Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé vendredi la suspension de l'aide alimentaire et nutritionnelle dans les pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale touchés par la crise, en raison des réductions de l'aide américaine, qui paralysent les opérations de l'organisation.
Bien que le calendrier varie, les stocks alimentaires devraient durer jusqu'en septembre environ dans la plupart des pays touchés, laissant des millions de personnes vulnérables potentiellement sans aide d'urgence, selon le PAM.
«Nous faisons tout notre possible pour donner la priorité aux activités les plus vitales, mais sans le soutien urgent de nos partenaires, notre capacité d'intervention diminue de jour en jour. Nous avons besoin d'un financement durable pour maintenir l'approvisionnement alimentaire et l'espoir», a déclaré Margot Van der Velden, directrice régionale du PAM, à l'Associated Press.
Sept pays sont touchés dans la région, et la suspension des opérations est déjà en cours en Mauritanie, au Mali et en République centrafricaine, où les stocks alimentaires ne devraient durer que quelques semaines. La distribution de l'aide a déjà été considérablement réduite dans les camps camerounais accueillant des réfugiés nigérians dans le pays, selon le PAM.
La décision du président américain Donald Trump de réduire le financement de l'USAID et des Nations Unies, ainsi que les financements essentiels, a laissé de nombreuses agences humanitaires aux prises avec des difficultés de survie, malgré l'aggravation des crises humanitaires au Sahel et dans d'autres régions d'Afrique, où les groupes djihadistes ont continué d'étendre leurs opérations.
Selon les données du PAM consultées par l'AP, des millions de personnes devraient être immédiatement touchées, dont 300 000 enfants nigérians menacés de «malnutrition sévère, augmentant à terme le risque de décès».
Le Comité international de secours a annoncé ce mois-ci une augmentation de 178 % des admissions de patients hospitalisés dans ses cliniques entre mars et mai dans le nord du Nigéria, où 1,3 million de personnes dépendent de l'aide du PAM.
Les personnes déplacées au Mali n'ont reçu aucune aide alimentaire d'urgence depuis juin, qui a marqué le début d'une période où la production alimentaire est à son plus bas niveau au Sahel.
Malgré l'afflux continu de réfugiés du Darfour-Nord en raison du conflit soudanais en cours, les approvisionnements alimentaires d'urgence au Tchad ne dureront que jusqu'à la fin de l'année. Le Niger risque une suspension totale de l'aide alimentaire d'ici octobre. Ces pays sont déjà en proie à une crise humanitaire croissante, déclenchée par les attaques constantes de multiples groupes terroristes, qui ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés, selon l'ONU.
Ces attaques ont été exacerbées par la dégradation des conditions climatiques, qui a affecté les récoltes et mis en difficulté les économies sur tous les continents.
«Les conséquences ne sont pas seulement humanitaires, mais pourraient également affecter la stabilité de toute la région», a ajouté Mme Van der Velden.
Le PAM affirme avoir besoin de 494 millions $ US pour couvrir le second semestre 2025, mais les fonds ont été totalement épuisés, ce qui l'oblige à donner la priorité aux groupes les plus vulnérables. Dans le nord et le centre du Mali, il accordera la priorité aux réfugiés nouvellement déplacés et aux enfants de moins de cinq ans.
Les experts estiment que les conséquences de la suspension des opérations du PAM dans les pays vulnérables aggraveront les problèmes de sécurité, car elles accroissent le risque de recrutement par les groupes djihadistes.
«La crise devient plus complexe car, dans les régions où se concentrent les opérations du PAM, ce même défi touche également à la sécurité. Cela risque d'entraîner une double menace, a expliqué Oluwole Ojewale, analyste de la sécurité à l'Institut d'études de sécurité (IES) basé à Dakar. Lorsque la faim s'ajoute à d'autres défis, le problème s'aggrave. Nous avons vu des populations se tourner vers le terrorisme et l'extrémisme violent, essentiellement parce qu'elles ne pouvaient survivre à la dure réalité de la pauvreté.»
