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«Le citron est pressé»: les cols blancs en colère contre l'abolition de postes à la Ville de Montréal

«Vous ne pouvez pas maintenir la qualité des services en réduisant ceux qui donnent le service, ça ne marche pas.»

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(Noovo Info)

Le président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP) est formel en soutenant que l'abolition de 200 postes à la Ville de Montréal se traduira par des impacts directs sur les services aux citoyens.

«On ne se le cachera pas, on ne peut pas améliorer un service en coupant chez les travailleurs, ceux qui fournissent les services aux citoyens. Cette décision va rajouter sensiblement une surcharge de travail pour les services concernés», a expliqué à Noovo Info Patrick Dubois.

«Au point de vue des cols blancs, le citron est pressé, il y a des surcharges, des arrêts maladie un peu partout et là on nous dit qu’on va encore couper.»
- Patrick Dubois, président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP)

La Ville de Montréal annonçait mardi mettre en place une série de mesures afin de réaliser des économies récurrentes d’environ 50M$ dans ses dépenses de fonctionnement et l’une de ses mesures est l’abolition de 200 postes au sein de son administration.

«La Ville se doit de gérer de façon efficace et rigoureuse ses finances. Nous avons le devoir de bien investir chaque dollar qui nous est alloué. Ainsi, la Ville se donne les moyens de maintenir la qualité de son offre de services, tout en réalisant des économies, et ce, grâce à la révision de nos processus et nos façons de travailler», a affirmé dans un communiqué Benoit Dagenais, directeur général de la Ville de Montréal.

Des chiffres à éclaircir

Patrick Dubois affirme avoir reçu l'information selon laquelle un minimum de 125 postes abolis toucherait son accréditation, soit les cols blancs. Une grande part du reste des postes toucherait les cols bleus.

Les cols blancs de la Ville de Montréal oeuvrent dans une multitude de services, dont la taxation, l'évaluation foncière, les services de permis et le Service incendie de la Ville de Montréal (SIM).

À voir aussi : Communauté métropolitaine de Montréal: une réforme critiquée par Valérie Plante

De son côté, la direction générale de la Ville de Montréal a indiqué à Noovo Info que près de 95% des abolitions «concernent des postes vacants ou des postes dont les titulaires ont un statut permanent» en ajoutant qu'«un accompagnement sera offert auprès du personnel mis en disponibilité pour les aider à se relocaliser au sein de l’organisation». 

Une source de la Ville de Montréal a par ailleurs indiqué à Noovo Info mercredi que «globalement, ces compressions mèneront au licenciement que de 10 à 12 employés n'ayant pas de statut permanent». Les abolitions de postes touchent la ville centre et non pas les arrondissements.

Audelà des coupures, le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP) déplore la façon de faire de la direction générale de Montréal. Patrick Dubois affirme que son syndicat n'a pas été consulté.

«Nouvelles façons d'offrir des services»

Sans offrir d'explications supplémentaires, l'administration de Valérie Plante a aussi parlé dans son communiqué de mardi du fait de vouloir mettre en place «de nouvelles façons d’offrir nos services».

Une formulation inquiétante pour les cols blancs.

«Ça peut nous faire peur. Le nouveau ce n’est jamais mauvais, mais il faut le préparer. La nouveauté amène souvent de l’incertitude. Il faut bien l’expliquer et faire participer tout le monde et c’est la lacune de la Ville de Montréal, souvent ils prennent des décisions et nous mettent au pied du mur.»
-Patrick Dubois, président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP)

«"Les nouvelles façons de faire", au point de vue des cols blancs on n’a un travail grandement administratif, est-ce qu’ils vont faire appel à l’IA? Est-ce qu’ils sont en train de nous dire qu’ils vont couper davantage de postes dans un futur? Une machine ne remplacera jamais l’humain. Encore une fois le service aux citoyens va être grandement affecté si c’est de ça qu'on parle. On nous laisse un peu dans le néant…», déplore le président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP).

L'abolition des postes annoncée par la Ville de Montréal se fera graduellement d'ici la fin de l'année 2025. «Tout doit être prêt pour le 1er janvier 2026, c'est ce qu'on nous a dit», a souligné Patrick Dubois.

«Trop peu trop tard»

Interrogée par Noovo Info, l’Opposition officielle à la Ville de Montréal remet en doute les objectifs de l’administration «Plante-Rabouin».

«Nous sommes septiques des résultats sachant la tendance de l’administration Plante-Rabouin à dépenser toujours et encore plus. Il faut aussi considérer que des seuils de planchers d’emploi doivent être respectés et que les employés syndiqués doivent être maintenus», a fait savoir Laurent Desbois, porte-parole en matière de ressources humaines pour Ensemble Montréal.

«Ensemble Montréal martèle depuis des années que la Ville de Montréal est dans un gouffre financier en raison des folles dépenses de Projet Montréal. Après 8 ans et à quelques mois des élections, l’administration se rend enfin à l’évidence qu’elle doit se serrer la ceinture. Toutefois, c’est trop peu trop tard», a-t-il ajouté en promouvant la candidature de Soraya Martinez Ferrada à la mairie de Montréal.