échapper aux sanctions occidentales imposées après le début de la guerre en Ukraine.
Suite au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le Brésil a décidé de se concentrer sur des questions moins controversées lors du sommet, telles que la promotion des relations commerciales entre ses membres et la santé mondiale, a expliqué Ana Garcia, professeure à l'Université fédérale rurale de Rio de Janeiro.
«Le Brésil souhaite minimiser les dommages et éviter d'attirer l'attention de l'administration Trump afin de prévenir tout risque pour l'économie brésilienne», a-t-elle soutenu.
