Le gouvernement caquiste a exprimé mercredi son insatisfaction concernant les investissements en infrastructures au Québec prévus dans le budget fédéral déposé mardi.
Le premier ministre François Legault a tout de même salivé au vu des dépenses prévues en défense - 73 milliards $ d'ici à 2030 -, en soutenant que le Québec pouvait construire notamment... des sous-marins et des avions de combat.
En infrastructures, le Québec s'attend à recevoir 375 millions $ en argent neuf par année pendant 10 ans, ce qui est considéré comme insuffisant, en comparaison avec le budget d'infrastructures annuel de 19 milliards $ du gouvernement caquiste.
Ottawa a pour sa part répondu qu'il effectuait des investissements historiques en culture et que cela allait avantager particulièrement le Québec.
Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a communiqué sa déception directement à son homologue François-Philippe Champagne lors d'un échange mercredi matin.
De son côté, M. Legault a salué les investissements massifs d'Ottawa en défense, en souhaitant que les entreprises du Québec obtiennent leur part.
«Ça va prendre des avions de combat, des drones, ça va prendre des navires, des brise-glaces, des sous-marins, toutes des choses qu'on est capables de fabriquer au Québec», a-t-il argué à la période de questions, en dénonçant Québec solidaire (QS) qui s'oppose à des investissements dans l'armement.
Le chantier maritime Davie, à Lévis, a construit des navires de la garde-côte, mais pas de sous-marins, alors qu'Ottawa a retenu deux fournisseurs seulement pour renouveler sa flotte, un en Corée et un en Allemagne.
Par contre, on apprenait cette semaine que Bombardier était en pourparlers avec le constructeur suédois Saab pour construire des avions de chasse, mais destinés à l'Ukraine.
Le lieutenant québécois du gouvernement Carney, le ministre Steven Guilbeault, a affirmé que c'est un `sport national' au Québec de se plaindre des investissements fédéraux, en faisant valoir qu'Ottawa prenait des engagements historiques en matière de culture.
En matière d'infrastructures, «l'ampleur de ce qui est fait est insuffisante, on s'attendait à plus», a déclaré M. Girard en mêlée de presse, alors que le contexte économique est «difficile», mais il reconnaît que les orientations d'Ottawa «sont les bonnes».
Le ministre est parti des 115 milliards $ du fédéral prévus en infrastructures sur cinq ans: on y trouve une enveloppe de 51 milliards $ pour les provinces et territoires, dont `seulement' 23 milliards $ en argent neuf qui n'était pas déjà prévu, a-t-il regretté.
De ce montant, 17 milliards $ sont consacrés aux infrastructures publiques sur 10 ans, ce qui équivaut, pour la part du Québec, à 375 millions $ par an pendant 10 ans, selon les estimations de M. Girard.
«Vous comprenez que c'est insuffisant», a-t-il plaidé.
Par contre, M. Champagne lui a fait valoir que pour la première fois, Ottawa allait investir dans les infrastructures en matière de santé, à la demande du Québec, ce qui représente 5 milliards $ sur trois ans, a relaté M. Girard.
De son côté, la ministre des Affaires municipales, Geneviève Guilbault, veut conclure des négociations avec Ottawa sur le Fonds canadien d'infrastructures liées au logement avant de se réjouir.
Le Québec doit pouvoir décider sans conditions de l'attribution des sommes, a-t-elle laissé savoir.
«Il y a des centaines de millions de dollars à la clé pour le gouvernement du Québec, pour des infrastructures liées au logement dans nos diverses régions, dans nos diverses communautés», a-t-elle déclaré.
M. Girard doit maintenant préparer sa mise à jour économique et budgétaire en partie en fonction du budget fédéral.
Il doit la présenter dans les prochaines semaines, mais la date n'est pas encore connue.

