Le ministre du Travail, Jean Boulet, va déposer un projet de loi mercredi pour devancer l’entrée en vigueur d’une autre loi, celle qui permet d’encadrer une grève lorsqu’elle affecte de «manière disproportionnée» la population. Le gouvernement veut ainsi limiter les moyens de pression des syndiqués de la Société de transport de Montréal (STM) afin que plus de services soient offerts à la population.
Le ministre Boulet a fait adopter en mai dernier la loi 14 «visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out». Toutefois, cette loi ne doit entrer en vigueur que le 30 novembre.
En mêlée de presse mardi, Jean Boulet a expliqué que cette loi avait deux mécanismes qui pourront être utilisés.
«Il y a un premier mécanisme qui vise à faire en sorte que le niveau de services à maintenir en cas de grève respecte les besoins et le bien-être de la population. (...) Le deuxième mécanisme, ça permet au ministre de déférer à un arbitre s'il y a un préjudice grave à la population et que la médiation est infructueuse, et ça, ça met fin au conflit de travail», a-t-il expliqué.
Pour accélérer l’entrée en vigueur de sa loi, le ministre compte faire adopter un autre projet de loi mercredi. Il doit toutefois avoir l’appui des trois partis d’opposition pour aller de l’avant.
Or, Québec solidaire (QS) s'oppose fermement à la démarche du ministre. Le député solidaire Alexandre Leduc a accusé Jean Boulet de «jeter de l'huile sur le feu» et de jouer au «pompier pyromane».
«Pour trouver une entente négociée, il faut donner des moyens à la STM», a-t-il lancé.
Malgré l’opposition de QS, le ministre Boulet a dit qu’il n’avait pas l’intention d’utiliser le bâillon.
«On va y aller étape par étape. Moi, je demande la collaboration de tous les partis d’opposition», a-t-il affirmé.
Le Parti libéral du Québec et le Parti québécois se sont tous deux dits ouverts à collaborer avec le gouvernement.
«On va être un partenaire fiable. Cela dit, on veut lire le document, mais on l'a dit depuis le début, on veut agir», a assuré le chef libéral Pablo Rodriguez.
«On va aider le gouvernement à régler la grève demain», a pour sa part affirmé le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, ajoutant qu’il voulait modifier la loi 14 si jamais il prenait le pouvoir.
«Le problème de la loi Boulet, c'est qu'elle crée un déséquilibre important. Ça incite l'employeur à faire durer les conflits de travail», a soutenu M. St-Pierre Plamondon.
Le syndicat qui représente les 2400 employés d'entretien, rattaché à la CSN, a amorcé, le soir du 31 octobre, une grève qui doit se poursuivre jusqu'au 28 novembre. Des services essentiels sont dispensés aux heures de pointe et en fin de soirée seulement.

