C’est officiel : le Québec a établi un nouveau record pour le plus grand nombre de véhicules volés récupérés en une année par les agents frontaliers canadiens.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
Alors qu’il reste un peu plus d’un mois dans l’année, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) indique que les agents ont intercepté 1213 véhicules volés (et ce n’est pas fini) au port de Montréal jusqu’à présent en 2024, battant ainsi le record de l’année dernière qui était de 1204 véhicules.
Les dernières statistiques du gouvernement fédéral ne surprendront peut-être pas ceux qui vivent à Montréal ou qui y sont allés et qui ont vu leur voiture disparaître du jour au lendemain.
Les chiffres de l’ASFC sont mis à jour mensuellement et ont été actualisés pour la dernière fois le 7 novembre.
À titre de comparaison, 650 véhicules volés en Ontario ont été saisis par les agents frontaliers jusqu’à présent. Près de 60 % des 2108 voitures volées saisies par l’ASFC dans les cours de triage et les ports canadiens en 2024 se trouvaient au Québec.
Le chiffre pour l’ensemble du Canada est également un nouveau record, dépassant les 1806 saisies de 2023.
La plupart des voitures volées au Canada sont acheminées par le port de Montréal où elles sont expédiées à l’étranger, principalement en Afrique et au Moyen-Orient.
Malgré les chiffres élevés enregistrés au Québec, le gouvernement fédéral affirme que les vols de voitures sont en baisse cette année, citant une modeste diminution de 19 % des demandes d’indemnisation au titre de l’assurance automobile.
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La ministre des Transports, Anita Anand, a souligné le mois dernier que ces chiffres indiquaient que la stratégie du gouvernement fédéral en matière de vol de voitures portait ses fruits. En février, le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi de 28 millions de dollars à l’ASFC pour la détection et la fouille des conteneurs.
L’ASFC a déclaré à CTV News qu’elle prévoyait d’utiliser ces fonds pour renforcer l’échange de renseignements avec les forces de l’ordre afin d’identifier les criminels impliqués dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules volés.
«Il s’agit notamment de continuer à explorer, tester et, en cas d’efficacité dissuasive, acquérir de nouvelles technologies de détection pour améliorer l’interception des véhicules volés et utiliser des outils analytiques avancés, tels que l’intelligence artificielle», a dit l’agence dans un communiqué.
Salvatore Barbieri, surintendant de l’ASFC au port de Montréal, a affirmé que les agents frontaliers pouvaient être réaffectés en cas de besoin.
«Si nous avons besoin de plus d’agents, les agents ici sont formés pour être affectés à diverses tâches. Et si nous devons nous concentrer davantage sur l’examen des conteneurs contenant des véhicules, nous nous adapterons en conséquence», a-t-il mentionné lors d’une interview.
Les saisies records réalisées au Québec ne surprennent pas Bryan Gast, vice-président des services d’enquête de l’association Équité, une organisation de lutte contre la criminalité financée par des compagnies d’assurance.
M. Gast, ancien agent de la police provinciale de l’Ontario, estime que cette saisie record est le résultat direct de l’investissement du gouvernement fédéral dans la lutte contre le vol de voitures et d’une meilleure collaboration entre les forces de l’ordre, qui «travaillent main dans la main».
«Le partenariat est excellent. Le partenariat privé-public, y compris nos enquêteurs, fait partie de ce processus. Je pense que c’est vraiment ce qui montre les signes positifs que nous commençons à voir, en particulier en ce qui concerne l’exportation», a affirmé M. Gast lors d’une interview.
Selon lui, les forces de police font appel aux experts d’Équité pour examiner les voitures que l’on pense être volées.
«Ils peuvent procéder à une expertise complète d’un véhicule afin de déterminer sa véritable identité et de savoir s’il s’agit d’un véhicule volé. Nous fournissons donc cette expertise à l’ASFC et aux forces de l’ordre», a-t-il souligné. «Toutes les forces de l’ordre ne disposent pas d’unités spécialisées dans ce domaine, c’est pourquoi il s’agit d’un très bon partenariat. Nous pouvons fournir cette expertise et cela fonctionne très bien.»
Empêcher le vol de voitures dès le départ
M. Gast reconnaît que ce que font sa police et les enquêteurs d’Équité est «réactionnaire», et qu’il est beaucoup plus difficile d’empêcher les voitures d’être volées avant qu’elles ne se retrouvent dans un conteneur d’expédition. Depuis 2007, toutes les voitures vendues au Canada sont équipées d’un dispositif d’immobilisation, mais celui-ci n’a pas été mis à jour depuis. Il incombe donc aux fabricants de le moderniser afin de rendre le véhicule plus difficile à sceller.
Le mois dernier, le gouvernement fédéral a également contacté les provinces et les territoires pour leur demander de participer à des réunions sur la modification des numéros d’identification des véhicules (NIV) sur les véhicules volés qui sont ensuite revendus — un processus connu sous le nom de «re-vinning» (ré-épinglage).
Le bureau de la ministre Anand a déclaré que l’échange interprovincial d’enregistrements peut aider à détecter le ré-étalonnage et que toutes les provinces et tous les territoires doivent participer pleinement au système.
CTV News a contacté le gouvernement du Québec pour savoir s’il participerait, mais n’a pas reçu de réponse avant l’heure de publication.


