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«Je pourrais comprendre si au gouvernement on voulait couper dans les salaires ou les conditions de travail des infirmières et des enseignants. Mais c’est le contraire, on veut améliorer leurs conditions!», écrit le premier ministre.
Le premier ministre François Legault demande plus de «flexibilité» dans les conventions collectives pour «changer le fonctionnement» du réseau de la santé, assurant qu'il ne s'agit aucunement de «réduire les avantages» des infirmières.
À un mois de l'échéance des conventions collectives dans le secteur public, M. Legault est revenu à la charge par le biais d'une publication sur les réseaux sociaux, samedi matin.
J’espère sincèrement que les dirigeants syndicaux vont rapidement accepter de faire partie de la solution. On les attend. pic.twitter.com/CD7rR0HxLF
— François Legault (@francoislegault) February 25, 2023
La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) tenait vendredi sa troisième journée de négociation avec Québec, pendant que le front commun intersyndical se plaignait lui aussi du peu de rencontres de négociation tenues à ce jour.
Les syndicats du secteur public ont été passablement irrités cette semaine par l'envoi par courriel d'une nouvelle offre de Québec touchant les conditions de travail des enseignants, infirmières et psychologues.
C'est que ceux-ci ont ont tous refusé de participer aux forums de discussions orchestrés par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, n'y voyant pour le gouvernement qu'une manière de gagner du temps et de se perdre dans un plus grand ensemble. Pour eux, les problèmes sont connus et ils doivent être réglés aux «vraies» tables de négociation.
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Dans sa publication samedi matin, M. Legault déplore leur absence à ces forums, soutenant que les «dirigeants syndicaux sont dans une logique de fermeture et ne veulent pas venir discuter autrement pour changer les choses».
«Je pourrais comprendre si au gouvernement on voulait couper dans les salaires ou les conditions de travail des infirmières et des enseignants. Mais c’est le contraire, on veut améliorer leurs conditions!», écrit le premier ministre.
S'il dit «espérer sincèrement» que les dirigeants syndicaux vont «rapidement accepter de faire partie de la solution», M. Legault cherche surtout à gagner l'appui de la population et des travailleurs en santé et en éducation.
«En attendant, c’est vous qui attendez à l’urgence et les infirmières qui travaillent dans des conditions difficiles. En attendant, les enseignants travaillent dans des conditions qui ne sont pas idéales», écrit-il.
«Pour réussir à vous donner des services plus performants et plus humains, on a d’abord et avant tout besoin de plus de flexibilité dans les conventions collectives», affirme aussi M. Legault.
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Le premier ministre assure que son gouvernement souhaite «éliminer les irritants, éliminer le travail supplémentaire obligatoire, offrir des horaires qui permettent d’avoir une vie personnelle, une vie de famille normale».
«On comprend les infirmières qui tiennent le réseau public à bout de bras de ne pas vouloir perdre leurs avantages. Il faut trouver des solutions qui vont être gagnantes pour tout le monde et pour ça, il faut discuter», dit M. Legault.
Il affirme que «c’est la même chose en éducation» et évoque l'ajout de personnel dans les classes difficiles pour aider les enseignants.
Pour la présidente du plus gros syndicat au Québec, Magali Picard, de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), qui représente plus de 600 000 membres syndiqués au Québec, le réveil a été plutôt brutal à la lecture du long message du premier ministre sur les réseaux sociaux.
En entrevue à La Presse Canadienne samedi, Mme Picard a déploré que le message véhiculé par le premier ministre Legault fût «faux». Elle accuse même François Legault et son gouvernement de faire de la «désinformation».
«Tout ça est un grand mensonge! Les syndicats sont plus que prêts à négocier», laisse tomber Mme Picard, qui se sent directement interpellée par le message du premier ministre, même s'il s'adresse particulièrement aux infirmières.
«François Legault ne parle pas uniquement des infirmières actuellement. François Legault parle du réseau de la santé, donc ça comprend les préposés aux bénéficiaires, les gens de la salubrité, nos travailleurs qui sont des professionnels de la santé, comme les psychologues, les psychoéducateurs, donc il parle à une grande partie des travailleurs et travailleuses qui sont syndiqués, avec des syndicats affiliés à la FTQ.»
Par ailleurs, elle soutient que les forums de discussions proposés par le gouvernement du Québec ne font même pas partie `d'un cadre légal' permettant d'aller de l'avant avec des négociations, où des propositions peuvent être soumises à des pourparlers.
«La journée où l'on se présente-là, on va jaser, mais lorsque ce sera le temps d'entériner ça, le gouvernement peut faire marche arrière et on n'a aucun moyen de dire que ce n'est pas ce qui a été négocié.»
«On est plus dans une période où l'on a du temps de faire du bla-bla. Là ce qu'il faut c'est de s'asseoir, négocier, entériner ces négociations-là et amener le plus rapidement possible des changements dans les milieux de travail de tout ce monde-là qui tient le Québec à bout de bras depuis des années», martèle la présidente de la FTQ.
Enfin, Magali Picard dit ne pas comprendre la stratégie derrière cette sortie publique de M. Legault.
«Le premier ministre a tout le loisir de faire ces propositions-là aux tables de négociation. Pourquoi le gouvernement décide d'aller de l'avant avec des forums? Je n'ai aucune espèce d'idée. Pourquoi on sort du cadre légal? Je n'en ai aucune espèce d'idée. Qu'est-ce qu'il a à gagner? En ce qui me concerne, autre que de gagner du temps...rien. Est-ce que c'est parce que dans le fond, ils n'ont pas un vrai plan, ils n'ont pas de vraies solutions?», questionne alors ouvertement la présidente de la FTQ.
Sur la scène politique, le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, y va de cette explication.
«Tout le monde comprend la stratégie de François Legault: monter l'opinion publique contre les syndicats pour excuser ses échecs. Au lieu de se chicaner sur Facebook, il devrait écouter les gens sur le terrain.»
Pour sa part, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a indiqué que l'on n'accordait aucune entrevue, samedi, au sujet de la publication du premier ministre sur les réseaux sociaux. Le syndicat qui représente quelque 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques dit souhaiter poursuivre les négociations. Une quatrième journée est prévue le 9 mars.