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Dans la série Monde sous tension, la journaliste Sabrina Rivet vulgarise des conflits internationaux complexes qui restent trop souvent dans l'angle mort des médias occidentaux.
Pour plus de la moitié du 20e siècle, la relation entre l’Iran et Israël en était une amicale.
Deux ans après la création d’Israël, en 1950, l’Iran a été le deuxième pays musulman à reconnaître l’État hébreu, une reconnaissance de facto.
C’était même le pays avec la communauté juive la plus importante du Moyen-Orient.
D’ailleurs, Israël a été créé parce que les Juifs en Europe voulaient avoir un endroit où ils pouvaient vivre en sécurité. C’est ainsi qu’est né le sionisme, c’est le retour au Sion en Palestine, à la fin des années 1800, un mouvement nationaliste politique.
Après la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle plus de 6 millions de juifs ont été tués par les Nazis, le monde occidental se mobilise pour offrir au peuple juif réparation.
En 1947, l’ONU propose de partager la Palestine en deux États — un juif et un arabe — une idée acceptée par les Juifs, mais rejetée par les pays arabes.
Malgré cette opposition, Israël est officiellement créée en 1948.
Dès le lendemain, le pays hébreu subit l’assaut de pays arabes, mais Israël réussit néanmoins à réaliser un partenariat officieux avec l’Iran notamment au niveau militaire. Le shah d’Iran autorise même une représentation israélienne à Téhéran, sans aller toutefois jusqu’à la reconnaissance officielle
Le roi, le shah Mohammad Reza Pahlavi a été chassé de l’Iran lors de la révolution de 1979. Le pays est alors devenu une République islamique gouvernée par l’ayatollah Khomeini. Les relations avec Israël ont immédiatement été brisées.
Le nouveau régime proclame détester Israël, ne reconnaît pas son existence, et le traite d’«ennemi».
Mais pourquoi l’Iran a-t-il retourné sa veste?
Pour l’Iran, l’État hébreu est une sorte de «colonisateur illégitime» sur des territoires arabes, ainsi qu’un adversaire religieux et politique.
De plus, Israël était un allié des États-Unis.
Le régime iranien, lui, se présentait en défenseur des Palestiniens, et a commencé à soutenir des groupes armés comme le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, qui combattent Israël.
Mais toute cette guerre n’est pas qu’une question de religion. C’est un vrai combat pour le pouvoir au Moyen-Orient, où l’Iran souhaite étendre son influence
De son côté, Israël veut absolument empêcher Téhéran de devenir une puissance nucléaire capable de l’anéantir.
Israël mène régulièrement des opérations secrètes et même des frappes en Syrie, où l’Iran est aussi présent militairement.
Les deux pays sont constamment en alerte, prêts à riposter au moindre mouvement de l’adversaire.
Ce fut le cas notamment le 1er octobre 2024, quand l'Iran a lancé environ 200 missiles en direction d'Israël, en une nuit.
Ces frictions entre l’Iran et Israël nous concernent parce qu’elles menacent la stabilité mondiale.
Et cela implique par le fait même des alliés comme les États-Unis et même le Canada.
Le Canada soutient le droit d'Israël à vivre en paix avec ses voisins à l'intérieur de frontières sécuritaires et reconnaît son droit «à assurer sa propre sécurité».
L’amitié entre Israël et les États-Unis, elle, est née après la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis reconnaissent rapidement l’État d’Israël en 1948.
Pendant la Guerre froide, Israël devient son allié stratégique face à l’influence soviétique au Moyen-Orient.
Au fil des décennies, cette relation se renforce à travers l’aide militaire, les liens religieux et culturels, ainsi que les intérêts communs en matière de sécurité.
Aujourd’hui, c’est l’un des partenariats les plus solides et controversés de la politique américaine.
Il existe même un comité d’affaires publiques américano-israelien, qui est le principal lobby pro-israelien aux États-Unis, AIPAC. Son objectif premier est de renforcer les relations entre les États-Unis et le pays hébreu en tentant d’influencer entre autres des politiques américaines en faveur d'Israël.
La guerre froide entre Israël et l’Iran est un conflit d’idéologies, de pouvoir régional et de survie stratégique.
Tant que l’Iran poursuivra son programme nucléaire et son soutien à des groupes hostiles, Israël considérera cette menace comme existentielle.
Une désescalade durable reste difficile sans un changement profond dans les relations au Moyen-Orient.