Au tout début de leurs parcours, les jeunes pousses innovantes ont besoin de financement pour passer «à un autre niveau». Sans intervention gouvernementale, il y aurait un vide que le privé ne pourrait pas remplir, selon la PDG d’Investissement Québec (IQ), Bicha Ngo.
Le gouvernement a un rôle à jouer pour faire décoller les jeunes pousses innovantes, a affirmé Mme Ngo, en entrevue en marge d’une annonce portant sur le lancement d’un fonds visant à soutenir les entreprises québécoises innovantes
«À cause du risque qu'on prend, c'est difficile pour le privé d'embarquer à ce stade-là», a-t-elle expliqué.
L’interventionnisme économique du gouvernement Legault fait l’objet de critiques de la part de l’opposition, notamment dans le dossier de la filière batterie. En juin, l’Institut économique de Montréal plaidait, pour sa part, qu’il vaudrait mieux abolir les subventions aux entreprises et utiliser les économies réalisées pour réduire les impôts des entreprises.
Pour sa part, Mme Ngo juge qu’une absence du gouvernement entraînerait des conséquences néfastes pour l’écosystème de financement des jeunes pousses.
Elle a fait référence au programme Impulsion PME suspendu pour quelques mois avant d’être reconduit avec une nouvelle enveloppe budgétaire cette année. Le nouveau Fonds Impulsion est justement issu de ce programme.
«On voyait l'impact sur le marché, a-t-elle raconté. Des entreprises qui se retrouvent pas capables de poursuivre leur plan de croissance. Je pense qu'il y a un rôle à jouer (pour le gouvernement et IQ).»
Avec le Fonds Impulsion, IQ agit à titre de mandataire, c’est-à-dire qu’il gère l’argent public confié par le gouvernement.
Le privé aura également un rôle à jouer. Avant qu’IQ décide d’investir dans une jeune pousse, des investisseurs privés devront déployer une somme équivalente. Le principe du «1 $ d’argent public pour 1 $ d’argent privé».
Il n’est pas question de faire un chèque en blanc aux entreprises, a assuré Mme Ngo. Le financement est octroyé aux entreprises sous forme d’achat d’actions ou de titres de dettes pouvant être convertis en actions.
«L'objectif de ce plan-là à moyen terme, c'est de faire un rendement, a-t-elle dit. Ce n'est pas de dire: "On donne des subventions et merci, au revoir".»
Le poids d’IQ dans l’actionnariat des entreprises soutenues par le fonds est très variable d’une entreprise à l’autre, a précisé le vice-président, Capital de risque, chez IQ, Alex Laverdière. «Ça peut varier entre 2 % et 20 %, dépendamment des entreprises, du stade où elles sont, de la dynamique de transaction.»
Les montants investis dans une entreprise par le Fonds Impulsion se situeront dans une fourchette d’entre 250 000 $ jusqu’à un maximum de 2 millions $.
Le fonds contient déjà 60 entreprises sélectionnées durant la première mouture du programme lancé en 2021, ce qui représente des investissements totaux de 65 millions $. Près de 135 millions $ s'ajoutent à cette enveloppe, ce qui porterait l’investissement total du gouvernement à 200 millions $.
Parmi les entreprises du fonds, M. Laverdière donne l’exemple de Kollide, une entreprise québécoise qui utilise l’impression 3D pour fabriquer des matériaux de protection pour les équipements sportifs.
«Ils ont gagné un concours organisé par la NFL (la ligue américaine de football professionnel) pour développer un casque pour (réduire le risque) de commotions cérébrales.»

