Le pape Léon XIV s'apprête à effectuer son premier voyage à l'étranger: un pèlerinage délicat en Turquie et au Liban, compte tenu des tensions au Moyen-Orient.
Le souverain pontife accomplit un voyage que le pape François avait prévu de faire pour marquer un anniversaire important avec l'Église orthodoxe en Turquie. Il voudra ensuite au Liban redonner espoir aux chrétiens du pays, ainsi qu'aux Libanais de toutes confessions qui réclament encore justice après l'explosion au port de Beyrouth de 2020.
Le premier pape américain prévoit de prononcer tous ses discours en Turquie en anglais, puis d'alterner entre l'anglais et le français au Liban, délaissant l'italien du Vatican au profit de langues plus largement comprises.
Tous les regards seront tournés vers la conférence de presse que le pape tiendra à bord de son vol du 2 décembre, lors de son retour à Rome. Ces conférences de presse en avion ont donné lieu à de nombreuses déclarations controversées de François au cours de ses 12 années de papauté, à commencer par sa première, en 2013, lorsqu'il a déclaré «qui suis-je pour juger» à propos d'un prêtre prétendument homosexuel.
Léon s'est jusqu'à présent montré beaucoup plus prudent et diplomate que son prédécesseur.
Relations entre catholiques et orthodoxes
La principale raison de ce voyage en Turquie, première étape du périple du 27 novembre au 2 décembre, est de marquer le 1700e anniversaire du concile de Nicée, le premier concile œcuménique du christianisme.
Le pape priera avec le patriarche œcuménique Bartholomée, chef spirituel des orthodoxes, sur le site de la réunion de l'an 325. Ils signeront une déclaration commune en signe visible de l'unité chrétienne.
Les Églises catholiques et orthodoxes étaient unies jusqu'au Grand Schisme de 1054, une division précipitée en grande partie par des désaccords sur la primauté du pape.
«Nous comprenons tous que mille ans de division ont infligé une blessure profonde qui ne peut être guérie facilement, a récemment déclaré Bartholomée au quotidien grec Kathimerini. Nous avons cependant l'obligation de travailler à guérir cette blessure, réparer les dommages, construire des ponts et restaurer l'unité.»
Paix au Moyen-Orient
Cette visite offrira également à Léon XIV plusieurs occasions de s'exprimer sur les tensions régionales en général, les relations entre catholiques et musulmans et la présence déclinante des chrétiens au Moyen-Orient.
Les membres du clergé de la région affirment que le soutien sans faille du Vatican aux Palestiniens de Gaza pendant la guerre entre Israël et le Hamas, d'abord sous François, puis sous Léon, a renforcé la crédibilité de l'Église auprès des musulmans ordinaires.
«À un moment où de nombreuses puissances occidentales hésitaient sur la question de Gaza, François, puis Léon, se sont montrés très fermes. Il ne s'est pas rendu à Gaza, mais il semble avoir dit tout ce qu'il pouvait dire», a soutenu le révérend Paolo Pugliese, supérieur des frères capucins en Turquie.
Les conflits régionaux ne se sont toutefois pas apaisés: dimanche, Israël a lancé une frappe aérienne sur la capitale libanaise, tuant le chef d'état-major du Hezbollah et quatre autres personnes.
Cette frappe n'a fait que renforcer les préoccupations sécuritaires qui accompagnent souvent les voyages du pape. Mais les organisateurs ont insisté sur le fait que Léon serait en sécurité.
«Ça s'est produit, mais ça n'affecte pas les lieux où se rend le pape», a expliqué Mgr George Bacouni, archevêque de l'archéparchie grecque-melkite de Beyrouth.
Selon les organisateurs, le pape pourrait tout au plus être gêné par les drones israéliens qui survolent Beyrouth.
Le Vatican a indiqué qu'aucune mesure de sécurité supplémentaire n'avait été prise, bien que le porte-parole Matteo Bruni a refusé de révéler si les voitures papales étaient blindées.
Léon ne se rendra pas dans le sud du Liban, ravagé par la guerre de l'année dernière entre Israël et le groupe militant libanais Hezbollah et théâtre d'attaques israéliennes intensifiées ces dernières semaines.
Les groupes chrétiens du sud pays avaient fait pression pour que le pape se rende dans la région et ont fait circuler une nouvelle pétition cette semaine.
