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Le Sénat américain adopte de justesse le méga projet de loi budgétaire de Trump

Depuis près d'une semaine, le président américain fait le forcing auprès des parlementaires pour faire passer ce texte phare avant le 4 juillet, jour de la fête nationale.

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Le côté Sénat du Capitole est vu à Washington, tôt le lundi 30 juin 2025, alors que les Républicains prévoient d'entamer une dernière poussée pour faire avancer le grand paquet d'allégements fiscaux et de réductions des dépenses du président Donald T... Le côté Sénat du Capitole est vu à Washington, tôt le lundi 30 juin 2025, alors que les Républicains prévoient d'entamer une dernière poussée pour faire avancer le grand paquet d'allégements fiscaux et de réductions des dépenses du président Donald Trump. (The Associated Press)

Le Sénat américain a finalement adopté mardi le méga projet de loi budgétaire du président Donald Trump.

Malgré leur majorité à la chambre haute du Congrès, les républicains ont mis longtemps à s'entendre sur plusieurs aspects du texte et leurs responsables jouaient la montre jusque-là afin de retarder un vote final périlleux sur ce texte à plusieurs milliers de milliards de dollars.

Avant cela, Donald Trump avait affiché un optimisme prudent devant la presse sur la possibilité d'une adoption rapide de sa «grande et belle loi», comme il l'a lui-même baptisée, en déclarant: «Bientôt, j'espère.»

Depuis près d'une semaine, le président américain faisait le forcing auprès des parlementaires pour faire passer ce texte phare avant le 4 juillet, jour de la fête nationale que le républicain de 79 ans a fixé comme échéance symbolique pour la promulgation.

Explosion du déficit

Enjeux principaux de la «One Big Beautiful Bill»: la prolongation de colossaux crédits d'impôt adoptés lors de son premier mandat, mais aussi l'élimination de l'imposition sur les pourboires, ou encore des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l'immigration.

Mais experts comme politiques montrent du doigt l'explosion attendue du déficit de l'État fédéral.

Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d'évaluer de manière non partisane l'impact des projets de loi sur les finances publiques, estime que le texte augmenterait la dette de plus de 3000 milliards de dollars d'ici 2034.

L'extension des «crédits d'impôt Trump» coûterait à elle seule 4500 milliards. Pour la compenser en partie, les républicains ont prévu notamment de sabrer dans Medicaid, programme public d'assurance santé dont dépendent des millions d'Américains aux revenus modestes.

Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également au programme, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales aux énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.

Donald Trump, qui a fait de ce projet de loi une pièce tournante de son programme économique pour ce second mandat, fait cependant face aux réticences marquées de certains sénateurs de son propre camp, épouvantés par les risques électoraux de ces coupes majeures.

Trump vs Musk

Il n'est pas sûr non plus que certains élus conservateurs de la Chambre des représentants acceptent les changements apportés par le Sénat à leur version. Or, les républicains n'y disposent que d'une fine majorité et les démocrates sont opposés en bloc au projet de loi.

A ces querelles internes, est venue s'ajouter lundi l'opposition franche et bruyante d'Elon Musk, qui a dénoncé l'impact du texte sur la dette publique.

Ancien proche allié de Donald Trump, il avait été chargé de sabrer dans les dépenses de l'État fédéral avec sa commission Doge avant que les deux milliardaires ne se brouillent de manière spectaculaire à la face du monde.

«Nous vivons dans un pays au parti unique: le parti des cochons qui se goinfrent», a cinglé le patron de SpaceX et Tesla sur son réseau social X.

L'homme le plus riche de la planète a mis en garde: si le «One Big Beautiful Bill» est adoptée, il lancera un nouveau parti et financera la campagne aux primaires républicaines de candidats opposés aux parlementaires actuels.

Donald Trump lui a répondu de manière sèche mardi, avec une menace à peine voilée.

«Il est très fâché, mais vous savez, il pourrait perdre bien plus que ça», a déclaré le président américain, suggérant de demander à Doge d'examiner les nombreuses affaires des entreprises d'Elon Musk avec l'État fédéral.