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«Les deux pays seront perdants.»
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, juge que des élections anticipées restent la meilleure voie pour arriver à négocier avec l'administration de Donald Trump, qui vient de mettre à exécution sa menace d'imposer des tarifs douaniers au Canada.
M. Blanchet a affirmé qu'il n'avait pas changé de position concernant le possible renversement du gouvernement libéral le 24 mars prochain. Selon lui, des élections «les plus rapides possible» permettront d'avoir un nouveau Parlement qui pourra négocier «de façon durable» avec les États-Unis.
«Pour l'instant, (les Américains) peuvent dire au gouvernement canadien: "tu ne seras plus là dans deux mois", tu n'es pas un interlocuteur crédible pour négocier. Ce n'est pas une position avantageuse», a indiqué le dirigeant bloquiste lors d'un point de presse dimanche à Baie-Saint-Paul.
Comme prévu, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé samedi la riposte canadienne, quelques heures après l'imposition de droits de douane de 25 % sur tous les produits canadiens et de 10 % sur l'énergie canadienne par le président américain Donald Trump.
Le Canada mettra donc en place des contre-tarifs douaniers de 25 %. Ces droits de douane seront imposés dès mardi, sur 30 milliards $ de produits américains, et dans 21 jours, sur 125 milliards $ de marchandises.
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La bière et le vin américains, le bourbon, les fruits, les jus de fruits, mais aussi les électroménagers, ainsi que des matériaux comme le bois d'œuvre et les plastiques feront partie des produits touchés.
Yves-François Blanchet a souligné qu'à preuve du contraire, tous les partis fédéraux sont d'accord avec la réponse tarifaire. «C'est la première réponse à apporter», a-t-il insisté.
Il a également reconnu qu'il avait eu tort de penser que le président américain ne mettrait pas à exécution sa menace.
«Je m'étais trompé, j'avais dit que cela n'arriverait pas, parce que je ne pouvais pas croire qu'au-delà du discours, le président américain allait dire: 'je nous amène tous dans le mur, sans mettre les freins ou tourner en cours de route'», a-t-il commenté.
Le chef bloquiste en a aussi profité pour rappeler que cette décision touche les personnes les plus vulnérables de la société, et pas seulement des entreprises.
«C'est, au bout de la ligne, des gens qui perdent leurs emplois, des gens déjà démunis qui perdent leur pouvoir d'achat, il faut garder ça aussi en tête», a-t-il ajouté.
De son côté, le chef conservateur Pierre Poilievre estime que le Canada et les États-Unis vont tous deux perdre la guerre commerciale qui vient de s'engager avec l'imposition de tarifs douaniers de la part du président américain Donald Trump.
«Nous sommes déjà dans une guerre commerciale et que personne ne gagnera. Les deux pays seront perdants», a-t-il affirmé lors d'un point de presse à Vancouver, en matinée.
Selon M. Poilievre, le Canada devrait répondre aux tarifs imposés par les Américains en répliquant avec des «tarifs d'un dollar pour un dollar». L'argent obtenu avec ces contre-tarifs devrait alors être investi dans l'aide aux travailleurs et aux entreprises.
«On ne va pas reculer devant ces menaces et ces tarifs, a-t-il lancé. (....) Il n'y a aucune justification pour le traitement que nous recevons aujourd'hui».
Le chef conservateur juge qu'il faudrait également cibler les produits américains dont le pays n'a pas besoin ou encore des produits qui peuvent être fabriqués ici, comme l'aluminium et l'acier. «On devrait ramener la production ici au lieu de continuer d'importer», a-t-il soutenu.
M. Poilievre a par ailleurs indiqué que le Canada devrait profiter de ces tarifs pour redévelopper les échanges commerciaux entre les provinces. «Il faut éliminer toutes ces barrières pour permettre un libre-échange au Canada», a-t-il précisé.
Yves-François Blanchet est du même avis à ce sujet. «Il y a certainement quelque chose à faire de ce côté-là pour compenser en partie l'imposition de tarifs par les États-Unis», a avancé le dirigeant du Bloc québécois.
Dans son plan, Pierre Poilievre propose aussi une réduction des taxes et des impôts, de donner le feu vert à des projets d'oléoducs et de mines ainsi que de renforcer la sécurité à la frontière.
Interrogé sur la possibilité d'appuyer un plan d'urgence des libéraux si le Parlement est rappelé, M. Poilievre a indiqué qu'il ne s'engagerait pas sur des mesures qu'il n'avait pas encore vues.
Plus tôt en matinée, Donald Trump est revenu sur la réponse canadienne à l'imposition des droits de douane. Dans un message sur son média social Truth Social, il a soutenu que, sans son excédent commercial avec les États-Unis, le «Canada cesserait d'exister comme pays viable».
Il a une fois de plus suggéré que le Canada devrait devenir le 51e État des États-Unis.
«Ici au Canada, nous allons défendre notre souveraineté, nos frontières, notre histoire et notre futur», a riposté M. Poilievre au sujet de ces menaces.