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Jacques Poulin, auteur marquant de «Volkswagen Blues», est décédé

«Il a enrichi la littérature québécoise par sa sensibilité unique et inaltérable, empreinte d’américanité française et de tendresse.»

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L'écrivain Jacques Poulin, à qui l'on doit les romans Volkswagen Blues et Le vieux Chagrin, est décédé à Québec, jeudi, à quelques jours de ses 88 ans. (D.R | Via Leméac éditeur sur Facebook )

L'écrivain Jacques Poulin, à qui l'on doit les romans Volkswagen Blues et Le vieux Chagrin, est décédé à Québec, jeudi, à quelques jours de ses 88 ans.

Son éditeur, Pierre Filion, en a fait l'annonce jeudi matin, en soulignant son héritage marquant à la littérature québécoise.

«Il a enrichi la littérature québécoise par sa sensibilité unique et inaltérable, empreinte d’américanité française et de tendresse.»
-Pierre Filion, éditeur

«Son œuvre fait partie des piliers de la littérature québécoise moderne, lui ayant insufflé qualité et exigence dans l’écriture, grande justesse et ferveur dans la prospection profonde des difficiles sentiments humains», a-t-il souligné dans un hommage écrit transmis aux journalistes.

M. Filion a précisé que la famille de Jacques Poulin souhaitait organiser des funérailles «dans la plus stricte intimité». M. Poulin avait 87 ans; il allait fêter son 88e anniversaire le 23 septembre.

L'écrivain québécois, qui a passé plusieurs années à Paris, et qui a vécu et écrit sur l'île d'Orléans et dans le Vieux-Québec, a obtenu de nombreuses distinctions, notamment les prix Athanase-David et Gilles-Corbeil pour l'ensemble de son œuvre.

Son premier roman, Mon cheval pour un royaum, sur un caléchier du Vieux-Québec, a été publié en 1967, et une douzaine d'autres ont suivi.

En 2015, Jacques Poulin livrait «Un jukebox dans la tête», dans lequel son alter ego, Jack Waterman, raconte comment un chalet de l'île d'Orléans est passé au feu, un récit ancré dans la réalité.

Dans Volkswagen Blues, qui a reçu le prix Canada-Belgique en 1984 et a été traduit dans sept langues, Jack Waterman est un écrivain qui part de Gaspé à la recherche de son frère Théo aux États-Unis, dans un voyage marqué par la déconstruction de grands mythes américains. Il fera la grande traversée en compagnie d’une jeune métisse surnommée affectueusement la Grande Sauterelle.

Dans Les yeux bleus de Mistassini, Jack Waterman est atteint de la «maladie d’Eisenhower», son esprit étant rempli de souvenirs d'enfance, de vieilles chansons et d'amours anciens, avec une vie qui ne tient plus qu’à un fil. À ses côtés se trouvent le jeune Jimmy et sa sœur Mistassini, la douce rebelle.

Jacques Poulin a toujours été fasciné par la nature humaine, la difficulté de communiquer et le bonheur que l'on parvient seulement à effleurer.

Sur la page des Prix du Québec, on souligne l'«immense tendresse» qui émane des personnages et de l'écriture de l'auteur né le 23 septembre 1937 à Saint-Gédéon-de-Beauce, dans Chaudière-Appalaches.

On évoque sa capacité exceptionnelle à jouer avec le quotidien et ses univers habités par les livres, l’écriture, l’amour et la douleur de vivre.

Dans une entrevue accordée à Denise Bombardier à Radio-Canada pour la sortie du livre «Le vieux Chagrin» en 1990, Jacques Poulin affirmait qu'écrire un roman, c'est pouvoir «corriger ce qui nous déplaît dans la réalité», ajoutant qu'il préférait pour ses récits un «monde moins violent» que celui qui nous entoure.

Ses «œuvres complètes» ont fait l'objet d'un recueil chez Leméac Éditeur en 2021.

Bon nombre de ses livres ont été traduits en anglais par Sheila Fischman, traductrice de Marie-Claire Blais, Gaétan Soucy, Michel Tremblay et plusieurs autres auteurs québécois.

Avec les informations de Vicky Fragasso-Marquis à Montréal