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L'Agence internationale de l'énergie atomique exhorte l'Iran à coopérer

Cette décision laisse présager une escalade des tensions entre l'AIEA et l'Iran.

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1541baf3ed1cf74bf79720f7ef8a7f506dfe3ea362599f2118d31d4473ad4b2d.jpg ARCHIVES – Le drapeau iranien flotte devant le bâtiment de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne, en Autriche, le 17 décembre 2021. (AP Photo)

Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a exhorté jeudi l'Iran à «coopérer pleinement et sans délai» pour fournir à ses inspecteurs des «informations précises» sur son stock d'uranium de qualité quasi militaire et à autoriser l'accès aux sites nucléaires du pays.

Cette décision laisse présager une escalade des tensions entre l'AIEA et l'Iran, qui a déjà réagi fermement à des initiatives similaires par le passé. Téhéran n'a pas réagi dans l'immédiat.

Dix-neuf pays membres du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, composé de 35 membres, ont voté en faveur de la résolution au siège de l'agence à Vienne, selon des diplomates ayant requis l'anonymat pour décrire le résultat du vote à huis clos.

La Russie, la Chine et le Niger ont voté contre, tandis que 12 pays se sont abstenus et un n'a pas participé au vote. La résolution a été présentée par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et les États-Unis. Une version préliminaire a été consultée par l'Associated Press.

L'Iran est juridiquement tenu de coopérer avec l'AIEA en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Or, le pays n'a toujours pas autorisé les inspecteurs de l'AIEA à accéder aux sites nucléaires touchés par la guerre avec Israël en juin.

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L'agence n'a pas non plus été en mesure de vérifier l'état du stock d'uranium de qualité quasi militaire depuis les frappes israéliennes et américaines sur les sites nucléaires iraniens lors des 12 jours de guerre en juin, selon un rapport confidentiel de l'AIEA consulté par l'AP la semaine dernière.

D'après l'AIEA, l'Iran détient un stock de 440,9 kilogrammes d'uranium enrichi à 60 %, soit une étape technique minime avant d'atteindre le niveau d'enrichissement de 90 % requis pour les armes nucléaires.

Ce stock d'uranium hautement enrichi pourrait permettre à l'Iran de fabriquer jusqu'à 10 bombes nucléaires si elle décidait de militariser son programme nucléaire, a averti Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA, dans une récente entrevue accordée à l'Associated Press. Il a précisé que cela ne signifie pas pour autant que l'Iran possède déjà une telle arme.

Ce type de matière nucléaire hautement enrichie doit normalement faire l'objet d'un contrôle mensuel, conformément aux directives de l'AIEA.

Tensions entre l'AIEA et l'Iran

L'Iran a suspendu toute coopération avec l'AIEA après la guerre avec Israël. Début septembre, M. Grossi a conclu un accord avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, au Caire, afin de reprendre les inspections.

Mais plus tard dans le mois, l'ONU a réimposé de lourdes sanctions à l'Iran via le mécanisme de rétablissement automatique des sanctions prévu par l'accord nucléaire iranien de 2015, provoquant une vive réaction de Téhéran et l'amenant à suspendre la mise en œuvre de l'accord du Caire.

Ce mécanisme a réactivé six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU relatives au programme nucléaire et balistique iranien, rétabli les sanctions économiques contre l'Iran et impose d'autres restrictions, comme l'arrêt de tout enrichissement d'uranium.

La résolution adoptée jeudi enjoint M. Grossi à faire rapport sur la mise en œuvre des restrictions rétablies. Elle exige également que son rapport comprenne «des informations sur la vérification des stocks d'uranium iraniens, notamment leur localisation, les quantités, les formes chimiques et les niveaux d'enrichissement, ainsi que l'inventaire des centrifugeuses et des équipements connexes».

L'Iran a toujours affirmé que son programme était pacifique, mais l'AIEA et les pays occidentaux affirment que Téhéran disposait d'un programme d'armement nucléaire organisé jusqu'en 2003.

La résolution de jeudi demande à l'Iran d'agir en stricte conformité avec le Protocole additionnel qu'elle a signé en 2003, mais jamais ratifié.

Ce protocole confère davantage de pouvoirs et de contrôle à l'AIEA, notamment en ce qui concerne les inspections inopinées des sites nucléaires non déclarés.

L'Iran a suspendu l'application du Protocole additionnel en 2021, après le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire de 2015, qui levait les sanctions économiques en échange de restrictions sur le programme nucléaire iranien