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Une source libérale a indiqué qu'il traversera le plancher de la Chambre et sera transfuge.
Le premier ministre Mark Carney était tout sourire, mercredi, en soulignant l'arrivée du conservateur Chris d'Entremont dans les rangs libéraux.
«Je suis honoré de lui souhaiter la bienvenue», a-t-il claironné en point de presse, alors que le transfuge était à ses côtés.
Peu de temps après, il faisait son entrée à la réunion hebdomadaire du caucus libéral avec sa nouvelle recrue, sous un tonnerre d'applaudissements de l'ensemble des élus.
Cette démonstration que les libéraux avaient le coeur à la fête ressemblait à un exercice de communication. Les portes de la salle de caucus, d'ordinaire fermées, avaient été laissées ouvertes pendant quelques minutes pour que les journalistes puissent bien voir et entendre la jubilation qui se tramait à l'intérieur.
«Chris est un leader de sa communauté et un parlementaire dévoué. (...) Chris, ton engagement à bâtir l'avenir du Canada contribuera grandement à la mission du gouvernement en ce moment crucial pour notre pays», avait dit M. Carney en point de presse.
Il ne manque plus que deux députés aux libéraux pour qu'ils puissent former un gouvernement majoritaire et sortir de leur carcan minoritaire.
M. Carney n'a pas caché son désir de rallier une majorité en Chambre. «Ça vaut mieux pour le Canada d'avoir une majorité pour ce budget», a-t-il dit.
Le député néo-écossais Chris d'Entremont a traversé mardi le plancher de la Chambre pour rejoindre les banquettes libérales quelques heures après que le gouvernement eut déposé son très attendu budget 2025.
L'élu en question a d'ailleurs vanté le plan gouvernemental, dans une déclaration partagée aux médias par les libéraux. «Après une réflexion approfondie et de longues discussions avec mes électeurs et ma famille, je suis arrivé à une conclusion claire: il existe une meilleure voie pour notre pays – et une meilleure voie pour Acadie–Annapolis, peut-on y lire. Le premier ministre Mark Carney propose cette voie par un nouveau budget qui répond aux priorités que j’ai le plus souvent entendues dans ma circonscription.»
En mêlée de presse mercredi matin, le nouveau député libéral a affirmé qu'il souhaitait ainsi mieux aider sa communauté.
«Dans mon cas, en tant que Néo-Écossais, on tente tout le temps de trouver des moyens de travailler ensemble pour régler les enjeux qui sont importants pour notre communauté. Je n'ai pas vu ça en siégeant sur les banquettes de l'opposition», a-t-il expliqué, assurant qu'il n'avait pas eu de promesses de ministère de la part du premier ministre Carney.
M. D'Entremont dit croire que d'autres conservateurs pourraient être intéressés à se joindre aux libéraux.
«Je suggérerais qu'il y en a probablement qui sont dans le même bateau, mais je vais les laisser raconter leur histoire», a-t-il soutenu.
M. Carney n'a pas répondu mercredi à la question d'une journaliste cherchant à savoir combien d'autres élus seraient courtisés par les libéraux. Il n'a pas non plus voulu apporter de précisions sur son niveau d'implication dans les discussions.
La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, a dit avoir mis cinq ans avant de réussir à convaincre M. D'Entremont de traverser la Chambre.
«Je suis juste contente que finalement il a pris cette bonne décision. J'aimerais recruter tous les députés de l'opposition, mais en autant qu'ils soient d'accord avec la plateforme de notre parti. (...) Je suis toujours en recrutement», a-t-elle affirmé tout sourire avant d'entrer à la réunion hebdomadaire du caucus libéral.
D'autres de ses collègues se réjouissaient aussi mercredi matin de l'arrivée de leur recrue, vantant ses qualités.
Le député néo-écossais Kody Blois a encouragé les «centristes, progressistes-conservateurs et conservateurs modérés» à emboîter le pas à M. D'Entremont afin d'appuyer le budget.
Selon lui, sur le plan fiscal, le gouvernement Carney représente «un bon choix» se rapprochant de leurs valeurs.
Le député Jean-Yves Duclos croit que plusieurs députés conservateurs du Québec «se sentent à l'étroit et coincés au sein du leadership» du chef du Parti conservateur qu'a déserté M. D'Entremont, Pierre Poilievre. M. Duclos estime que plusieurs ont été «mal à l'aise» avec les propos controversés de M. Poilievre sur la Gendarmerie royale du Canada.
Chez des élus conservateurs, l'humeur était toute autre. Attristé de voir partir un collègue, le lieutenant pour le Québec, Pierre Paul-Hus, estime toutefois que M. D'Entremont devrait démissionner «s'il n'est plus à l'aise d'être député» sous la bannière avec laquelle il a été élu.
«Les gens ont voté conservateur dans son comté. Il doit représenter les conservateurs. Les transfuges qu'on appelle, ils le font pour eux-mêmes. Ils ne le font pas pour les électeurs qui ont voté pour eux», a réagi M. Paul-Hus à l'entrée du caucus de la formation politique.
«Ça me fait de la peine de perdre Chris, a commenté pour sa part la députée Dominique Vien. J'aurais aimé qu'il prenne une autre décision.» Elle a tenu à préciser qu'elle n'a pas l'intention de quitter le caucus de son parti, répondant aux «rumeurs qu'elle trouve bien tristes».
M. Poilievre ne s'est pas adressé aux médias depuis le départ de son député.
L'élu Bernard Généreux soutient que tous les élus conservateurs sont derrière le chef et qu'aucun autre membre du caucus ne quittera le navire. Il considère la décision de M. D'Entremont comme une situation normale en politique.
«Ça fait partie de la vie politique d'avoir des gens qui peuvent changer d'idée et qui peuvent changer de parti. Regardez au Québec. Ça fait partie de la vie politique», a indiqué M. Généreux aux journalistes.
- Avec la collaboration de Frédéric Lacroix-Couture