Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) a appelé les dirigeants du monde à placer les humains au-dessus des profits et à sortir des énergies fossiles.
António Guterres a demandé aux leaders des pays les plus riches de «suivre la science», jeudi matin, à son arrivée à la COP30 sur les changements climatiques à Belém, au Brésil.
«Nous sommes au pied du mur, et le monde entier a les yeux rivés sur Belém. Les communautés en première ligne observent, elles aussi, impuissantes face aux inondations, aux récoltes perdues, aux moyens de subsistance anéantis» et «elles se demandent: combien de temps devrons-nous encore souffrir?» a lancé le secrétaire général de l’ONU au début de son discours.
«Après des décennies de déni et de délais de la part de beaucoup, la science nous dit qu’un dépassement temporaire de 1,5 degré – au plus tard au début des années 2030 – est devenu inévitable. Nous savons ce que cela signifie: plus de chaleur et de famine, plus de catastrophes et de déplacements de population et un risque accru de franchir des points de basculement climatique, provoquant des dégâts irréversibles.»
Le monde peut encore faire baisser l’augmentation des températures mondiales sous la barre des 1,5 degré avant la fin du siècle, selon M. Guterres, mais il faut agir maintenant pour que ce dépassement soit «le plus court et le plus faible possible».
António Guterres a fait référence à un récent rapport onusien qui indique que les plans climatiques nationaux actuels, même s’ils sont pleinement respectés, nous entraîneraient sur une trajectoire bien au-delà de deux degrés de réchauffement climatique.
«C’est une condamnation à mort pour beaucoup. Ces plans nationaux doivent constituer un minimum, et non un maximum.»
«Nous devons agir beaucoup plus vite, en réduisant de façon draconienne les émissions.»
Abandonner les énergies fossiles
Le secrétaire général a rappelé que les pays développés doivent mobiliser «au moins 300 milliards de dollars américains d’ici 2035 chaque année» et «atteindre 1,3 billion de dollars américains par an d’ici 2035», pour soutenir les pays les plus vulnérables comme il a été convenu de faire lors de la COP29.
Pour limiter les souffrances qu’entraînera un monde où l’augmentation des températures ira au-delà de deux degrés, les pays «doivent entamer une transition juste, ordonnée et équitable pour abandonner les énergies fossiles» comme il a été convenu lors de la COP28 à Dubaï il y a deux ans.
«C'est une nécessité climatique et un test de stabilité économique, de sécurité énergétique et de gouvernance responsable. Nous devons mettre fin aux distorsions du marché qui favorisent les énergies fossiles», a indiqué le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies en invitant les nations à lutter contre la désinformation qui vise à dérailler la transition.
En attendant Trump
Après son discours, un journaliste a demandé à M. Guterres «quel message» celui-ci espérait envoyer à Donald Trump.
«Nous vous attendons», a répondu M. Guterres.
L’attente pourrait toutefois être longue si on se fie aux paroles du président américain.
Quelques heures plus tôt à Washington, le président Trump a une fois de plus qualifié les changements climatiques de «canular» et indiqué que les éoliennes étaient un «désastre» qui «ruinent les paysages» et qui ne «fonctionnent pas», lors d’un sommet sur l’investissement entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis. Les énergies «qui fonctionnent» sont «le pétrole, le gaz et le nucléaire», a indiqué Donald Trump.
Lorsqu’un journaliste a demandé au secrétaire de l’ONU s’il croyait possible que le président américain change d’idée sur les changements climatiques, le dirigeant onusien a répondu que «l'espoir est la dernière chose à mourir».

