Société

Difficile transition pour le ramassage des ordures aux deux semaines à Montréal

Les ordures s'accumulent et causent quelques désagréments sur les trottoirs de certaines rues de Montréal.

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Des habitants de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ne sont toutefois pas ravis de l'odeur nauséabonde. (Christopher Katsarov | La Presse canadienne)

Les ordures s'accumulent et causent quelques désagréments sur les trottoirs de certaines rues de Montréal, mais les responsables municipaux affirment que cela fait partie d'un plan visant à faire de la métropole une ville zéro déchet d'ici 2030.

Et ils affirment que leur plan fonctionne.

«Les gens changent leur façon de penser et se rendent compte que lorsqu'ils participent au recyclage et à la collecte des déchets organiques, il ne reste plus beaucoup de déchets.»
-Marie-Andrée Mauger

En tant que membre du comité exécutif de la ville chargée de la transition écologique au sein du parti Projet Montréal de la mairesse Valérie Plante, Mme Mauger est la personne responsable de la transition qui a permis de réduire la fréquence de la collecte des ordures dans certains quartiers à une fois toutes les deux semaines.

Trois arrondissements — Saint-Laurent, Verdun et Mercier-Hochelaga-Maisonneuve — ont commencé à mettre en œuvre ce plan, qui s'inscrit également dans l'engagement de Mme Plante de «faire de Montréal la ville la plus verte d'Amérique du Nord».

Mais les habitants de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ne sont pas ravis de l'odeur nauséabonde.

Jonathan Haiun, porte-parole de la Ligue 33, un groupe communautaire de l'est de Montréal qui milite pour la qualité de vie, a affirmé que l'espacement des collectes n'avait pas eu l'effet escompté depuis son introduction à la fin de l'année dernière.

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«Ce que nous demandons depuis le début, c'est qu'ils reviennent à la collecte hebdomadaire, car nous ne pensons pas que cette mesure soit réellement écologique.»

Selon les résultats du dernier sondage réalisé pour la ville et obtenu par Ensemble Montréal, le parti d'opposition à la mairie, quelque 54 % des habitants interrogés jugent «inacceptable» le passage à une collecte des ordures toutes les deux semaines.

D'autres grandes villes canadiennes ont déjà adopté la collecte toutes les deux semaines depuis plusieurs années : Toronto depuis 2008, Halifax depuis 1999 et Vancouver depuis 2013.

Dans chaque cas, il y a eu des difficultés au début, mais elles ont toutes été accompagnées de la mise en place d'un système de collecte des déchets organiques.

Mme Mauger s'attend à ce que la situation commence à changer lorsque le compostage sera étendu à 100 % de la ville d'ici la fin de 2025.

Selon le sondage Léger, moins de la moitié des Montréalais utilisent le bac brun pour jeter leurs déchets organiques, et leur connaissance du contenu de ce bac n'a augmenté que de 1 %, pour atteindre 41 %, depuis 2021.

Les résultats de l'enquête ne sont pas surprenants et les transitions s'accompagnent rarement sans plaintes, selon Karel Ménard, environnementaliste à Montréal.

«Je pense que c'est une responsabilité partagée entre les citoyens et la municipalité, qui a l'obligation d'avoir une ville propre et saine», a soutenu le directeur du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, une organisation qui promeut la gestion écologique des déchets.

«Je dirais même que les producteurs sont également responsables, car ce que nous voyons souvent dans les ruelles, ce sont des articles jetables à courte durée de vie, il y a donc aussi un problème de surconsommation.»

De nombreuses municipalités de la région métropolitaine de Montréal et ailleurs au Québec sont passées à une collecte toutes les deux semaines, voire toutes les trois semaines ou tous les mois dans certains cas.

Mais la région métropolitaine de Montréal est principalement constituée de banlieues avec des maisons individuelles, ce qui n'est pas le cas dans les arrondissements de la Ville.

«Il y a 900 000 portes à Montréal, plus 40 000 entreprises, industries et institutions qui bénéficient de la collecte municipale», a expliqué Mme Mauger. «Nous estimons que 80% des bâtiments à Montréal ne disposent pas de leur propre allée, il n'y a donc pas de solution unique.»

Le plan zéro déchet met l'accent sur la réduction du gaspillage alimentaire, le compostage et le recyclage.

La Ville a également interdit l'utilisation d'articles en plastique à usage unique, tels que les gobelets, les couverts et les pailles.

La conseillère municipale de l'opposition, Stéphanie Valenzuela, d'Ensemble Montréal, a indiqué que les résultats du sondage suggèrent que Projet Montréal a encore beaucoup de travail à faire.

«Les résultats témoignent vraiment de l'énergie et des investissements que la ville a consacrés à informer les habitants sur les objectifs que nous essayons d'atteindre», a souligné Mme Valenzuela.

Mme Valenzuela a ajouté que la réaction du public contraste avec l'image innovante et avant-gardiste que l'administration se donne en matière d'environnement.

«Nous avons constaté que lorsqu'il s'agit de leurs grandes promesses en matière d'environnement, ils passent à côté de l'essentiel», a mentionné Mme Valenzuela.

Mais Mme Mauger est convaincue que la Ville sera en mesure d'étendre la collecte bihebdomadaire à l'ensemble des 19 arrondissements de Montréal d'ici 2029.

«Ce que nous voyons dans ce sondage, c'est aussi que les trois quarts de la population sont conscients du problème posé par l'envoi d'une trop grande quantité de déchets dans des décharges qui se remplissent à un rythme très rapide», a-t-elle précisé. «Et ils veulent faire plus pour contribuer à la solution... C'est donc très prometteur.»

Note de la rédaction - Une version précédente de ce texte attribuait une citation inexacte à M. Haiun concernant le compostage. Une modification a été apportée afin de mieux refléter les propos de l'intervenant. Pour plus d'information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.