Société

La pauvreté et les maladies mentales sont en hausse chez les jeunes, alerte Children First Canada

Plus de 70% des jeunes Canadiens de 12 à 17 ans auraient aussi été victimes d'intimidation dans la dernière année.

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De jeunes élèves dans une salle de classe à Montréal, le jeudi 29 août 2024. (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

Un nouveau rapport publié alors que les élèves de tout le pays font leur rentrée scolaire révèle que l'intimidation, la pauvreté et les maladies mentales sont en hausse chez les jeunes Canadiens et exhorte les décideurs politiques à prendre des mesures pour améliorer la vie des enfants.

Le rapport Élever le Canada [Raising Canada en anglais, un rapport de recherche annuel sur la situation des enfants au pays] indique que plus de 70 % des jeunes Canadiens âgés de 12 à 17 ans ont été victimes d'intimidation au cours de l'année dernière, et que plus de 13 % des enfants vivaient dans la pauvreté à la fin de 2024.

Ce rapport annuel compile diverses données provenant du gouvernement, de recherches universitaires et de consultations avec des jeunes et des experts en la matière afin de déterminer les principales menaces qui pèsent sur le bien-être des enfants au Canada.

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Sara Austin, PDG et fondatrice de l'organisation caritative Children First Canada [Les enfants d'abord Canada en français], qui a commandé le rapport, affirme que les conclusions de cette année mettent en évidence «une génération à risque», car bon nombre de ces menaces continuent de s'aggraver.

Elle indique que l'augmentation des niveaux d'intimidation est l'une des conclusions les plus choquantes, plus des deux tiers des jeunes ayant été victimes d'intimidation et un enfant sur cinq ayant été victime de cyberintimidation.

Elle ajoute que l'essor des technologies en ligne, notamment les réseaux sociaux et l'intelligence artificielle, aggrave les préjudices auxquels les jeunes sont confrontés au quotidien et a un impact significatif sur leur santé mentale.

En outre, alors que 71 % des enseignants déclarent prendre des mesures pour prévenir le harcèlement, seuls 25 % des élèves se sentent soutenus par leurs enseignants à l'école, selon le rapport.

«Cela ne veut pas dire que les enseignants ne se soucient pas ou ne font pas d'efforts, mais cela montre simplement que nos enfants rencontrent des difficultés que nous, les adultes, ne comprenons pas pleinement», a souligné Mme Austin lors d'une entrevue.

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Le rapport souligne également l'augmentation du taux de pauvreté infantile, avec environ 1,4 million d'enfants canadiens vivant dans la pauvreté d'ici la fin de 2024, soit le taux le plus élevé que le pays ait connu depuis 2017.

Mme Austin a expliqué que des «progrès mesurables» avaient été réalisés pendant la pandémie de COVID-19 grâce au financement destiné à soutenir les familles à faible revenu, mais elle a ajouté que les enfants étaient à nouveau en difficulté maintenant que ces aides commençaient à diminuer.

«Avec la suppression de ces aides, nous avons vu des enfants retomber dans la pauvreté, leurs familles ayant du mal à leur offrir un toit et à les nourrir», a-t-elle dit.

Parmi les autres menaces pour les jeunes soulignées dans le rapport figurent la maltraitance infantile, les maladies évitables par la vaccination, le racisme et le changement climatique.

Mme Austin a ajouté que l'objectif de la publication annuelle de ce rapport est de susciter des actions concrètes pour améliorer la vie des jeunes.

«Les enfants représentent près d'un quart de notre population et 100 % de notre avenir, mais ils ne reçoivent pas un financement égal ou équitable en matière de services de santé publique, et cela doit changer.»
- Sara Austin, PDG et fondatrice de l'organisation caritative Children First Canada

Le groupe de défense des droits des enfants a appelé le gouvernement fédéral à mettre en œuvre une stratégie nationale visant à améliorer la vie des enfants et à nommer un commissaire qui demandera des comptes aux dirigeants canadiens, selon Mme Austin.

Au niveau des ménages, Mme Austin a insisté sur le fait qu'elle encourageait les parents à parler à leurs enfants des difficultés qu'ils rencontrent à l'école et en ligne.

«Ne vous contentez pas d'une réponse facile telle que "Je vais bien" ou "Tout va bien". Creusez davantage, discutez de ce qu'ils voient et vivent en ligne. Discutez de ce qui se passe dans leurs salles de classe. Discutez de leurs espoirs et de leurs craintes», a conclu Mme Austin.

Natasha Baldin

Natasha Baldin

Journaliste