Politique

Le NPD a perdu le pouls de ses partisans, déplore Charlie Angus

M. Angus croit que le parti a perdu le pouls d'un grand nombre de partisans qui ont préféré donner leur appui aux conservateurs.

Mis à jour

Publié

dcb54520cf0a7e542390fe4599ffc13631be6c411a00e8640025382d6ba500d4.jpg L'ancien député néo-démocrate Charlie Angus parle lors d'une conférence de presse, à Ottawa, le 5 mars 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld ( LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld)

Charlie Angus, un ancien député néo-démocrate d'une circonscription du nord de l'Ontario, déplore le style de campagne de son parti, trop axée sur le chef, selon lui.

M. Angus croit que le parti a perdu le pouls d'un grand nombre de partisans qui ont préféré donner leur appui aux conservateurs.

Celui qui fut pendant plus de 20 ans député de Timmins—Baie James juge que la défaite a été catastrophique.

Selon lui, les organisateurs ont trop tenté de vendre le chef Jagmeet Singh. Ils se sont trop peu préoccupés de promouvoir les politiques prônées par le parti.

«Il est vraiment dangereux de nous dire que nous avons simplement été les victimes d'un vote stratégique, que c'était dans l'air du temps, que nous ne pouvions rien y faire, souligne M. Angus. Nous avons cessé d'être le Nouveau Parti démocratique du Canada depuis un certain temps déjà. Nous sommes devenus un mouvement qui met l'accent sur son chef.»

Il ajoute que le parti n'avait rien à offrir au moment où le pays doit affronter sa pire crise économique et politique de mémoire d'être humain. «Nous n'avions rien à offrir parce que nous avons voulu vendre un chef, sa personnalité sympathique et son style.»

Les conservateurs ont reçu plusieurs appuis de syndicats locaux. Ils ont obtenu le vote d'un grand nombre d'ouvriers. 

Le NPD a perdu tous ses députés provenant des villes manufacturières de l'Ontario.

Il ne compte plus que sept élus, lui qui en comptait 24 à la dissolution de la Chambre des communes.

À VOIR ÉGALEMENT | «Ce n’est pas la fin du NPD»: des militants déçus, mais confiants

Battu par un libéral lors des élections de lundi, l'ancien député de Hamilton-Centre, Matthew Green, dit que la course a «rapidement été réduite» à deux partis. Il devenait impossible pour le NPD de percer dans ces circonstances.

M. Green, qui compte se représenter aux prochaines élections, soutient que les électeurs sont passés en mode panique et ont appuyé les libéraux à cause de la guerre commerciale imposée par les États-Unis et les menaces du président Donald Trump contre la souveraineté canadienne. 

«Notre mission consiste à rétablir l'âme et la véritable identité de notre parti», fait-il valoir.

Jordan Leichnitz, une ancienne stratège néo-démocrate, croit elle aussi qu'un grand nombre de syndiqués de la base ont préféré appuyer les conservateurs.

«Ce n'est pas vraiment une nouvelle tendance. C'est le cas depuis un certain nombre d'années», lance-t-elle en parlant de la classe ouvrière qui se range sous la bannière des parties de droite à l'échelle internationale. «Il sera important que le parti se penche sur la manière dont il devra tenter de rétablir le contact avec ces électeurs.»

Le nom de l'ancien député Nathan Cullen circule déjà comme un possible successeur à Jagmeet Singh, même s'il dit ne pas y penser pour le moment. Selon lui, il est évident que le parti doit faire entendre sa voix au-delà des dirigeants syndicaux et de parler directement aux travailleurs.

«C'est une tension qui existe au sein du parti depuis que je m'y implique. Elle s'est manifestée très sévèrement étant donné les circonstances des élections. C'est un appui que l'on peut regagner.»

Emmett Macfarlane, un professeur de sciences politiques de l'Université de Waterloo, dit que le chef conservateur Pierre Poilievre a réussi le travail de base d'un bon politicien en faisant s'entendre auprès des ouvriers.

«M. Poilievre a vraiment fait des efforts pour établir cette relation», mentionne-t-il en ajoutant que la base conservatrice comprend une faction ouvrière depuis plusieurs années.

Il signale que les syndiqués mieux disposés envers les conservateurs travaillent habituellement dans des secteurs directement menacés par la guerre commerciale imposée par les États-Unis. Plusieurs d'entre eux ont eu le sentiment d'être ignorés par le gouvernement libéral.

 

Le professeur dit que l'habileté de M. Poilievre à se faire entendre des électeurs au sujet du coût de la vie lui a permis d'accroître ses appuis parmi les syndiqués.

«Le prochain chef aura beaucoup de choses à faire pour reconstruire le parti, tout dépendant de l'environnement politique et des enjeux à venir, dit le Pr Macfarlane. Je ne crois pas que le NPD ait perdu sa base historique de façon permanente, mais il devra démontrer qu'il peut être encore une solide force politique.»

Le minuscule nouveau caucus du NPD s'est réuni jeudi et vendredi. Le conseil et l'exécutif du parti doivent se rencontrer au début de la semaine prochaine. En consultation avec les députés, ils nommeront un nouveau chef intérimaire et prépareront la prochaine course à la direction.

Catherine Morrison

Catherine Morrison

Journaliste